Rapport Annuel sur l'homophobie 2016 : une homophobie ancrée dans le quotidien

A l'occasion de la Journée Internationale contre l'homophobie et la transphobie et pour la 20ème année consécutive, SOS homophobie publie son Rapport annuel sur l'homophobie. Basé sur les centaines de témoignages que l'association reçoit chaque année sur sa ligne d'écoute, son site internet ou lors d'événements, il constitue aujourd'hui la seule publication permettant de suivre, année après année, l'évolution de l'homophobie et de la transphobie en France.

Ainsi, avec 1318 témoignages représentant une baisse de près de 40% par rapport à l'année précédente, l'édition 2016 révèle bien un ancrage de la lesbophobie, de la gayphobie, de la biphobie et de la transphobie durablement installées.

Ce chiffre qui nous replace dans la proportion des chiffres de 2006 à 2011, atteste d’une homophobie et d’une transphobie durablement installées au-delà du pic de témoignages reçus entre 2012 et 2014, lié au contexte des débats sur le mariage et l’adoption.
La lecture des chiffres met en avant ce qu’on pourrait qualifier de lesbophobie, de gayphobie, de biphobie et de transphobie du quotidien, laissant penser que la parole homophobe libérée et médiatisée ces 3 dernières années a légitimé une « homophobie ordinaire » qui s’exprime d’autant plus que les personnes LGBT sont désormais visibles.

Il est frappant de constater que plus de 60 % des témoignages reçus concernent l'homophobie et la transphobie du quotidien (lieux publics, famille, travail, voisinage, commerces et services, milieu scolaire). La situation est préoccupante : en 20 ans, l’homophobie ordinaire faite essentiellement d’ignorance et de rejet, s’est transformée en refus de l’égalité des droits et en violences verbales ou physiques assumées à l’égard des personnes lesbiennes, gay, bi et trans’.

Malgré une baisse relative, Internet reste le principal contexte de LGBTphobies (306 témoignages, 20 % des témoignages reçus en 2015). Ces chiffres reflètent l'enracinement de LGBTphobies décomplexées qui s'expriment sans retenue notamment sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, Internet constitue une caisse de résonance toujours forte des violences LGBTphobes de notre société.

Aucune catégorie des personnes lesbiennes, gays, bi-e-s, trans', n'est épargnée et les violences recensées à leur égard ne pourront diminuer que par un travail sur le long terme à (sur) différents plans : soutenir les victimes de LGBT-phobies, déconstruire les préjugés et sensibiliser les publics jeunes et adultes, mais aussi obtenir la fin des discriminations et une véritable égalité des droits. Nous devons persévérer pour obtenir l’accès à la PMA pour toutes les femmes, pour simplifier les procédures de changement d’état civil pour les personnes trans’, pour permettre le don du sang en se basant sur les comportements à risques plutôt que sur des groupes à risques.