La maladie : sur quel critère la soupçonner ?

En pratique, voici comment les choses se passent : on bute sur le plan thérapeutique, on se pose alors des questions et la première d’entre elles concerne la nature même de la maladie : et si c’était psychosomatique ?

 

En pratique, voici comment les choses se passent : on bute sur le plan thérapeutique, on se pose alors des questions et la première d’entre elles concerne la nature même de la maladie : et si c’était psychosomatique ?

Comment définir un trouble psychosomatique ?
Le trouble psychosomatique (TPS) se définit comme un trouble somatique dont la dimension psychologique est prépondérante dans sa survenue et dans son évolution.

On appelle maladies psychosomatiques l’ensemble des troubles, syndromes ou symptômes ayant une base psychologique avérée.

Dans la définition restrictive du trouble psychosomatique, il s’agit d’une maladie comportant une altération organique. Une définition plus large inclut certains troubles dits fonctionnels tels que les conversions, les somatisations, les douleurs et le stress.

De nombreuses pathologies apparaissent comme liées aux frustrations, aux traumatismes et aux conflits ; un déséquilibre psychique va ainsi se traduire par des symptômes corporels. Le trouble psychique initial n’est généralement pas la cause directe de ces pathologies, mais il forme un facteur de risque.

Dans certains cas, douleurs ou inflammation notamment, la contrariété psychique semble être la cause directe du trouble.

On pourrait aussi concevoir la psychosomatique comme une sorte de « rapport de force » entre le physique et le mental pour conquérir leurs parts de marché respectives en matière de maladie...

Que retenir ?
> Le trouble psychosomatique comporte une part mentale majoritaire.
> Il peut être vu à des stades différents de la maladie.
> Le trouble psychique peut être une cause directe ou indirecte.

Quelles sont ses caractéristiques ?
Certaines particularités doivent attirer l’attention ; il s’agit de maladies ou de troubles dont :
- la cause ou le mécanisme sont inconnus ou mal définis ;
- l’évolution est traînante, résistant ou s’aggravant sous traitement ;
- parfois, c’est ce même traitement qui semble avoir un effet aggravant : c’est ce que l’on appelle un « effet paradoxal ».

Elles sont volontiers récidivantes, sans facteur évident ou cause déclenchante avérée aux épisodes successifs.

Tous ces troubles, qui pourraient avoir une allure inquiétante, présentent souvent des caractéristiques qui les font placer, au début du moins, dans la catégorie des signes dits « fonctionnels » c’est-à-dire dépendant uniquement du dérèglement passager de tel ou tel organe, et donc, sans caractère de gravité propre.

Que retenir ?
> Certains signes caractérisent le trouble psychosomatique.
> Le traitement même peut avoir un effet paradoxal.
> Il correspond souvent à un dérèglement fonctionnel.

Qu’est-ce qu’un trouble fonctionnel ?
À leur début, les troubles fonctionnels présentent des caractéristiques bien particulières :
- leur variabilité, aussi bien dans leur localisation que dans leur intensité, voire dans leur type, comme si la maladie était en recherche de sa manifestation ;
- le caractère imprévisible et rapide de leur évolution, aussi bien dans le sens de l’amélioration que dans celui de la dégradation.

En effet, lorsqu’elle s’exprime, la maladie n’arrive pas immédiatement à son maximum mais suit une progression que l’on peut découper, un peu artificiellement, en deux stades.

< le stade de la maladie fonctionnelle
À ce stade, la maladie existe et elle est ressentie en tant que telle, mais correspond simplement au dérèglement d’une fonction, lequel dérègle- ment est encore compensable par les moyens de régulation naturelle de l’organisme ou une thérapie alternative.

< le stade de la maladie lésionnelle
Dans ce cas, il existe une atteinte lésionnelle visible mesurable d’un organe ou d’un appareil. Il faut alors faire intervenir une instrumentation ou un spécialiste particulier.

Bien entendu ces stades sont en continuité l’un avec l’autre et tous les intermédiaires sont possibles ; certains distinguent même d’ailleurs un stade intermédiaire « micro-lésionnel », correspondant à une lésion au tout début.

L’existence d’un trouble fonctionnel ne peut, évidemment, être affirmée qu’après avoir éliminé certains aspects organiques maladifs graves, pouvant prêter à confusion.

Que retenir ?
> Le stade maladif fonctionnel est un simple dérèglement, de caractère variable.
> Le stade lésionnel correspond à une atteinte organique fixe.
> Le diagnostic médical doit éliminer une maladie sous-jacente.

Quelles sont les cibles préférentielles ?
Les cibles préférentielles, concernant le stress, sont le plus souvent cardio-circulatoires ou digestives.

Les symptômes généraux les plus fréquents sont : douleur, spasme et inflammation, etc. Néanmoins, les troubles psychosomatiques sont étudiés dans chaque spécialité du domaine médical.
Les pathologies le plus souvent impliquées sont :
- les asthmes en pneumologie ;
- les eczémas en dermatologie ;
- les colopathies en gastro-entérologie ;
- les coronarites ou leur aggravation en cardiologie ;
- les migraines et céphalées en neurologie.

Nous verrons plus loin que ces différentes affections appartiennent aux secteurs de l’organisme les plus exposés aux conséquences somatiques des dérèglements psychiques.

Que retenir ?
> La cible psychosomatique peut être un organe, un appareil ou une fonction.
> La peau, l’appareil digestif et l’appareil cardio-respiratoire sont des cibles électives.

Quelles sont les manifestations générales ?

Les signes de retentissement général accompagnent fréquemment ces troubles focalisés, déjà évocateurs par eux-mêmes ; ils sont de nature diverse et en rapport :
< avec le contexte psychologique : contractures musculaires, pseudo- vertiges ou malaises, signes de dépression latente ;
< avec le retentissement somatique : fatigue, troubles du sommeil, anxiété, etc. ;
< avec des dérèglements métaboliques : crises de spasmophilie, variations du poids, infections répétées, etc.

L’existence même de tout cet environnement doit faire reconsidérer la question et soupçonner l’existence d’un facteur d’ordre psychosomatique.

Que retenir ?
> Les signes généraux accompagnent les manifestations focalisées.
> Il sort un rapport avec le psychologique, le somatique, le métabolique.

Comment faire la part des choses ?
On retrouve là, en matière de psychosomatique, cette notion des « parts de marché » respectives du somatique et du psychologique dans un cadre maladif.

Elle amène à poser un diagnostic partagé ; en effet, il faut savoir faire la part de la « somaticité » : vasculaire, infectieuse, toxique, traumatique, tumorales, dégénérative... et de son intrication psychologique, car :
- si l’on ne prend en charge que le versant psychologique, on risque de laisser s’aggraver une lésion qui continuera à évoluer pour son propre compte ;
- à l’inverse, si on ne soigne que le somatique, on traite le ou les symp- tômes et non la cause : le résultat ne peut donc être que décevant.

Chaque patient souffrant de trouble psychosomatique nécessite un abord particulier pour inscrire sa pathologie dans sa propre histoire, déterminer les principaux mécanismes et facteurs déclenchants afin de proposer les indications thérapeutiques appropriées.

Que retenir ?
Il faut savoir faire la part des choses :
> prendre en charge le psychologique...
> ... tout en soignant le somatique.

De plus...
un exemple parlant : les céphalées de stress
Appelées aussi céphalées quotidiennes, elles représentent plus de 55 % des maux de tête chroniques. Les douleurs des céphalées quotidiennes sont extrêmement variées et variables suivant :
- leur siège ;
- leur type ;
- leur intensité ;
- leur évolution.

Elles sont liées à la contracture des muscles de la nuque sous l’effet du stress et de la tension nerveuse, comme si ceux qui y étaient sujets portaient toute la misère du monde sur leurs épaules....

Quant aux signes d’accompagnement, ils sont en rapport étroit avec le contexte psychologique...

 

                                                                                          Docteur Jean-Loup Dervaux

 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icone ci-dessous 

Et si c'était psychosomatique