LES COMMUNICATIONS AVEC L’AU-DELÀ DANS L’HISTOIRE DES HOMMES

Pour qui prend le temps d’explorer les coutumes des générations qui nous ont précédés, force est de constater que de nombreux peuples ont cherché à percer le mystère de la vie, pour tenter de comprendre celui de la mort.
Pour qui prend le temps d’explorer les coutumes des générations qui nous ont précédés, force est de constater que de nombreux peuples ont cherché à percer le mystère de la vie, pour tenter de comprendre celui de la mort.


Les esprits les plus éclairés n’ont cessé d’explorer les méandres de l’âme humaine, traquant sans répit la moindre trace d’une « survivance » après l’arrêt de toutes les fonctions corporelles. Au gré de leurs rituels, de leurs pratiques plus ou moins occultes, ils ont pressenti et finalement détecté des phénomènes qui donnaient clairement à penser qu’une forme d’énergie subsistait au-delà de la mort d’un individu.


De là naquirent des traditions spirituelles, des pratiques cultuelles qui, toutes, en dépit de leurs différences ethniques et culturelles, attestaient d’un « autre monde » – appelé Amenti par les Égyptiens, Bardo par les Tibétains, Hadès par les Grecs, Abred par les Celtes, Purgatoire par les catholiques... –, invisible au regard du commun des mortels bien que très proche dans le temps et l’espace, où séjournaient les esprits des défunts.


Un univers parallèle, entourant la Terre, où se perpétuait une autre forme d’existence, sans aucune enveloppe physique ou matérielle, dans lequel les êtres arrivaient après avoir passé l’épreuve de la mort corporelle. Avec, en point d’orgue, la croyance en une possible communication entre ces deux mondes : celui des mortels « alimentant » en permanence celui des décédés, et celui des décédés pouvant interférer avec celui des vivants.


Les plus anciens textes sacrés se sont longuement fait l’écho de la survivance de l’âme humaine après la mort. On en trouve ainsi des traces dans les Védas de l’Inde ancienne, l’Avesta des zoroastriens, l’Odyssée et les textes grecs, mais aussi dans la Bible et les récits des manuscrits latins, iraniens, ou encore dans les traditions orales des Amérindiens et des peuples premiers... qui tous relatent les interventions de cet « autre monde » dans celui des vivants.


De multiples sources évoquent des « contacts » censés être avérés, sous des formes très variables selon la culture et les croyances de chaque communauté de pensée. Dans tous les cas il est fait allusion à des échanges tangibles, des communications humainement intelligibles, entre ce que l’on nomme les Ésprits et, parmi les vivants, ceux qui sont capables d’en percevoir les émanations.


Des « plans D’existence » parallèles
Dans toutes les civilisations il s’est trouvé des hommes pour penser, croire et affirmer que les vivants et les morts existent dans deux plans d’existence si proches l’un de l’autre que des personnes initiées, suffisamment intuitives et réceptives, peuvent établir un contact tangible entre les entités des deux bords.
Cela tient en premier lieu à la définition que les uns et les autres ont de la vie et de la mort, des limites qu’ils leur attribuent, lesquelles peuvent varier sensiblement d’une culture à une autre, mais attestent toutes de la réalité d’un monde invisible où les décédés continuent à exister sans le moindre support corporel.

Les Assyriens considéraient que les morts poursuivaient leur existence terrestre dans l’ombre du monde des vivants. Chacun d’eux n’était plus qu’un souffle qui pouvait venir affirmer sa présence occulte – positive ou négative – dans n’importe quelle maison. La destinée des vivants se décidait dans le monde parallèle des morts, ces derniers pouvant aider à une meilleure réalisation humaine, ou bien contrarier cette dernière en multipliant les épreuves.


Les Égyptiens n’étaient pas en reste, qui ont abondam- ment illustré dans leurs pyramides le voyage de l’âme du mort après le décès, avec les offrandes nécessaires pour son périple vers « l’autre monde ». Et il était également fréquent qu’ils invoquent les entités qui résidaient dans cet univers parallèle pour obtenir des conseils et des avis, par le biais de précieux rêves prémonitoires.


Les Hébreux croyaient eux aussi en la persistance d’une vie après la mort, sous forme de spectres qu’il était possible d’invoquer. La pratique était tellement répandue que dans la Bible le Deutéronome interdit clairement aux Hébreux d’interroger les âmes des morts.
Les Gaulois pensaient, à l’image des premières religions nordiques, qu’il n’existait pas réellement de frontière entre les deux mondes. Certains que les morts protégeaient les vivants par leur savoir, ils reconnaissaient aux vates le pouvoir d’invo- quer les morts, tant pour les gens du peuple que pour les souverains. Il est dit que Vercingétorix les consulta avant de soulever la Gaule contre les armées de César.


De nombreux textes révèlent que la Grèce antique avait quant à elle élevé l’invocation des morts au rang d’une pratique codifiée, totalement intégrée dans la religion. La relation avec le monde des morts disposait ainsi, aux yeux de tous, de ses propres temples, ses prêtres et ses célébrations officielles.
Les communications avec l’au-delà étaient également très prisées dans le monde romain, en dépit des velléités du pouvoir, toujours soucieux de ses privilèges temporels, pour réprouver les pratiques magiques et divinatoires. En réalité, de longue date et par tradition, toutes les classes de la société romaine, depuis l’empereur jusqu’au petit peuple, consultaient les célèbres Sibylles, ces prophétesses qui savaient communi- quer avec ce que l’on considérait être le royaume des morts.

Des spiritualités primitives aux religions constituées
Les principaux courants spirituels, qui allaient devenir les grandes religions, ont eux aussi intégré, de diverses manières, la communication avec les morts comme une réalité tangible, maintes fois décrite et révélée dans les textes sacrés.
Dans les Évangiles de la religion chrétienne, les anges sont comparés à des Esprits, d’autant plus aisément que dans la langue originelle où ces textes ont été écrits le mot « ange » signifie messager, sous-entendu de l’au-delà. Les spécialistes n’ont ainsi pas manqué de remarquer que « Marie dialogue avec l’Ange Gabriel et Jésus s’entretient avec Moïse et Élie, tous les deux pourtant décédés au moment de cet entretien. »

On n’y évoque pas des invocations, mais plutôt des « appari- tions » sans intervention humaine, les Esprits en question étant considérés comme les messagers de Dieu. L’avènement du christianisme mettra un frein à ces pratiques, identifiant et condamnant les communications avec les morts comme des pratiques diaboliques. Dès l’an 318, l’empereur Constantin, comme plusieurs de ces prédécesseurs non chrétiens, publie un décret interdisant « la communication avec les âmes des défunts ». Certains temples des sibylles sont alors détruits. Durant les siècles suivants le clergé lutte contre cette pratique qui faisait la force des anciennes religions et le pouvoir de leur clergé et l’associe généra- lement au diable. La nécromancie devient alors synonyme de magie noire, dans le sens où l’on considère que ce sont des démons qui se manifestent et non plus des esprits. C’est l’avis de Lactance (250-325) et d’Augustin (354-430) comme de la plupart des Pères de l’Église au Moyen Âge.


La religion musulmane, dès son origine, a aussi fait une place singulière aux communications entre les hommes et les morts, le prophète Mahomet n’hésitant pas à s’entretenir avec l’ange Gabriel. On peut également y faire appel, à tout moment, aux djinns, ces esprits invisibles omniprésents dans le quotidien des traditions africaines qui se réfèrent à l’islam, où les mystiques les plus authentiques sont censés être en contact permanent avec l’au-delà.


Dérivé des rites traditionnels africains qu’ont apportés les anciens esclaves noirs, le vaudou, implanté notamment au Brésil ou à Cuba, a toujours accordé dans ses rituels une place majeure à la communication avec les esprits des morts, lesquels peuvent prendre possession des pratiquants lors de cérémonies spectaculaires.


Les religions asiatiques ne sont pas en reste, qui ont largement intégré dans leurs croyances et leurs pratiques le fait d’être en contact avec les ancêtres et d’avoir en certaines circonstances un rapport direct et très privilégié avec eux. Les esprits invisibles y jouent fréquemment un rôle de premier plan dans la conduite des événements du quotidien.


Les Amérindiens voient depuis toujours dans leurs rêves des messages transmis par les morts et le Grand Esprit. Les commu- nications qui s’ensuivent aident à prendre des décisions, à faire les bons choix, et peuvent aussi prédire l’avenir. Pour en retenir les éléments les plus importants, ils confectionnent des « capteurs de rêves » censés garder l’essentiel des informations en provenance du monde des Esprits.


Les civilisations précolombiennes ont été elles aussi particu- lièrement sensibles aux contacts entretenus avec leurs défunts. À titre d’exemple, les Incas croyaient en l’immortalité de l’âme et à la résurrection universelle. Ils étaient convaincus qu’il existait une autre vie après celle-ci, dans laquelle chacun était rétribué en fonction de ses actions passées. Leurs rituels funéraires mettaient en valeur un rapport très étroit entre deux mondes, deux univers, où la vie changeait de forme mais ne cessait pas pour autant. La mort n’était en aucune façon la fin en soi, car la personne qui était morte percevait encore ce qui lui arrivait et n’était décédée qu’en apparence. Lorsqu’un individu mourrait, il rejoignait la société des ancêtres, depuis laquelle les Anciens veillaient sur les vivants, les encoura- geant et leur donnant les conseils et la force pour assumer et combattre les épreuves du quotidien.

On ne peut évoquer les communications avec l’au-delà dans les croyances populaires sans faire référence aux pratiques animistes des chamans qui, depuis l’aube des traditions premières – et aujourd’hui encore –, en véritables messagers voyageant entre deux dimensions aux prix d’initiations et de rituels complexes, ont entretenu des relations très étroites avec le monde-autre des Esprits. Que ce soit en Asie, dans les Amérique, dans les lointaines contrées du nord de l’Europe, en Afrique ou dans les îles d’Océanie, les peuples premiers ont de tout temps interpellé les Esprits et se sont entretenus avec les entités qui peuplent le monde des morts, y puisant des réponses à leurs interrogations quotidiennes et des remèdes à la plupart de leur maux.


De nos jours, un Conseil spirite international a été fondé en 1992 et revendique fédérer près de 10000 associations, 20 millions de pratiquants réguliers, dans 84 pays membres. À ces chiffres s’ajoutent des dizaines de millions de sympa- thisants et de pratiquants amateurs. Des colloques nationaux ou internationaux sont régulièrement organisés. La situation du spiritisme dans le monde demeure néanmoins très contrastée.


Bernard Baudoin

 

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Les communications avec l'au-de-là