Au moment où la France s’apprête à accueillir de nombreux et grands événements internationaux, il est opportun de se demander ce que notre pays recherche en organisant de tels événements : quelle empreinte peuvent-ils laisser et quel lègue peut-on en attendre ?
Un plateau d'intevenants a tenté de répondre à ces questions à travers 5 grandes thématiques. Extraits des échanges qui ont rythmé la matinée :
PROPOS INTRODUCTIFS - Quels enjeux pour la France ?
Thierry Braillard : Secrétaire d’Etat aux Sports, auprès du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
« Pour obtenir l’organisation des jeux olympiques en 2024, il nous faudra créer un véritable élan national et amener les entreprises à « jouer en pack » à l’international ».
{…} « Certaines réalités nous rattrapent : nous avons des problèmes d’infrastructures. L’Euro 2016 et la rénovation ou la création des stades va dans le bon sens. Mais si nous regardons le projet Arena 2015 qui avait été établi il y a une dizaine d’années, aucune n’a été construite. Les collectivités doivent arrêter de penser qu’elles doivent être propriétaires de ces structures. Nous avons besoin d’un choc culturel. »
{…} « Ces grands événements doivent servir à inciter la pratique de tous les sports. »
Dominique Carlac’h : Présidente du comité sport du MEDEF
« Notre premier combat, c’est l’emploi ! Nous traquons ainsi tous les gisements de croissance et le sport se révèle comme un véritable gisement d’emploi. L’organisation de grands événements sur notre territoire est un fort facteur d’attractivité qui nous permettra de retrouver de la compétitivité. L’Euro 2016 a permis au secteur du bâtiment de récupérer un point de croissance durant la période de construction ou de rénovation des stades, ce qui correspond à 6 000 emplois directs. »
{…} « Nous devons gagner le combat national d’abord avant de mener le combat international. »
Jean-François Martins : Adjoint à la Mairie de Paris chargé du sport et du tourisme
« Paris a besoin de grands événements mais se doit aussi de compter des événements sportifs récurrents comme Roland Garros, le Tour de France, le Marathon de Paris, pour positionner Paris comme une place de leardership sportif. Je ne crois pas forcément que l’on puisse mesurer les impacts d’un événement d’aussi grande ampleur : Paris est une place importante dans le monde et c’est l’image délivrée par la capitale qui va attirer sur la durée ! »
CONFERENCE 1 - La Formula E, bien plus qu'un nouveau modèle de compétition ?
Eric Barbaroux : Directeur général d’Electric Formula
« Dans les années 2000, le sport automobile a raté le tournant du développement durable. La Formula E s’inscrit comme une reprise de parole et doit permettre la mobilité électrique. »
Olivier Vialle : Directeur Marketing de Michelin Motorsport
« L’essor de la Formula E sera l’occasion pour Michelin d’apprendre de cette discipline ; c’est une évidence pour notre entreprise qui aura pour mission de démontrer que le véhicule électrique peut être enthousiasmant. » {…}
« Chaque type de propulsion (Formule 1, Formula E…) doit trouver son chemin et ajouter une nouvelle proposition aux spectateurs. »
Jean-François Martins : Adjoint à la Mairie de Paris chargé du sport et du tourisme
« Pour accueillir l’an prochain la Formula E à Paris, il fallait inscrire cette épreuve dans la politique sportive, dans la politique de mobilité moins polluante que nous pronons mais également dans la vie culturelle et économique de la ville. Il s’agit d’une révolution culturelle car il nous faut lever certains freins : nous pouvons nous déplacer en véhicule électrique à Paris. Assurer le circuit autour des Invalides et non dans le Bois de Vincennes comme imaginé au départ, était une décision stratégique pour avoir un poids sur cette révolution culturelle. »
Hervé Bodinier : Président et fondateur de Sponsorship 360
« L’enjeu est de marquer dès la première édition à Paris les esprits pour être là sur les prochaines saisons. »
CONFERENCE 2 - Londres 2012, une bonne pratique en termes d’héritage ?
Nicky Roche : Membre du conseil de UK Sport, Directrice générale du Tour de France Hub 2014 ltd (Grand Départ du Yorkshire)
« Nous avions plusieurs objectifs lorsque nous avons organisé les Jeux à Londres en 2012. Nous voulions faire de ce formidable événement quelque chose de plaisant et surtout inspirer les générations qui arrivent en augmentant la pratique sportive. »
{…} « Certains sports n’ont malheureusement pas eu le développement espéré comme l’équitation, par exemple. »
{…} « Vous avez une base technique très bonne : j’espère que vous obtiendrez la candidature ! »
CONFERENCE 3 - Accueil d’un événement : quels enjeux pour les territoires ?
Didier Réault : Adjoint au Maire de Marseille et Vice-président du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône
« L’Euro 2016 est un enjeu très important pour Marseille, le Vélodrome a été rénové pour cette occasion qui doit être une réussite. »
{…} « Cela fait plus de dix ans maintenant que nous travaillons sur la Voile pour aider Paris 2024. Nous ne sommes pas seulement dans une candidature infrastructure mais aussi dans une candidature nature. »{…}
« Il y a une vie économique avant l’événement. Notre capacité à accueillir les média, les experts logistiques et scientifiques, autant de réseaux qui relatent la réussite d’un projet sportif et qui peuvent montrer que Marseille est qualifiée pour organiser des événements de cette envergure. »
Fabien Grobon : ex-Directeur général du comité d’organisation des JEM 2014, Directeur général du Europe Equestrian master
« La tenue des JEM a permis de générer 108 millions d’euros, mais cela n’est rien à côté de la mobilisation qui a lieu sur la région durant 15 mois. »
REGARDS CROISES - La valeur immatérielle d'un événement
Mark Lichtenhein : Président de la Sports Rights Owners coalition (SROC)
« Il est indispensable de protéger les grands événements organisés sur le territoire afin de donner la valeur légitime aux partenaires. »
GRANDS TEMOINS : L’événement peut-il être un levier d’innovation et de transformation durable pour l’entreprise ?
Stéphane Pallez : Présidente Directrice Générale de La Française des Jeux
« Etre partenaire d’un grand événement comme le Tour de France nous apporte un large bénéfice et de grandes opportunités. A travers le sport, nous travaillons les valeurs de notre entreprise. C’est aussi un moyen de nous engager autour d’initiatives sociétales, de créer de l’engagement avec la société. »
{…} « Les Jeux sont une immense opportunité pour associer davantage les femmes à tous les échelons ; beaucoup de femmes ont en effet envie de participer à des événements populaires et de grande ampleur.»
CONCLUSION :
Etienne Thobois : Directeur général de la candidature olympique et paralympique Paris 2024
« Pour convaincre que la France est capable d’accueillir un événement, il faut d’abord faire le travail dans son propre pays avant de convaincre les ayant-droits. »
Pascal Grizot, président du comité Ryder Cup.
« Nous pouvons penser à l’héritage que laissera la Ryder Cup lorsqu’elle aura eu lieu en 2018. Nous pouvons aussi déjà regarder ce que l’obtention de son organisation a déjà apporté : on parle plus de golf en France depuis que l’on a gagné l’organisation même s’il nous reste encore à combler un déficit d’image. »
Denis Masseglia : Président du CNOSF
« Paris 2024 a pour objectif de nous faire passer d’un pays de sportifs à un pays sportif. » {…} « La performance sportive aide au succès de l’événement et si nous obtenons l’organisation, il y aura un boost important pour le sport d’Elite français ! »
{…} « Les Jeux sont un formidable accélérateur de particules sociétales. »
Laurent Damiani : Président de SPORSORA
« Si la France obtient l'organisation des Jeux, il est quasiment acquis que le sport connaîtra une phase de croissance sans précédent sur les dix prochaines années avec davantage de moyens, publics et privés. C'est une opportunité unique pour tous les professionels du secteur pour engager les leviers du changement et en tirer profit. »
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