Immersion dans le milieu masculin de l’expertise après sinistres : 6 femmes racontent leur quotidien chez Eurexo

JOURNÉE DES DROITS DES FEMMES

 

Depuis 1977, le 8 mars a été déclaré « Journée internationale des droits des femmes » par les Nations Unies. Chaque année, de nombreux pays à travers le monde font ainsi le bilan des inégalités entre femmes et hommes, que cela soit au niveau privé, politique ou professionnel. Malgré une forte libéralisation de la parole des femmes ces dernières années, certains secteurs comme l’expertise après sinistres sont encore majoritairement masculins. 6 femmes travaillant sur l’ensemble du territoire français chez Eurexo, société d’expertise en gestion de sinistres, expliquent leur quotidien et les raisons d’une telle disparité.

 

Les inégalités professionnelles entre femmes et hommes : un écart encore trop grand

Comme chaque 8 mars, de nombreux pays dans le monde rappellent l’importance de la lutte pour l’égalité des droits entre femmes et hommes, dans tous les pans de la société.

Rappelons que, selon les critères de mesure et le secteur concerné, les inégalités de rémunération entre les femmes et les hommes varient de 15 à 25%. Temps partiel, plafond de verre, secteur moins bien payé : les raisons de cet écart sont nombreuses et connues.


Les secteurs de l’assurance et de l’expertise sont particulièrement marqués par la différenciation genrée des métiers. Ainsi, la filière « expert » est très majoritairement masculine car issue des métiers du bâtiment, et la filière « supports expert » est très majoritairement féminine car issue des métiers de l’administration. Pour remédier à cela, Eurexo - société d’expertise dédiée aux dommages aux biens (incendies et risques divers), protection juridique et à l’expertise automobile - a signé le 1er février 2021 un accord d’entreprise relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui définit un plan d’actions sur 3 ans.

 
Cinq engagements principaux ont été annoncés :

    > Renforcer la politique de recrutement et de mixité de l’emploi (ex : exclure toute forme de discrimination dans le processus de recrutement)
    >  Garantir l’égalité d’accès à la formation (ex : développer la formation à distance)
   >  Promouvoir l’égalité dans la promotion professionnelle (ex : ne pas pénaliser les collaborateurs qui sont en congés parentaux, en leur garantissant des perspectives d’évolution et en organisant si nécessaire des formations de remise à niveau)
    >  Supprimer les écarts de rémunération dans les mêmes catégories socioprofessionnelles (ex : faire bénéficier les salariées de retour de congés maternité ou d’adoption des évolutions de salaire dont bénéficient les autres collaborateurs)
   >   Favoriser des conditions de travail propices à l’égalité professionnelle entre hommes et femmes (ex : rendre effectif le Droit à la déconnexion)


Afin de combattre à la racine les inégalités de genre, Eurexo a lancé en 2018 son université interne, la Talent Academy. Formation ouverte à tous et à toutes sans restriction d’âge, elle permet de former de nouveaux collaborateurs et collaboratrices au métier d’expert en assurances.


« Sur les sept dernières formations, Eurexo a fait en sorte d’obtenir une plus grande parité de stagiaires entre femmes et hommes, en portant une attention particulière au moment de l’embauche. La dernière formation qui a débuté en février comprend ainsi 35% de femmes » explique Cécile Lambert, DRH d’Eurexo


6 collaboratrices d’Eurexo ont partagé leur parcours et leur ressenti en tant que femmes dans ce secteur. Effectuant toutes des métiers différents, de l’expertise sur le terrain à la direction d’agences, elles expliquent que les femmes sont désormais plus acceptées et reconnues dans ce secteur, mais qu’un travail important est encore à effectuer pour changer les mentalités.


Alexandra, Marie-Flore, Coralie, Johanna, Julie et Laurence : 6 visages d’un secteur en évolution
Alexandra Marcoux, responsable qualité, Prunay Protection Juridique (entité protection juridique d’Eurexo), Tours

Diplômée d’une faculté d’histoire et formée à la comptabilité, Alexandra Marcoux a commencé sa carrière professionnelle en tant que vendeuse puis responsable de magasins. Elle se spécialise ensuite en devenant agente commerciale en assurances puis assistante administrative indépendante pour des sociétés de patrimoine et d’immobilier. Elle travaille alors pour la comptabilité du Groupe, avant de devenir gestionnaire expertise pour la même société de 2015 à 2019.


Forte de cette expérience, elle est promue responsable qualité de Prunay Protection Juridique et gère désormais 15 personnes, uniquement des femmes gestionnaires et juristes.


Les gestionnaires gèrent le planning chargé de 30 experts et expertes à travers toute la France et font le lien avec les compagnies d’assurances. Un travail qui requiert un bon relationnel et des capacités d’organisation et de rigueur nécessaires aux reportings.


Alexandra souligne que de plus en plus de femmes deviennent expertes conciliatrices. Ainsi, parmi les experts de PPJ, on compte 35% de femmes.


« Il ne faut pas croire que les femmes ne savent pas travailler ensemble sans se crêper le chignon. L’esprit d’équipe n’est pas l’apanage des hommes, les femmes aussi savent s’entraider et se soutenir. Nous sommes 15 ici, et nous avons su créer une ambiance qui nous permet de venir travailler avec le sourire malgré notre environnement baigné de litiges. Les femmes chez Prunay PJ – entité protection juridique d’Eurexo - ont joué un grand rôle dans la qualité de notre activité, que ce soit sur le terrain, au bureau ou à la direction du groupe » précise Alexandra Marcoux, responsable qualité de Prunay Protection Juridique (entité protection juridique d’Eurexo)


Marie-Flore Fumadelles, experte conciliatrice, Prunay Protection Juridique (entité protection juridique d’Eurexo), Bordeau

Diplômée en droit, Marie-Flore a commencé à travailler dans un cabinet d’avocat avant de devenir collaboratrice « assurances de personnes » pendant plus de 10 ans dans une entreprise du BTP. Elle s’y est notamment spécialisée dans la lutte anti-fraude. Depuis juin 2019, elle est experte conciliatrice pour Prunay Protection Juridique (entité protection juridique d’Eurexo).


Son travail consiste en l’expertise de sinistres variés à travers la région Aquitaine, le chiffrage des dommages, la détermination des responsabilités puis la négociation et rédaction des protocoles amiables et procès-verbaux.

Bien que les femmes expertes juridiques soient de plus en plus nombreuses, les hommes sont encore majoritaires dans le métier. Ainsi, Marie-Flore ne croise que quelques femmes par mois parmi les experts présents sur chaque sinistre.


De plus, elle souligne que ce métier est très prenant et nécessite une organisation au cordeau pour jongler entre les expertises et les rédactions de rapports. Elle précise également qu’elle doit sans cesse user de jargon technique pour prouver qu’elle maîtrise son sujet. Sa fermeté et sa bienveillance sont essentielles dans son travail.


« Il n’y a pas de travail d’homme ou de femme. Je crois que les femmes ont leur entière place dans le monde de l’expertise. Elles y apportent un regard autre, différent, parfois nouveau, bousculent les références ancestrales de certains, et sont, selon moi, une véritable plus-value pour Eurexo » précise Marie-Flore Fumadelles, experte conciliatrice, Prunay Protection Juridique (entité protection juridique d’Eurexo)


Coralie Zolferino, responsable qualité régionale Sud-Est, Eurexo, Toulon

Diplômée d’un BTS Assistante de Direction, Coralie travaille pour Eurexo depuis 2006. Gestionnaire d’expertise jusqu’en 2017, elle est depuis lors responsable qualité de la région Sud-Est qui comprend 9 agences pour près de 90 personnes. Elle coordonne le fonctionnement de chaque agence en collaboration avec leurs managers et le Directeur Régional.


En près de 15 ans de carrière, elle a pu découvrir toute l’étendue des sinistres possibles et a gravi les échelons pour arriver à son poste actuel.


Elle note qu’il y a de plus en plus de femmes expertes recrutées, notamment grâce à la Talent Academy – université interne d’Eurexo - qui aide les experts à développer leurs compétences.


Selon elle, le principal frein est le choix genré des études. Les femmes ont encore tendance à aller vers des filières administratives et les hommes vers des filières bâtiment. Elle constate une plus grande aisance chez les femmes expertes « vol », car ces dernières seraient plus méticuleuses et plus sensibles au traumatisme de l’assuré.


« Les métiers de l’expertise sont en pleine mutation, tant sur le plan technologique que sur le plan humain. Il n’y a plus de clivage secrétaire femme et expert homme. Désormais des hommes sont recrutés sur des postes administratifs et des femmes sont recrutées sur des postes techniques. Cette mixité de profils se complète en parfaite harmonie, le frein étant sur le choix de carrière au niveau des études. Il y a encore peu de femmes sortant avec un diplôme de la filière bâtiment » explique Coralie Zolferino, responsable qualité régionale Sud-Est, Eurexo


Johanna Sicoviac, télé-experte, Eurexo, Douzy (région de Sedan)

Diplômée d’un BTS Assistante de direction en alternance auprès d’un cabinet d’expertise assurance, Johanna est télé-experte chez Eurexo depuis 2010. Elle travaille donc à distance, soit par téléphone ou en visioconférence, pour réaliser l’expertise et le chiffrage du dédommagement.

Attirée par ce métier d’homme, elle s’est lancée dans la télé-expertise lors de la création de la plateforme dans les Ardennes. Dans un premier temps, elle a été formée directement en interne sur l’expertise électrodomestique, mobilier et vol. Ce domaine est plus facilement attribué aux femmes à distance, tandis que les hommes s’attribuent l’expertise de l’immobilier.

 
Dans un second temps, Johanna précise qu’en se donnant « à fond » et en persévérant, elle s’est fait sa place petit à petit en apprenant le bâtiment toujours via des formations en interne. Cette détermination lui a permis de prouver que la femme pouvait être aussi technique qu’un homme.


Elle indique également que la plus grande difficulté du métier de télé-expert est de démontrer à distance qu’une femme maitrise autant le bâtiment et son métier qu’un homme qui est en expertise sur place. Elle constate qu’il reste encore une petite présence de machisme chez les hommes et qu’ils restent dubitatifs des conclusions qu’elle peut avancer et conclure à distance.


Johanna tient à faire remarquer que contrairement à l’expertise terrain encore masculine, la télé-expertise est majoritairement féminine à Douzy : on y compte 70% de télé-expertes !


« Qui a dit que les femmes ne pouvaient pas relever le défi dans ce métier d’homme ? Tout donner et ne jamais relâcher, cela est ma devise »

 s’exclame Johanna Sicoviac, télé-experte, Eurexo, Douzy


Julie Lethelier, responsable des agences de Rouen et de Caen, Eurexo

Diplômée en commerce international et formée à l’expertise du mobilier et des objets d’art, Julie a réalisé toutes ses expériences dans l’expertise. Ainsi, dès 2005, elle réalise des expertises vol et suit en parallèle un BTS « économie de la construction » en cours du soir pendant 2 ans. En 2008, l’agence de ses parents dans laquelle elle travaille est rachetée par Eurexo. Elle devient responsable de l’agence et de ses 10 employés en 2015, avant que celle-ci ne fusionne une nouvelle fois en 2017 et accueille 20 personnes en tout. Durant toute sa carrière Julie n’a cessé de se former (gemmologie, bâtiment, construction, etc.) afin de gérer tous types d’expertises (incendie, dégât des eaux, vol, etc.).


On constate dans les métiers de l’agence une même division classique du travail. Sur 20 employés, les 10 assistantes sont des femmes et 9 des 10 experts sont des hommes. L’unique femme experte venant déjà du monde du bâtiment. Sa position de responsable d’agence est elle-même assez rare. Ainsi, parmi la dizaine d’agences d’expertise dommage en Normandie, l’agence d’Eurexo est la seule à être tenue par une femme.


Le manque de femmes expertes est selon elle dû à deux choses : le métier est encore peu connu et les métiers du bâtiment sont encore majoritairement masculins.

                                                                                                                                                                                     
« Le métier de responsable d’agence d’expertises en assurance est basé sur un triptyque : savoir écouter, savoir analyser, savoir chiffrer ; savoir encourager, savoir guider, savoir vérifier ; savoir-faire, savoir être, faire savoir. Ces compétences n’ont pas de genre. » souligne Julie Lethelier, responsable des agences de Rouen et de Caen, Eurexo


Laurence Duru, experte vol, Eurexo, Paris

Diplômée en gemmologie et histoire de l’art, Laurence a obtenu le concours de Commissaire-Priseur de l’hôtel Drouot. Après différentes expériences dans ce métier, elle intègre le secteur de l’expertise assurance en cabinet au tournant des années 2000 puis pratique le métier pendant 10 ans en libéral. Depuis 2013 elle travaille chez Eurexo en tant qu’experte vol. Ses journées sont composées de 3 à 4 visites de sinistrés le matin sur Paris, puis de la rédaction des rapports l’après-midi.


Bien que les femmes expertes soient plus présentes dans le vol, ces dernières ne sont que deux parmi la dizaine d’experts de la région parisienne.


Selon Laurence, l’expertise des femmes est plus acceptée pour les tableaux et bijoux, car les étudiantes sont majoritaires dans les études d’art. A l’inverse, les hommes sont plus présents dans le bâtiment et l’ingénierie où le métier d’expert fait plus vite son apparition.


Quand vient l’heure de comprendre comment est entré le voleur chez les sinistrés, Laurence doit user de langage technique pour prouver qu’elle maîtrise également les sujets de serrurerie.


« Mon genre ne change en rien mon expertise. Femmes comme hommes peuvent être très bons dans ce métier. Les seules différences se font au niveau de la personnalité. Je n’adhère donc pas à l’idée qu’une femme soit particulièrement plus à l’aise dans le vol du fait de son empathie ou sa connaissance des bijoux » souligne Laurence Duru, experte vol, Eurexo

 
Ces six parcours de femmes travaillant dans la gestion de sinistres montrent qu’elles sont de plus en plus présentes à des postes de responsabilités et/ou jugés « masculins ». Cependant, on constate – à travers les chiffres et les idées reçues sur les compétences dites « féminines » - qu’un long travail est encore à effectuer pour rétablir l’égalité d’accès à ces métiers.

 

À propos d’Eurexo

EUREXO SAS est une société d’expertise dédiée aux dommages aux biens (incendies et risques divers), protection juridique et à l’expertise automobile, qui emploie 730 collaborateurs sur 44 sites en métropole et en DROM et réalise un chiffre d’affaires de 69 millions d’euros pour une moyenne de 200 000 expertises réalisées chaque année. Elle a été acquise par CED en 2020. eurexo.fr



À propos de CED

CED est une société de gestion des sinistres fondée en 1971, initialement en joint-venture établie par les principaux assureurs aux Pays Bas afin de mutualiser leurs réseaux d'experts. L’entreprise offre ses services d'assistance, d’expertise et de réparation tout au long de la chaîne de valeur de la gestion des sinistres dans les domaines de l’automobile, du dommage aux biens et du corporel. Devenu leader sur son secteur aux Pays Bas, en Belgique et en Espagne, CED a un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros. La société d’investissement BlackFin Capital Partners en est devenue propriétaire en 2017. En 2020, CED acquiert Eurexo, expert en gestion de sinistres. ced.group