Visite de l'atelier avec l'Institut National des Jeunes Aveugles


Avril 2016

Visite de l'atelier avec l'Institut National des Jeunes Aveugles

En accueillant en ce mois d’Avril quelques adolescents de l’Institut National des Jeunes Aveugles, l’équipe de la manufacture Feeling’s et Sylvie Coquet ont vécu un moment de partage émotionnel et un réveil prodigieux des sens humains.


À l’heure où tout s’informatise, que nos doigts ne perçoivent plus que la souris et sa molette, que nos yeux ne sortent plus du périmètre d’un écran, nos cinq sens risquent d’avoir bien du mal à survivre à l’avenir.
Nos choix et nos principes sélectifs quotidiens s’arrêtent désormais au pratique, rapide ou jetable. Tenez, pour la porcelaine, la question la plus fréquente est devenue “Ça passe au lave-vaisselle ?”, bien avant de reconnaître la qualité même. Cet exemple illustre parfaitement cette différence imposée aux enfants par leur handicap, si les yeux n’ont jamais fonctionné ou très peu, les mains, le nez, les oreilles, permettent de raviver et développer une perception des objets et du monde qui les entoure, par une
vision extraordinaire. Il n’y a donc pas eu de question pratique, mais d’un léger choc, la porcelaine a résonné d’une onde sonore comme pour un appel à une divinité, mais surtout en mémoire à un geste simple oublié qui permettait d’en vérifier la qualité.
Étienne Dumont Saint-Priest est à l’initiative de cette démarche en partenariat avec l’Institut et Sylvie Coquet.


Une approche à double sens qui a permis aux intervenants de se réapproprier pleinement tout ce que l’on ne voit plus : les odeurs de la terre humide, les textures rugueuses ou douces, les aspects physiques allant du mou à la rigidité, du froid au chaud, les sons qui vibrent ou sonnent en notes musicales, enfin le geste délicat, caressant ou cassant.
Une démarche réussie, qui transporte la perception et dépasse l’objectif de la seule réalisation d’un objet. Car finalement, main dans la main, toute l’équipe Feeling’s s’est laissée conduire par ces jeunes aveugles qui à leur tour se sont laissés guider en toute confiance à travers les méandres de l’atelier...