Histoire de la phytothérapie


HISTOIRE DE LA PHYTOTHÉRAPIE OU DE LA MÉDECINE PAR LES PLANTES

La gemmothérapie est la dernière-née de la médecine par les plantes/ Elle a indéniablement un aspect novateur, mais ne rejette pas pour autant les autres possibilités de la phytothérapie qu’elle complète et enrichit.

Il ne faut pas oublier que la médecine par les plantes – ou phyto- thérapie – est l’une des pratiques de soin les plus anciennes de l’humanité, et il est vraisemblable que dès l’âge des cavernes l’homme se soit tourné instinctivement vers son environnement le plus proche pour se soigner.

De tous temps, les plantes ont été employées de multiples manières, et il faut signaler l’importance de certaines espèces quant au développement de l’humanité.

Ainsi, les épices furent l’élément déclencheur de la découverte du Nouveau Monde.
La plupart des navires avaient à leur bord un botaniste dont le rôle était de rapporter en Europe de nouvelles espèces à acclimater et cultiver.

Le tabac et le chocolat firent alors leur entrée à la cour de France, puis dans les cours d’Europe du XVIe au XVIIIe siècles sur le plan thérapeutique.

Catherine de Médicis fumait “ l’herbe à Nicot ” pour chasser ses migraines, et Louis XV soignait “ ses fatigues ” avec une tasse de chocolat. L’herboristerie développait ainsi progressivement son savoir et ses lettres de noblesse reconnues par la création d’un diplôme, qui fut malheureusement suspendu le 11 septembre 1941 par un décret du gouvernement de Vichy.

“ Il ne sera plus délivré d’inscription pour le diplôme d’herboriste, et seuls pourront continuer à exercer ceux qui ont déjà ce diplôme. ”

Ainsi, le glas de l’approche des soins par les plantes venait de sonner, annihilant plus de deux mille ans d’étude et de réflexion.

Si l’on parcourt l’histoire de cette connaissance, c’est en effet aux environs de 1 800 avant J.-C. en Égypte que se lisent les premières traces de la médecine végétale.

Les Égyptiens semblaient avoir acquis une grande maîtrise dans cette utilisation, que l’on note – entre autre – dans l’embaumement des corps.

En 1 000 avant J.-C., on trouva en Chine un document attribué à l’empereur jaune qui déjà détaille certaines propriétés végétales et qui va constituer la base de la médecine chinoise.

En 800 avant J.-C., en Inde, apparaît un traité : l’ayurveda qui étudie l’action des plantes fleuries pour rétablir la santé.

En 450, Hippocrate, le père de la médecine moderne, insiste sur l’usage du romarin et de l’ail.
En 100, après J.-C., Dioscoride, à Rome, analyse avec précision les qualités d’un nombre important de plantes.

Vers l’an 1 000, Avicienne, dans son ouvrage perse : le Canon de la médecine, insiste sur l’utilisation du monde herbeux.

Au XVe siècle, en Europe, Paracelse développe la doctrine des signatures qui relie la forme de la plante à l’organe du corps humain : Ce qui ressemble à l’organe traite l’organe.

Au XVIIe siècle, en Angleterre, le médecin et astrologue Nicholas Culpeper traduit en anglais la Pharmacopoeria, texte latin signalant les qualités de certains arbustes, ce qui va permettre une diffusion de la phytothérapie auprès de ses confrères thérapeutes.

Au XIXe siècle, en Amérique, Samuel Thompson découvre les traditions des Indiens quant aux plantes, sur lesquelles il rédige de nombreux traités...

Son disciple, le Dr Coffin pourchassé par la jalousie de ses confrères, quittera les États-Unis pour le nord de l’Angleterre où il s’installera en 1864 et créera l’Association nationale des herboristes praticiens, dont les travaux influenceront sans doute le Dr Bach au début du XXe siècle.

En France, le renouveau de la phytothérapie se fera dans les années 1950 avec Maurice Messegue, le Dr Valnet, Michel Bontemps, un intérêt très vif se manifestant alors vers ce corps de savoir.
Et c’est ici que se situe la naissance de la gemmothérapie à partir des réflexions et des travaux du Dr Pol Henry, du Dr Max Tetau et de leur équipe.

Sur le plan historique, la gemmothérapie faisant partie du corps du savoir de la phytothérapie et de la tradition médicale, il est intéressant de citer et de décrire les différentes lois et formes d’utilisation du monde végétal.

Ainsi, dans la tradition médicale relative aux plantes, deux principes ont toujours été appliqués :
1) La plante sauvage doit toujours l’emporter sur la plante cultivée parce que c’est la nature qui lui a donné le lieu et le climat qui lui sont propres et qu’elle contient donc de meilleurs principes actifs.
2) Choisir toujours les plantes qui ont le plus d’odeur, de saveur, de couleur et des bourgeons charnus, (on voit ici, peut-être, apparaître l’idée de la gemmothérapie).

Les premières préparations de phytothérapie furent à base d’eau, l’eau constituant le moyen le plus simple et le plus efficace pour ex- traire les composants des végétaux.

Se situent ici les infusions (tisanes), décoctions, macérats et les bains.
Selon le dictionnaire, la tisane est une boisson contenant une faible proportion d’une substance médicamenteuse végétale infusée.

a) Préparation d’une infusion :
On place une poignée de plantes fraîches ou séchées dans un récipient sur lesquelles on verse une eau frémissante – et non bouillante –, l’ébullition pouvant altérer les qualités du végétal.
L’eau doit être la plus pure possible.

On laisse infuser entre trois minutes pour les fleurs, cinq minutes pour les feuilles tendres et huit minutes pour les feuilles dures, les graines et les racines.

L’infusion ou tisane se boit tiède, en la sucrant à son goût. On en consomme une à six tasses par jour selon les besoins.

b) Les décoctions :
Les décoctions concernent les écorces, certaines racines ou les graines très résistantes.
Leur action est souvent plus puissante que celle des infusions.

Quant à leur préparation, elle se réalise en plongeant dans de l’eau froide le végétal et en portant à ébullition une quinzaine de minutes.

Les décoctions ont permis également de faire naître les sirops qui sont des décoctions auxquelles on a ajouté du sucre ou du miel et des pommades forme créées par les Romains, en mélangeant une pomme râpée et du lard à une décoction concentrée.

c) Les macérations :
Consistent à placer dans de l’eau une certaine quantité de plantes, et à les laisser tremper un certain temps, de quelques heures à plusieurs semaines.

Mais ici l’eau n’est pas le meilleur élément à utiliser en raison des possibilités de fermentation.
C’est pourquoi les anciens se sont tournés vers le vin, le vinaigre et les alcools quand ceux-ci firent leur apparition, sachant que le vin rouge présentait des qualités astringentes en raison de sa richesse en tanin, et que le vin blanc était plutôt diurétique.

On peut signaler par ailleurs les préparations à base de brandy et de cognac que réalisa en Angleterre le Dr Edward Bach, au début du XXe siècle, créant des élixirs à partir de fleurs sauvages.
Il est intéressant de noter que l’homéopathie utilise les macérations pour extraire les qualités des végétaux, ce qui aboutit à des teintures mères à partir desquelles sont préparées les dilutions homéopathiques.

d) Les huiles :
Enfin, l’huile et les matières grasses furent utilisées également pour certains végétaux formant des huiles, des crèmes et des liniments (mélange d’huile et d’alcool, à appliquer sur la peau).

e) Le bain phyto-aromatique :
Signalons aussi une forme de thérapie, à base de plantes, relative- ment délaissée, mais qui suscite un regain d’intérêt de nos jours : le bain phyto-aromatique.

Effectivement, dès la plus haute antiquité, les bains furent présents, que ce soit par hygiène ou dans un but thérapeutique grâce aux eaux minérales et aux nombreuses plantes qui y étaient adjointes dont on utilisait les qualités odoriférantes.

Les Romains, dans leur caldarium, usaient journellement de cette pratique, qu’ils faisaient suivre de massage.

Mais après la chute de l’Empire romain, l’usage des bains tomba en désuétude jusqu’au début du Moyen Âge, qui vit apparaître l’ancêtre du bidet (la chaise à laver les dames), signe d’un retour de l’hygiène et du développement de la vogue de l’eau.

Ainsi, à Paris, vers 1 300, on compte vingt-cinq bains publics, où l’on se rencontre, et où les soins à base de tisanes sont donnés, soins que l’on retrouve actuellement dans les établissements de thalassothérapie.

Mais le clergé, devenant de plus en plus le maître à penser de la civilisation européenne et le gardien d’une certaine morale, proscrit à partir de 1 400 les bains, où les hommes et les femmes se plongeaient nus dans la même baignoire.

Il apparaît alors durant quatre siècles – de l’époque de François 1er jusqu’au XVIIIe siècle – une période d’obscurantisme quant à l’hygiène, – et ce n’est qu’à partir de l’époque de Louis XVI que les baignoires feront leur réapparition, certaines dames et messieurs allant jusqu’à recevoir leurs visiteurs dans leurs bains où l’on déverse les décoctions de nombreuses plantes aromatiques.

On utilise ainsi le thym, la sauge, la marjolaine et le romarin pour se tonifier et la lavande, le cyprès et le pin pour leurs propriétés circulatoires et antispasmodiques.

f) Les gélules :
Enfin, progressivement, la seconde partie du XXe siècle va développer l’emploi des végétaux en gélules concentrées, cette dernière forme étant d’un usage plus facile et plus adapté au monde actuel.

Mais il se trouve que les plantes ainsi utilisées, par le fait d’être séchées et réduites en poudre, se trouvent privées d’une partie importante de leurs qualités actives.

C’est pourquoi l’utilisation de bourgeons et de tissus embryonnaires, apparaît actuellement comme la forme la plus active et la plus prometteuse de la phytothérapie.

                                                                                   Dr Roger Halfon

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