Une chaîne humaine à la frontière de Bab Al-Hawa pour le renouvellement des couloirs humanitaires transfrontaliers en Syrie


Paris, le jeudi 1er juillet 2021 - Inquiétude et colère grondent en Syrie pour les organisations humanitaires syriennes et internationales.  L’avenir de l’aide humanitaire est scellé par le vote crucial du samedi 10 juillet 2021 au conseil de sécurité de l’ONU sur le renouvellement du dernier couloir humanitaire transfrontalier encore ouvert à la frontière Turco-syrienne à Bab Al-Hawa. L’UOSSM France sera présente aux côtés de quarante ONGs syriennes pour une chaîne humaine qui aura lieu ce vendredi 2 juillet au poste frontière de Bab Al-Hawa à 9h, heure locale (soit 8h en France). Voici l’appel des ONG syriennes dont l’UOSSM France est signataire : Statement on Cross-Border Humanitarian Aid Mandate
Un appel d’urgence a été envoyé ce jour à Emmanuel Macron, président de la République Français, à la Commission européenne, et aux Nations Unies.

10 ans de guerre ont eu un impact dévastateur sur le pays. Les chiffres de la guerre dépassent des records dans le désastre humanitaire, plus de la moitié de la population est déplacée que ce soit à l’intérieur du pays ou en tant que réfugié à l’extérieur, 13,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, soit 21% de plus qu’en 2020.

Depuis 10 ans, les chiffres officiels dénombrent au moins 500 000 personnes tuées, mais le manque d’accès aux soins et la catastrophe humanitaire nous font dire que les conséquences indirectes de la guerre ont causé plus de 1,5 millions de décès.
Le déclin économique de la région, notamment la dévaluation de la livre syrienne et la crise économique libanaise affectent directement la situation en Syrie avec 90% des syriens qui vivent sous le seuil de pauvreté.
Face à ces conditions dramatiques pour les Syriennes et les Syriens, l’aide humanitaire internationale est leur seul et unique moyen de subsistance, de survie.
L’urgence d’une aide transfrontalière “cross border” renouvelée, non à une aide humanitaire par les lignes de front “crossline”

En juillet 2014, la résolution 2165 adoptée à l’unanimité, permettait aux agences humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires, d’acheminer de l’aide humanitaire sans l’autorisation préalable des autorités syriennes.
Une résolution qui n’a eu de cesse d’être remise en cause notamment avec le bombardement de convois humanitaires, la réduction à un point de passage en juillet 2020 - avec la suppression des postes frontières d’Al Yarubiyah vers l’Irak, d’Al-Ramtha vers la Jordanie et de Bab El-Salam, vers la Turquie et le maintien d’un seul accès uniquement à Bab Al-Hawa, à la frontière turco-syrienne pour un an jusqu’au 10 juillet 2021.

Les discussions qui ont d’ores et déjà commencé au sein du conseil de sécurité voient la Russie, principale alliée du régime syrien, militer pour que l'aide humanitaire transite uniquement via les lignes de fronts ou crossline, autrement dit, devrait être contrôlée et centralisée directement par Damas sous prétexte de maintenir la souveraineté syrienne.

    
Une chaîne humaine pour exhorter la communauté internationale face à la tragédie syrienne
Sur près de 2,5 km, ce vendredi 2 juillet à 9h, heure locale, les travailleurs humanitaires des ONGs syriennes dont l’UOSSM France fait partie, se tiendront debout pour demander aux membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU d’entendre leur appel et de renouveler le couloir humanitaire du passage transfrontalier de Bab Al-Hawa et les 3 autres couloirs humanitaires du pays.
“Depuis 10 ans mes collègues soignants syriens sont dévoués, engagés aux côtés des populations syriennes pour leur apporter des soins d’urgence, des soins de santé primaire, un accompagnement médical indispensable face à une système sanitaire détruit et inexistant. Cette aide n’est possible uniquement grâce à cette résolution qui permet d’acheminer du matériel médical, de la nourriture, des fonds des agences de l’ONU, soutien indispensable des ONG locales. Vendredi, je ne serai pas physiquement à Bab Al-Hawa, mais mon coeur y est depuis 2012, année où j’ai franchi pour la première fois cette frontière clandestinement pour une mission humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie.” Pr Raphael Pitti, médecin humanitaire, responsable formation UOSSM France.

“En tant qu’ONG locale et internationale, l’UOSSM France participe à cette chaîne humaine pour continuer notre engagement médical et humanitaire depuis 10 ans. La relative et fragile stabilité des violences ne doit pas cacher la réalité d’un conflit connu pour être l’une des pires catastrophes humanitaires depuis la Seconde Guerre mondiale. Notre travail est loin d’être fini. Il ne fait que commencer pour le développement d’un système de santé et d’urgence viable pour les populations syriennes laissées à l’abandon.” Dr Ziad Alissa, médecin anesthésiste-réanimateur, Président de l'UOSSM France

Pour l'avenir de la Syrie, l'UOSSM France appelle à une forte mobilisation pour maintenir cet accès humanitaire transfrontalier dont dépendent des millions de personnes.