L'entre deux tours de la présidentielle est plein de bonnes résolutions et, en même temps, d'attaques fortes. La tension monte, tant les candidats et les projets s'entrechoquent ! Nous assistons à une démocratie vivante mais si dure dans les expressions.
A la FNSEA, nous sommes attentifs au débat présidentiel mais nous sommes aussi engagés pour trouver des solutions. Ainsi, le prochain hôte de l'Elysée aura devant lui un syndicat uni et rassemblé, fort d'un réseau dense et prêt à relever les défis. Nous n'avons pas attendu les derniers projets des candidats pour faire des propositions. Il y a 3 mois, nous avons envoyé 13 propositions, concrètes, pragmatiques, réalistes ; à mettre en uvre dans les plus brefs délais afin de sortir notre agriculture de l'ornière.
Regardons la réalité en face. L'économie agricole est à un point de bascule. Depuis des années, l'agriculture française décroche du peloton de tête dans l'Europe et dans le monde. Tous les territoires agricoles sont concernés : l'agriculture de montagne, de plaine, de piémont, périurbaine
Tous les secteurs sont touchés : l'élevage, les grandes cultures, les fruits et légumes, la viticulture, l'horticulture
La France ne peut pas laisser filer son agriculture. Pourquoi ? Parce que l'agriculture, c'est bien plus que l'agriculture ! C'est l'alimentation, l'économie, l'emploi, les paysages, les territoires, l'environnement, la ruralité, les produits du terroir
En somme, le patrimoine culturel de la France.
A quand la prise de conscience sur ces atouts irremplaçables ? N'attendez pas qu'il soit trop tard ! Alors que chaque fermeture d'usine fait grand bruit, l'arrêt de 1 000 exploitations est passé sous silence, alors même que les conséquences sur l'emploi sont tout aussi importantes. 3,5 millions de personnes travaillent dans le secteur agricole en amont et en aval des exploitations agricoles. C'est 13 à 14% de la totalité des emplois français. En raison de la crise qui n'épargne rien ni personne, un agriculteur sur trois a gagné moins de 354 par mois en 2015. Et cela risque d'être pire en 2016. Ce n'est pas supportable, ce n'est plus acceptable !
Face à cette situation, pas d'état de grâce pour le futur président de la République ni pour son ministre en charge de l'agriculture. Ils devront faire preuve d'une grande volonté politique et d'une vraie détermination : pas de grande loi d'orientation mais des réponses concrètes et rapides pour préserver l'originalité et la richesse des modèles agricoles français tout en se tournant vers l'avenir.
Libérer les énergies, donner un coup d'arrêt aux normes rédhibitoires, simplifier vraiment, soutenir l'investissement et l'innovation, redonner du pouvoir aux producteurs, être le garant d'une juste répartition de la valeur ajoutée dans les filières, voici les urgences qui devront être traitées en priorité par le nouveau gouvernement.
Et n'oublions pas que les législatives seront un moment fort de notre démocratie : sur le terrain, il sera impératif de sensibiliser aussi les futurs nouveaux députés à notre agriculture diverse, variée, ouverte sur la société.
Il s'agit de reconnaître le rôle central de l'agriculture pour notre pays, pour nos concitoyens, pour notre économie et pour nos territoires. Les crises sont là mais l'activité agricole est le ferment du redressement car nous avons des projets et des volontés : formés, passionnés et engagés, nous avons à cur la cause agricole.
Installation, compétitivité, revenu, reconnaissance, protection face aux aléas, les paysans doivent trouver écoute et solutions à leurs attentes car, eux, depuis longtemps répondent aux attentes si souvent exprimées des consommateurs et des citoyens.
Enfin, à la FNSEA et avec nos 31 associations spécialisées, nous croyons en l'Europe, pas une Europe technocratique et tatillonne mais une Europe politique qui marche, qui comprend et qui accompagne.
L'Europe, c'est la paix. L'Europe, c'est l'euro. L'Europe, ce sont des valeurs. L'Europe, c'est une politique agricole forte qui façonne une agriculture française, faite de circuits courts et de circuits longs, de bio et de conventionnel, de traçabilité et de sécurité alimentaire, pour satisfaire les 500 millions de consommateurs et exporter vers d'autres horizons, avec à la clé, rayonnement international et devises dans la balance commerciale.
Notre agriculture est l'une des meilleures au monde mais elle a besoin d'une Europe ambitieuse, une Europe efficace et pragmatique, une Europe qui protège et une Europe qui s'affirme sans complexe sur la scène internationale. Dans une Europe rénovée, avec le prochain Gouvernement, nous devons préparer demain.
Nous voulons prendre notre avenir en mains mais nous avons besoin de mains tendues, celle du prochain président, et celle de l'Union Européenne, pour qu'AGRICULTURE rime avec FUTUR.