L'appel de la Mère Divine

 

 Je me trouvais depuis quelques mois dans un tout petit ashram, en Orissa, plongé dans une vie simple et traditionnelle. Le destin m’y avait appelé irrésistiblement. Maa était la Mère spirituelle des lieux. Auprès d’elle, je pratiquais le Kriya yoga et l’Atma yoga, cherchant la paix intérieure. La philosophie des spiritualités indiennes me passionnait, mais les divinités hindoues ne m’attiraient guère. À l’exception peut-être de Saraswati, la déesse des arts et de la connaissance. Sa représentation picturale me touchait sincèrement, sans que je ne sache véritablement pourquoi...

 

Je me trouvais depuis quelques mois dans un tout petit ashram, en Orissa, plongé dans une vie simple et traditionnelle. Le destin m’y avait appelé irrésistiblement. Maa était la Mère spirituelle des lieux. Auprès d’elle, je pratiquais le Kriya yoga et l’Atma yoga, cherchant la paix intérieure. La philosophie des spiritualités indiennes me passionnait, mais les divinités hindoues ne m’attiraient guère. À l’exception peut-être de Saraswati, la déesse des arts et de la connaissance. Sa représentation picturale me touchait sincèrement, sans que je ne sache véritablement pourquoi...

Un jour, assis silencieusement sous la pergola, auprès de Maa, une parole résonna à mes oreilles avec une intensité surprenante :
« Quand les yeux du cœur s’ouvrent, alors la Mère Divine se révèle en ce monde. »

Maa venait de prononcer les mots « Mère Divine » d’une façon si particulière, à la fois douce, respectueuse et intense, qu’immédiatement un grand silence se fit en moi. Mais, quelques instants plus tard, une question s’éleva dans mon esprit : qui est la Mère Divine ?

Quand Maa disait quelque chose, j’y portais une grande attention. Je savais qu’il y avait toujours un message important derrière ses mots. Mais elle avait déjà disparu, je ne pouvais lui poser la question.

Avait-elle dit ces mots à propos d’elle-même (on l’appelait tous Maa, ce qui voulait dire Mère) ? Elle était bien la Mère spirituelle de l’ashram! Ou bien avait-elle évoqué une divinité du vaste panthéon hindou? Ou faisait-elle référence à un concept subtil de la profonde théologie védantique? Voulait-elle plus simplement mettre l’accent sur l’aspect féminin du divin créateur ? La Mère Divine, était-elle une réalité, une idée ou une métaphore ? Cette question m’habita très longtemps. Je ressentais un réel désir d’en savoir plus.

À cette époque j’étais, intellectuellement, très attiré par la pensée rigoureuse de Krishnamurti. Pourtant, en mon cœur, je percevais une sorte d’appel de cette «Mère Divine». Probablement parce que Maa, mon maître spirituel, était une mère... Mais pas seulement !

Peu de temps après, je découvris un petit livre en anglais, intitulé : Devi Gita (le chant de la Déesse). Ce texte était pour moi assez difficile, mais une phrase particulière, qui concernait justement la Mère Divine, retint mon attention :
« Avant la création, Moi seule existait, il n’y avait rien d’autre... Je suis au-delà du mental, je suis au-delà de la pensée, je suis au- delà de la naissance et de la mort, je suis au-delà du changement et de la transformation... »

Devi Gita
Ces mots me bousculèrent. « Avant la création, Moi seule existait... » Cela faisait écho à la Genèse dans la Bible: « Au commencement était...  » De plus cette répétition du «... je suis au-delà...» m’emportait réellement vers quelque chose de si lointain, de si vaste...

Maa avait dit : « Quand les yeux du cœur s’ouvrent... alors la Mère Divine se révèle. » Il me fallait donc d’abord apprendre à ouvrir les yeux du cœur. Tel est en fait le véritable but des divers yogas et de toutes les voies religieuses ! Ouvrir les yeux du cœur, « voir » Dieu.

Finalement la question de savoir si la Mère Divine était à comprendre comme un mythe, ou un symbole, ou un archétype, ou un principe énergétique ou la réalité d’un être divin, s’estompa.

J’étais appelé à une découverte, une expérience, une réalisation. En effet, peu à peu, en pratiquant les yogas selon la directive de Maa, mes perceptions et ma sensibilité s’affinaient. Je devenais réceptif à d’autres réalités plus fines, plus subtiles. Je réalisais peu à peu qu’il existait des réalités invisibles, que mon mental ne pouvait imaginer. Bien sûr j’étais familier avec certaines d’entre elles, telles les ondes électromagnétiques, ou les sensations énergétiques, par exemple. Mais le champ de perception des yogis dépassait considérablement les dimensions physiques étudiées par la science.

Effectivement la pratique du yoga éveillait en moi une sensibilité totalement nouvelle. Je réalisais que j’avais jusqu’alors vécu tel un aveugle dans un monde à l’infinité de couleurs. Je découvrais d’autres plans de conscience, au-delà des sens et de la pensée. Je découvrais un monde totalement nouveau et cependant familier. C’était nouveau mais je le reconnaissais, c’est comme si je l’avais oublié, comme si ça avait été caché, mais demeurait dans une sorte de mémoire très profonde.

Je compris que je ne devais pas m’arrêter à une compréhension intellectuelle du Divin, mais qu’il me fallait plonger dans l’expérience vivante pour me rapprocher un tant soit peu de Sa Réalité. Cette réalisation ne se fit pas au moyen d’un culte. Je ne l’ai pas décidé, mais je l’ai cherché dans mon cœur, pas sous une forme particulière car j’ai très vite compris qu’il fallait aller au-delà des formes. Et c’est venu, la Mère Divine s’est dévoilée, à mesure que j’explorais la conscience profonde.

Mais voyons d’abord l’aspect conceptuel et mythologique élaboré par la pensée indienne au sujet de la Mère divine.

Dieu, Brahman, la puissance suprême, le principe premier, la Mère originelle, a pris la forme de l’univers et a engendré tous les êtres qui s’y trouvent. Toutes, absolument toutes les activités qui s’y déroulent sont dirigées par Son pouvoir infini. Ce pouvoir agit par création et dissolution, ce pouvoir est transformation et évolution et ce pouvoir n’est qu’amour et sagesse, ce pouvoir est celui de la Mère divine. Elle est le principe créateur et moteur, auteur, conservateur et destructeur des univers. Par Sa Maya, toutes les actions, tous les mouvements humains, qu’ils soient grands ou petits, sont comme des vagues joyeuses de Son amour généreux. C’est par son pouvoir que la Mère des mondes fait se mouvoir tous les êtres vivants. En vérité, chaque forme est Sa forme. Et, tout ce qui est révélé, exprimé, manifesté, que ce soit subtil ou grossier, esprit ou nature, représente quelque aspect de Son existence.

 

 Patrick Vigneau

 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous

Sur les pas de la Mère diviine