Enfant, on nous lit des contes de fées. On écoute les yeux grands ouverts pour y voir défiler Blanche-Neige, Barbe- Bleue, Cendrillon, la Petite Sirène, le Chat botté, etc. Et on trouve tout à fait normal que les objets volent, que les animaux soient dotés de parole et que toute la nature soit un être vivant qui nous entoure. L’âme enfantine est convaincue qu’un ange le protège, que l’animal est son compagnon de route, et que la forêt est habitée de monstres, de nains ou de fées. Puis les adultes nous dissuadent de croire à toutes ces belles histoires et nous expliquent si bien que les fées et les anges existent seulement dans notre imagination, que la réalité a un autre visage et que les défunts sont évidemment bien morts, à moins de les garder vivants dans notre cœur.
Pourtant, quelle connaissance sur notre vraie nature n’est pas révélée par ces histoires merveilleuses. N’oublient-ils pas de nous dire que ces récits initiatiques relient l’homme à sa patrie d’origine, à son intériorité reflétant l’union de la Terre et du ciel ? Pourquoi ne reconnaissent-ils pas ou peu ou même plus du tout les nombreux phénomènes qui ont déjà eu lieu à la frontière de ce qu’on nomme communément « le naturel » et « le surnaturel » ? D’ailleurs, « est-ce que le paranormal ne serait autre que du normal qu’on ne veut pas voir parce qu’il dérange énormément ? », comme le disait si bien R. Chauvin. Alors celui ou celle qui se donne la peine d’écouter ces murmures de l’être et d’explorer le monde de l’esprit se rendra compte que ce qui passe pour le fantastique existe bel et bien, que la matière se transforme par « la baguette magique de la pensée », et que les cristaux captent et transmettent des informations multiples. Il sentira les défunts lui faire signe depuis l’au-delà et comprendra que la conscience ne s’arrête pas aux limites de son cerveau, mais ouvre sur la vie illimitée de l’Esprit. C’est ce qui est arrivé à H.O. König, un chercheur allemand qui aurait pu être en même temps un personnage d’un conte s’intitulant Le roi solitaire – oui, König veut dire roi en allemand – à l’écoute d’autres mondes.
En s’attardant sur l’itinéraire personnel de cet homme d’habitude si discret et réservé sur sa vie privée, on retrouve étonnamment plusieurs ingrédients du merveilleux, de l’initiation, d’obstacles inévitables et de certaines épreuves typiques de ces belles histoires d’enfants qui chuchotent directement à l’âme la vie impalpable de l’invisible. On y retrouve que l’apprivoisement de l’esprit et de la matière peut aussi être austère, rugueux, laborieux et ingrat, le chemin étroit et semé d’embûches diverses. Parfois, le chercheur a été sur le point d’abandonner toute aventure de cette recherche singulière. Mais sur son chemin, il a été accompagné non seulement de la présence du monde spirituel, mais aussi de celle qu’il avait élue, sa femme Margret König (†), qui était hypno-analyste. Durant tant d’années, c’est elle seule qui a partagé avec lui ses doutes, ses réflexions, ses peines et ses joies. Elle l’a soutenu en toute situation, l’inspirant souvent par son caractère fort et son esprit indépendant. Car si la plus grande partie du travail de cette recherche, qui semble être en même temps une quête de connaissance – même si le chercheur n’en parle jamais en ces termes-là –, s’accomplit dans la solitude fertile, il est tout aussi important d’avoir à ses côtés un être de cœur en qui avoir une confiance absolue afin de faire face aussi au monde environnant, souvent hostile à ce genre de démarche. Son épouse a vécu de près les transformations et les nombreux phénomènes paranormaux sur lesquels l’homme de science a toujours gardé le silence, faute de pouvoir les expliquer. Elle a été témoin de l’éveil de ses sens subtils, de ses facultés médiumniques, comme de sa capacité à entrer en transe. Elle a elle-même marché sur le chemin de l’intériorité et de la connaissance. Ensemble, ils ont accompagné de nombreuses personnes en deuil, des êtres à la maladie incurable et toute personne qui avait tout simplement des questions concernant la vie, la mort et l’autre monde. Si la maladie de Margret n’avait pas contrecarré ses projets, elle aurait écrit un livre sur le travail de son mari. Celui- ci a souvent dit : « Sans le soutien de Margret, la recherche n’aurait jamais pu être développée de cette manière. » Leur vie : un combat, un voyage et une belle aventure de conscience.
En réfléchissant sur l’histoire personnelle de cet explorateur de l’invisible, on se demande une fois de plus si certains êtres humains ne sont pas nés déjà avec un destin à accomplir durant leur vie terrestre. Car on ne peut s’empêcher de reconnaître, chez ce jeune garçon, de grandes prédispositions pour le travail audacieux de pionnier qu’il allait accomplir plus tard dans la vie. En côtoyant l’enfant, on arrive un peu mieux à comprendre pourquoi c’est justement cet homme à l’esprit scientifique, travaillant pour de grosses entreprises allemandes, qui a pris au sérieux des murmures à peine audibles provenant d’on ne sait où. Comment il a eu la patience, la persévérance et le courage – d’autres diraient la folie – de faire des recherches approfondies les concernant, au risque de devenir la risée de scientifiques qui semblent encore si souvent se détourner du télescope au lieu d’observer de leurs propres yeux la réalité du ciel. Son parcours nous montre une fois de plus à quel point le désir, la soif de connaissance, la patience, la persévérance, l’intériorité et le regard innocent et frais d’un enfant curieux peuvent nous guider vers d’autres horizons et lendemains.
Hans Otto König naquit à Ratingen au milieu du xxe siècle, d’une mère chaleureuse, chanteuse d’opéra, actrice douée, et d’un père sévère, ingénieur, excellent joueur d’échecs et de violon, tenant le seul magasin de radios et de téléviseurs dans la petite ville bourgeoise pas très éloignée du Rhin.
Mais dès le ventre de sa mère, la vie et la mort allaient former un couple inséparable. En effet, pendant que le petit Hans Otto se préparait à voir la lumière du jour, sa petite sœur Marie fut emportée soudainement par une maladie fulgurante à l’âge de cinq ans. Peu de temps avant sa mort, elle avait dit à sa maman : « J’aurai un petit frère, je ne le connaîtrai pas, mais tu l’appelleras Hans Otto, maman ? » Sa mère n’avait pas compris la petite Marie et avait ri de ses paroles d’enfant, car sa fille chérie était en pleine santé : « Bien sûr que tu le connaîtras, ton petit frère ! » Pourtant, la jeune femme allait connaître le décès de sa petite fille alors qu’elle portait une nouvelle vie en elle. La mort et sa douleur resteront présentes durant l’enfance du petit Hans Otto en raison des bombardements, des fusillades et de toutes les cruautés de la Seconde Guerre mondiale.
Durant son enfance, un personnage allait jouer un rôle de tout premier ordre dans la vie du jeune garçon : son grand-père.
Cet homme était un autodidacte cultivé, un maître menuisier, régisseur au théâtre de Düsseldorf, mais surtout un homme très droit, au grand cœur et à la force de caractère rare. Cet esprit indépendant adorait raconter des histoires au jeune Hans Otto, les soirs d’hiver à la lueur d’une chandelle sur la vie de « Schinder- Hannes », un rebelle qui refusait de se plier à l’autorité officielle et qui s’engageait pour rétablir l’injustice faite aux pauvres. Il lui apprit le tir au couteau, le jardinage, le travail manuel, mais, surtout, il forgea l’indépendance de son esprit et l’initia à la vie par de longues conversations où il le faisait réfléchir sur tout ce qu’il vivait. Ainsi, il invita son petit-fils à l’intériorité, à une profondeur de regard et à la pensée personnelle. Il lui parlait de ses propres expériences, comme de celles qu’il avait par exemple vécues durant les Première et Deuxième Guerres mondiales. Ou il le conviait à participer à ses voyages à travers le monde entier.
Hans Otto se souvient encore de ces histoires sur la Chine où cet Allemand s’était battu en 1901. Là, il avait regardé la mort plus d’une fois en face, même s’il n’avait jamais tué personne. Il y avait fait la connaissance des arts martiaux, du bouddhisme et surtout de la méditation. Ce catholique allemand se retirait chaque jour une vingtaine de minutes dans le silence intérieur. À ce moment-là, tout le monde devait le laisser en paix : il se recueillait. Lui et sa femme Hannchen formaient un couple très uni, heureux de partager les bonheurs, les peines, les joies et les misères de la vie ensemble. La grand-mère disait souvent en souriant au jeune garçon : « Ne l’écoute pas trop, ton grand-père, il est un peu spécial ! » Mais le petit-fils adorait l’écouter. Libre et ouvert d’esprit, l’aïeul ne reculait jamais devant aucune question posée et n’hésitait pas à aborder avec le jeune garçon tous les thèmes possibles.
À la fin de son existence, il promit à Hans Otto de l’accompagner toute sa vie durant. Ce n’est que beaucoup plus tard que celui- ci comprit réellement le sens et la profondeur de ces paroles et qu’il prit conscience du fait que son grand-père l’avait initié, sans qu’il s’en rendît compte, à sa tâche de pionnier en transcommunication instrumentale.
La force du lien intime et profond
Cet ancêtre au regard d’aigle a permis à l’enfant de comprendre la force qui se cache dans le lien intime et profond avec un autre être qu’on choisit librement. On ne peut pas créer ce lien : il est là ou il ne l’est pas, mais on peut le cultiver, le nourrir ou le laisser se flétrir. C’est un lien où l’honnêteté avec soi et l’autre fait figure de commandement. Dans ce partage si rare, aucun des deux n’hésiterait à donner sa vie pour l’autre tout en l’appelant vers un dépassement et une connaissance de soi. C’est un don de la vie qui vous incombe, une grâce qu’il s’agit de chérir et qui mérite le plus grand soin.
L’enfant rebelle à toute autorité pouvait toujours compter sur cet homme beaucoup plus âgé, mais si jeune de cœur et d’esprit. C’était lui qui allait le soutenir, par exemple, envers et contre tous, lors de l’incident qui s’est déroulé à l’église. À 13 ans, Hans Otto était acolyte à l’église catholique de sa petite ville. À cette époque, la religion interdisait qu’un profane touchât à l’ostensoir : il risquait de tomber raide mort s’il osait le faire. Hans Otto n’y croyait pas et pensait qu’on leur racontait des balivernes. Pour s’en convaincre, il prit l’ostensoir en main : « Vous voyez, il ne se passe strictement rien. » Les autres garçons ne mirent pas longtemps à propager cet incident partout. Mon Dieu, quelle profanation ! Un évêque de Cologne dut être convoqué pour bénir de nouveau l’ostensoir de l’église de Ratingen, et le blasphémateur fut accusé d’avoir un pacte avec le diable. Désormais, bon nombre de personnes changeaient de trottoir en voyant le jeune garçon, refusaient de lui parler, de s’asseoir à côté de lui, voire de le servir au magasin. Mais son grand-père, lui, a ri de cet incident : « Tu as voulu t’en rendre compte par toi-même, c’est plus important que tout le reste. »
Le pouvoir d’un esprit indépendant
Un jour, Hans Otto revint de l’école et passa voir son grand- père à l’atelier. Sans qu’il lui ait dit quoi que ce soit, celui-ci lui demanda : « Dis-moi ce qui s’est passé avec ton condisciple untel ce matin » Hans Otto n’en revenait pas : « Comment sais- tu qu’il s’est passé quelque chose avec celui-là, grand-père ? »
Ce genre d’incidents se répétait souvent, au point que le jeune garçon devint convaincu que son grand-père savait lire ses pensées. De longues conversations suivirent sur le pouvoir de la pensée, sur la télépathie. Très souvent, son grand-père lui disait des choses d’ordre prémonitoire. Mais alors, qu’était réellement le temps ? Était-ce vraiment « cet obscur ennemi qui nous ronge la vie » ? Ce fut une des grandes questions qui le préoccupèrent, et elle demeure. Hans Otto a aujourd’hui l’âge qu’avait alors son cher grand-père, et il se remémore quelques scènes de son enfance :
« Un jour, je m’étais fort battu dans la cour de récréation. Mon grand-père, après m’avoir écouté, m’a simplement demandé :
— Pourquoi te battre physiquement ? Pourquoi n’utilises-tu pas la force de ton esprit ?
Je lui ai dit :
— Mais comment faire ?
Et lui :
— Apprends d’abord à maîtriser ta pensée.
— Comment faire ? lui ai-je demandé.
— Tout simplement. Tu te concentres sur une chandelle, d’abord une demi-heure, puis une heure.
— Une heure ! Mais je n’aurai jamais la patience.
— Au début, ce sera un peu difficile, mais cela s’apprend. La patience est tout dans la vie, et ce temps-là il faut le prendre. Tout le monde a assez de temps pour se réser- ver une heure.
« Quand je lui ai dit le lendemain que j’avais essayé mais que je n’y étais arrivé que pendant trois minutes, il répondit :
— Très bien, tu vois que tu y arrives. Maintenant tu n’as qu’à continuer à t’y mettre.
« Je me suis exercé tous les jours et, à la fin, j’arrivais tellement à me concentrer sur la flamme de la chandelle que je n’entendais même plus si quelqu’un rentrait dans ma chambre ou qu’on m’appelait. Après, nous avons eu souvent de longues discussions sur le pouvoir de l’esprit humain, pendant lesquelles il m’interrogeait sur mes observations, mes expériences et où il me faisait observer que l’esprit a un pouvoir énorme ; que l’esprit humain peut utiliser sa force pour créer des choses constructives, magnifiques aussi bien que des choses destructives et horribles. C’est à chacun de savoir ce qu’il en fait. Il m’a fait comprendre que personne n’avait le droit de m’imposer sa pensée et qu’il fallait avoir la force de décider seul, après mûre réflexion, ce que j’accepte ou refuse des pensées des autres personnes que je rencontre dans la vie, et ce même au péril de ma vie. »
Anna Maria Wauters & Hans-Otto König
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