Des terrains de jeux contaminés par des dérives de pesticides


Une nouvelle étude scientifique montre que des terrains de jeux pour enfants ont été contaminés par des dérives de pesticides dans la province italienne du Tyrol du Sud. 32 pesticides différents ont été détectés sur les terrains de jeux pour enfants. L’équipe internationale de scientifiques d'Italie, d'Autriche et d'Allemagne conseille vivement de prendre des mesures pour la santé publique.

L’étude :
En 2018, 96 échantillons d'herbe ont été prélevés dans 19 aires de jeux pour enfants, quatre cours d'école et un marché et ont été analysés par les services sanitaires de la province du Tyrol du Sud. Cette institution publique a également sélectionné les aires de jeux ainsi que l'heure précise de collecte des échantillons. Les auteurs de l'étude travaillent au Centre de recherche sur le cancer, l’Institut Ramazzini Institut de Bologne, à l'Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne ainsi que pour le Pesticide Action Network Europe (PAN Europe).

Les principaux résultats :

    Au moins un résidu a été trouvé dans 96% des sites pendant toutes les saisons d'une année; plus d'un résidu a été trouvé dans 79% des sites publics.
    Les fongicides (fluaziname, captane) étaient les plus abondants; 76% des résidus ont été classés comme endocriniens actifs, parmi lesquels l'insecticide chlorpyrifos.
    La contamination était la plus élevée au printemps.

Commentaires :

"Une fois de plus, des preuves ont été fournies pour prouver que le sujet de la dérive des pesticides est important. Cette étude est une nouvelle preuve scientifique appelant les responsables à trouver des solutions afin de protéger la santé publique", déclare Koen Hertoge, un des auteurs.. Les concentrations de pesticides trouvées se sont avérées relativement faibles en moyenne. Cependant, dans le cas de produits chimiques perturbateurs endocriniens (EDC), le niveau de concentration n'a aucune pertinence car les substances perturbant le système endocrinien ne fonctionnent pas selon un schéma dose-réponse. La majorité des substances examinées (76%) étaient des perturbateurs endocriniens. Les perturbateurs endocriniens sont associés à plusieurs types de cancer, d'infertilité, de troubles du développement et du comportement et de diabète. Selon Caroline Linhart, une des auteures, « d’anciens échantillons d'herbe montrent que cette exposition s'est déjà produite au cours des dernières décennies».
 
Les chercheurs voient un besoin urgent d'agir pour réduire la dérive des pesticides. Pour eux des possibilités alternatives de protection de la santé publique seraient l'amélioration des techniques d'application, le respect des conditions de vent et l’évolution vers des méthodes de culture sans pesticides.
 
"Pour Générations Futures, cette nouvelle étude montre une fois de plus la nécessité de mettre en place des zones sans pesticides conséquentes en bordure des zones habitées pour protéger les populations et d’aller vers une agriculture sans pesticides de synthèse dangereux !" déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures
 
Le lien vers l’étude : Year-round pesticide contamination of public sites near intensively managed agricultural areas in South Tyrol - Environmental Sciences Europe, 2021