LES RÉSEAUX SOCIAUX, COMMENT ÇA MARCHE ?


Petit à petit, à travers l’usage d’un réseau social, se dessine un news feed de plus en plus précis, orienté et explicite, puisque les contenus ont pour but de vous intéresser de plus en plus, voire de vous influencer et d’orienter ou de prédire certains de vos comportements. Un news feed, autrement dit en français « fil d’actualité », est l’ensemble des contenus (photos, vidéos, posts) qui vous sont proposés dès que vous ouvrez un réseau social (Twitter, Facebook, Instagram, etc.). Vous remarquerez que chaque news feed est différent, le vôtre diffère donc même de ceux de vos proches. Mais pourquoi ?
À partir de vos cookies et des contenus que vous likez, partagez ou sauve- gardez, les algorithmes tentent de cerner votre personnalité, vos goûts et vos centres d’intérêt. Le but de ces algorithmes est donc de vous proposer un news feed avec des contenus hiérarchisés selon ce qui vous correspondrait le plus, pour être toujours plus attractifs et susceptibles de vous plaire. Ils se servent de vos émotions — la joie, l’excitation — pour augmenter la dopamine, c’est-à-dire votre addiction à la plateforme — mais aussi la colère, la tristesse et le sentiment de révolte.

En plus de vous proposer des contenus correspondant à votre personnalité, les algorithmes se précisent au point de prédire vos comportements à des fins sociales et commerciales : futurs achats, propositions de pages Instagram à suivre et suggestions de personnes avec qui devenir ami·e. Il s’agit aussi de vous orienter vers des bulles informationnelles — souvent appelées « communautés ». Les algorithmes peuvent aussi prédire vos comportements politiques, voire les manipuler.

Il est donc très important d’être conscient·e du pouvoir d’influence et de manipulation psychologique que possèdent les algorithmes dans nos vies quotidiennes et d’être vigilant·e aux hoax30 et fake news.

Nous vous conseillons de visionner les documentaires The Great Hack : l’affaire Cambridge Analytica, produit et dirigé par Jehane Noujaim et Karim Amer, qui met en lumière le rôle joué par Facebook dans l’élection de Donald Trump aux États-Unis, et Derrière nos écrans de fumée, écrit et réalisé par Jeff Orlowski. Ils explorent la montée en puissance des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, et analysent les dommages causés à la société en se concentrant sur l’exploitation de leurs utilisateur·ice·s via les algorithmes.

INFLUENCE
Depuis une dizaine d’années, les réseaux sociaux ont vu naître une nouvelle économie : celle de l’influence. Celle-ci est entièrement tournée vers le digital et repose exclusivement sur les likes et les followers31. Dans le monde, le business de l’influence représente près de 13,8 milliards de dollars32.

Instagram, TikTok et YouTube sont les plateformes les plus prisées par les créateur·ice·s de contenus. Chaque plateforme est différente, mais le mécanisme est le même : faire plus de likes pour avoir le plus d’audience et augmenter son nombre d’abonné·e·s et sa rentabilité.

Ainsi, sur le Net, de nombreuses actions et propos sont publiés dans le but de créer du buzz. Ce mécanisme domine même notre utilisation du Web. L’objectif est donc de faire parler de soi, de recevoir des likes, de tenter de gagner en popularité... quitte à faire un bad buzz.

Le pouvoir des influenceur·se·s est aujourd’hui si important que 60 % des consommateur·ice·s consultent leur avis avant d’acheter un produit34. D’après l’étude annuelle de Reech35 de 2019, les influenceur·se·s ont majoritairement entre 19 et 30 ans. Quand les marques ont recours aux influenceur·se·s, c’est donc pour cibler un public plutôt jeune.

DIVERTISSEMENT
Le cyberespace est devenu un outil de divertissement très prisé par toutes les tranches d’âge. Nous pouvons jouer à des jeux en ligne, regarder des films et des séries, faire des live, lire des livres, traîner sur YouTube, écouter de la musique ou un podcast, apprendre à jouer d’un instrument...

De nombreux passe-temps ont trouvé leur place dans le monde numérique et les internautes sont de plus en plus nombreux·ses à utiliser le Web pour se divertir.

Selon l’étude annuelle Digital Report 2021, à travers le monde, nous passons chaque jour en moyenne 1 h 31 à écouter de la musique et 1 h 12 devant les jeux vidéo en ligne.

Concernant le visionnage de séries et de films, Netflix est la plateforme préférée des Français·e·s : en octobre 2019, plus de 65 % de personnes ont déclaré y avoir visionné au moins un programme36. Cette même année, Netflix a dénombré plus de 150 millions d’abonné·e·s dans le monde37. C’est bien la preuve d’une délocalisation de nos activités vers le monde numérique (ici, du cinéma vers la plateforme de streaming).

En 2020, selon une étude conduite par Médiamétrie38, 52 % de la population française joue régulièrement aux jeux vidéo et aux jeux en ligne et les Smart- phones sont utilisés dans 53 % des cas.

Aussi, le cyberespace est souvent utilisé pour consulter des sites pornographiques ou à caractère sexuel. Depuis quelques années, la pornographie se délocalise également massivement des magazines vers le monde numérique. La pornographie et les images à caractère érotique sont aujourd’hui très facilement accessibles sur le Web.

Parmi les sites pornographiques, nous pouvons citer Pornhub ou xHamster, mais aussi de nouvelles plateformes comme OnlyFans et MYM qui permettent aux travailleur·se·s du sexe d’obtenir une rémunération lorsque des internautes s’abonnent à leur compte régulièrement alimenté de photographies.

MILITANTISME
Avec la digitalisation de nos sociétés et face à la crise sanitaire du Covid-19, le développement du cybermilitantisme s’est considérablement accéléré.

On parle de cybermilitantisme quand des militant·e·s s’approprient le cyber- espace pour en faire un outil de lutte qui permet à la fois de vulgariser et démocratiser des enjeux politiques afin de les rendre accessibles au plus grand nombre et de lancer des alertes, organiser des actions, des campagnes et des mouvements qui, d’abord virtuels, s’incarneront ensuite dans les rues.
Internet est devenu une grande estrade qui permet de faire porter des voix. C’est aussi un moyen efficace de fédérer, de créer des espaces de solidarité, d’adelphité39 et de soutien à l’échelle nationale et internationale.

RENCONTRER DES MILITANT—E—S SUR INTERNET
Sur les réseaux sociaux comme Instagram, TikTok, Twitter ou Facebook, nous assistons à la création de communautés militantes féministes, LGBTQIA+40, écologistes, antiracistes, culturelles, artistiques, etc. Vous avez peut-être déjà entendu parler de « la communauté LGBTQIA+ de Twitter » ou de « la communauté féministe de TikTok » ; mais comment ces groupes arrivent-ils à se former ?

Ces communautés sont en réalité des groupes formés à partir des algorithmes : ce sont les « bulles informationnelles » des groupes sociaux de personnes partageant les mêmes centres d’intérêt.

Association Stop Fisha

 
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