SANTÉ POSITIVE / Une nouvelle étude de l’Observatoire Spinoza

 Parution le 17 janvier 2022

Le 17 janvier 2022, à l’occasion de la nouvelle année, l’Observatoire Spinoza (branche Recherche de la Fabrique Spinoza) publie une nouvelle étude « Santé positive : guide des déterminants scientifiques aux citoyens, professionnels et institutions ».

Alors que la France fait face à la pandémie de Covid-19, que les maladies civilisationnelles n’ont jamais été aussi prégnantes, les statistiques dénoncent une dégradation de la santé mentale des français et un taux de burn-out multiplié par 2, une prévalence des maladies chroniques en hausse constante, un pic de troubles musculo-squelettiques (TMS) sans précédent... Une invitation à revoir nos habitudes de vie pour aligner notre comportement sur des modes de vie plus sains. Dans ce climat de crise sanitaire, de quels leviers de santé disposons-nous en tant qu’individus ou organisations ? Quels déterminants de santé pouvons-nous activer ou optimiser ?

Quelles responsabilités et marges de manœuvre en faveur de sa santé ? La Fabrique Spinoza explore les déterminants de santé sous-exploités sous le double prisme de la science et de l’innovation afin de renforcer l’engagement citoyen pour sa santé et ouvrir des perspectives pour l’entreprise et la ville, ainsi que l'hôpital et les soignants.

La Fabrique Spinoza a mené cette étude avec pour partenaires officiels AG2R LA MONDIALE, Bouygues Construction, Léa Nature, Herman Miller, la Région Bourgogne-Franche-Comté, et pour partenaires pionniers les Jardins de Gaïa, Kiplin, OLY Be et Morphée.

I – Les grandes tendances de santé : quelles évolutions majeures pour la santé ?
Les multiples transitions sociétales - démographiques, épidémiologiques, systémiques, urbaines et numériques - influencent le champ de la santé et génèrent de nouveaux défis : comment allonger l’espérance de vie en bonne santé d’une société vieillissante ? Comment transformer nos modes de vie pour une meilleure santé et réduire le poids des maladies civilisationnelles ?

Comment apaiser les angoisses dans une société multirisque aux menaces constantes et rééquilibrer l’état psychologique des français dégradé par la crise sanitaire ? Comment améliorer l’offre de santé en ville (isolement plus fort qu’en campagne), à la campagne (inégalités rurales et déserts médicaux) et jusqu’au digital (e-santé et Dossier Médical Partagé) ? Le numérique est toutefois riche de promesses et de nouvelles perspectives comme le laisse entrevoir l’essor de la télémédecine ou de l’intelligence artificielle. Par exemple, l’AP-HP teste pour la première fois en 2021 une IA capable de prédire la survenue d’arythmies cardiaques en détectant les changements de tracé d’électrocardiogrammes.

La représentation et l’organisation de la santé évoluent également sous l’appel des envies des Français à plus d’autonomie dans leur santé et la réorganisation des offres de santé par l’Etat. Si la santé est une préoccupation majeure des Français, (priorité des Français pour une vie épanouie et équilibrée selon le baromètre annuel national des services publics), ils redoutent néanmoins les limites du système de santé national (déserts médicaux, crise de l'hôpital public, perte de confiance en l’avenir). De nouveaux usages de santé et bien-être voient le jour, centrés sur le recours accru aux médecines préventives, complémentaires et alternatives, ainsi qu’un courant d’autonomisation des patients telles que les pratiques d’healthism, de quantified self ou du patient partenaire. En parallèle, les systèmes de santé évoluent enjoints de se moderniser et de se transformer (Maison de santé Pluridisciplinaire, accroissement des soins ambulatoires dans les hôpitaux, rationalité économique...) et jusqu'à la nouvelle réorganisation de l’offre de santé issue de “Ma Santé 2022”.

Enfin, on exige des les villes elles-mêmes qu'elles deviennent progressivement des acteurs de santé incontournables tant pour leur conception et celles des quartiers inclusifs, favorables à la santé que pour un aménagement du territoire orienté santé encourageant à des habitudes de vie saine. Au delà du logement, la ville développe des services urbains pour améliorer le cadre de vie des plus vulnérables que ce soit pour accompagner le handicap (l’appli Wegoto pour une cartographie des bases de données d'accessibilité des collectivités), la vieillesse (« Villes Amies des Aînés » pour l’amélioration du bien-être des personnes âgées sur le territoire) ou l’enfance (« les yeux à 1m20 » pour voir à la hauteur des yeux d’enfant). Il s’agit aussi d’encourager à la co-conception et l’animation de lieux de vie à santé positive. Par ailleurs, concernant le bâti et l'aménagement, les attentes sur les territoires sont croissantes en termes de santé (cf. Étude d’Impact sur la santé et d’Urbanisme Favorable à la santé). En sotien de ces transformations, on observe la compréhension du fonctionnement social et cognitif des individus permettant des pratiques issues du nudge pour inciter un comportement (peindre les marches d’une gare en notes de piano pour inciter à privilégier l’escalier à l’escalator), du design actif pour inspirer à l’activité physique (la via verde dans le Bronx est un bâtiment à jardin en terrasses successives pour inviter à la promenade, au sport, au repos...), ou du biomimétisme pour s’inspirer du vivant (l’Eastgate Building au Zimbabwe, dispose d’une ventilation naturelle et économique inspirée d’une termitière)... Il s’agit pour les territoires, par leurs aménagements, d’encourager la population à intégrer des habitudes de vie plus saines.

II – Les émotions et la relation : les liens humains en source de santé
Essentielles à notre bien-être, les émotions et les relations sont de puissants déterminants de santé communs à chacun. Elles influencent notre santé physique, psychologique, comportementale et sociale.

Les émotions positives dépassent les bienfaits de l’instant pour irriguer la santé. Aimer, pardonner, remercier, rire ou cultiver l’optimisme, peut-il être un acte d’auto-soin ?

L’impact des émotions positives est puissant et influence différents facteurs de santé du plus bref au plus étendu, comme : le renforcement du système immunitaire (tel qu’une plus grande résistance au rhume et une moindre déclaration de symptômes) et l’allongement de l’espérance de vie (jusqu’à 9,4 années de vie en plus pour les nonnes avec le plus d’expressions positives dans leur lettre de vocation). En effet, les émotions positives permettent de construire toutes sortes de ressources qui renforcent l’individu sur le plan physique (meilleure santé cardiovasculaire, immunité, forces musculaires, meilleure coordination), psychologique (protection contre le stress, optimisme, résilience), cognitif (capacité à apprendre plus facilement, meilleure résolution de problème) et social (création et qualité des relations).

Par ailleurs, selon une étude à 37 000 répondants, plus on éprouve d’émotions, meilleure est la santé. « L’émodiversité », ou la richesse et la diversité des émotions éprouvées, permet de diminuer les symptômes dépressifs, réduire de 25 % les visites chez le médecin et diminuer d’un tiers les frais médicaux. Aussi, fleurit-il des expérimentations en milieu de santé à l’instar d’un protocole de gratitude pour réduire le risque cardiaque par diminution des biomarqueurs inflammatoires de patients à insuffisance cardiaque. Fréquemment, les chercheurs observent le pouvoir de soin des émotions : l'incapacité à pardonner est associée à des risques accrus de maladies coronariennes; l’amour sécrète des hormones du bien-être ; les personnes optimistes sont en meilleure santé mentale et s’adaptent mieux aux aléas de la vie ; les rires quotidiens diminuent les risques de maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux d’un facteur de 1,6, etc.

Aussi, de nombreuses formations à destination des professionnels de santé leur permettent de cultiver un type d’émotion ou plus largement de développer leur intelligence émotionnelle (IE), une compétence essentielle, déclinée en dispositifs de soutien indispensables à la bonne santé, en milieu personnel, professionnel (par exemple le recours au théâtre-forum) ou sociétal (création d’un kit du premier secours psychologique pour les sentinelles citoyennes de santé mentale).
Les relations ont un réel pouvoir de santé sous-estimé, qu’il s’agisse de sa relation à soi, aux autres, ou aux soignants.

Prendre soin de soi requiert de revaloriser les basiques : respirer, méditer, porter attention à ce qui est et au potentiel de sa vie sensorielle, ne sont pas seulement des modes de relaxation mais bien des modes de vie susceptibles de guider notre santé. Respirer est un acte essentiel à notre survie et pourtant trop souvent négligé. Or, la respiration est le centre du rééquilibrage émotionnel. Il existe des techniques de relaxation reposant sur la respiration, simple et efficace. Par exemple, la cohérence cardiaque synchronise l’activité du système sympathique et du système parasympathique en seulement 5 minutes 3 fois par jour ce qui agit sur la fatigue, le stress, l’anxiété, le risque de dépression, l’hypertension artérielle modérée, les risques cardiovasculaires, ainsi que la concentration, la mémorisation et les troubles de l’attention.

Les pratiques de méditation, laïque et occidentale, permettent l’autorégulation de l’attention, un apaisement de la charge mentale qui réduit certaines pathologies (maladies chroniques, dépression), favorise l’autocompassion, améliore la qualité de vie, et agit en outil de prévention santé. La méditation active la neuroplasticité (elle change littéralement notre cerveau). Le protocole MBSR (Mindfulness Based Stress Réduction), autrement dit «la méditation de pleine conscience pour réduire le stress», encourage la pleine acceptation ce qui se traduit par des marqueurs de santé divers. Le Centre de pleine conscience résume 400 études d’applications médicales et/ou psychothérapeutiques de pleine conscience et des formations spécifiques pour les patients comme les soignants à l’image du module Méditation et Médecine dans le cursus universitaire des étudiants en médecine de Paris Descartes. Pratiquée par des patients atteints de la maladie de Parkinson, la pleine conscience permet l’acceptation de la maladie et la réduction des comorbidités induites par le déni. Si la méditation de pleine conscience n’élimine pas la douleur, elle peut diminuer voire supprimer la souffrance liée aux anticipations et aux ruminations. Méditer c’est laisser être, c’est une disposition attentionnelle à soi, aux autres et au monde qui mérite d’être intégrée à la vie quotidienne.

Quel que soit le sens stimulé, les pratiques sensorielles sont bénéfiques pour la santé. En effet, un environnement enrichi est vecteur de santé. Les espaces multi sensoriels tels que les salles Snoezelen, conçues pour le handicap et désormais courantes en gérontologie ou psychiatrie, produisent des effets sur le stress, l’anxiété, la communication et la sociabilité. La santé peut être stimulée par l’odeur, c’est l’objet de la rééducation olfactive et des ateliers d'olfactothérapie qui opèrent dans différents services médicaux : neurologie, oncologie, gériatrie, soin palliatif... à destination des victimes de traumatismes crâniens, d’AVC, de la maladie d’Alzheimer ou encore de sclérose en plaques. Concernant les sons, la musique peut être une stratégie efficace de régulation émotionnelle et, ce faisant, contribuer à la santé mentale. En effet, la musique génère le même type de réponses biologiques et psychologiques que la nourriture, le sexe ou l’argent. Une échelle Music in Mood Régulation distingue 7 stratégies de régulation de l’humeur par la musique. La santé peut également être stimulée par la vue à l’instar des effets de la luminothérapie sur les troubles du sommeil. La santé peut être stimulée par le toucher, ce qui explique que les orphelins d’après guerre, bien que nourris, logés au chaud ne parvenaient pas à se développer sans la présence d’un substitut maternel. Ce sont des recherches qui prennent leur importance en néonatologie. Concernant les produits appliqués sur la peau en cosmétique, les industriels engagés comme Léa Nature adoptent le principe de précaution et visent en 1er lieu l'innocuité des produits (et en 2nd lieu des vertus additionnelles).
Les relations sociales enrichissent notre existence, elles contribuent également à notre santé : par leur soutien, un effet protecteur, de renfort et jusqu’au prolongement de l’espérance de vie. Selon la Harvard Study, les relations ont un effet protecteur contre le déclin mental et physique et sont les meilleurs prédicteurs d'une vie longue et heureuse. Les relations personnelles, qu’elles prennent forme au sein d’un réseau relationnel élargi ou de façon plus intime avec quelques proches, ont pour effet de contribuer de façon significative à la santé, et ce tout au long de la vie. Les relations amicales “solides” nous font du bien, et, au-delà, nous renforcent littéralement, en augmentant la résistance à la douleur ou au stress ou en diminuant de 50% la probabilité de mourir dans l'année. Par ailleurs, l’exclusion ou le sentiment de rejet produitlemêmeeffetneurologiquequ’unedouleurphysique.L’isolement social des adolescents provoque le même risque d'inflammation que l’absence d’activité physique et celui des seniors, influence l'hypertension plus que le diabète. Le sentiment d’appartenance et d’engagement peut opérer une influence et un contrôle social déterminant sur notre santé. L’amour, s’il influence la bonne santé physique et émotionnelle des individus, est aussi contagieux de sorte que vivre avec un partenaire heureux et en bonne santé influence son propre bien-être émotionnel et physique. À l’inverse, la fin d’un amour peut être un choc émotionnel tel qu’il provoque le syndrome du cœur brisé, dit le Tako-Tsubo, avec un taux de mortalité comparable à l'infarctus du myocarde.

En outre, la relation avec les animaux de compagnie contribuent significativement au bien-être et au-delà, à la santé : elle réduit la tension artérielle, renforce le système immunitaire, sécrète des hormones du bien-être (autant d’ocytocine que le regard d’une mère pour son enfant)... Certains estiment qu'avoir un chien diminue de 24% la probabilité d'une mort prématurée. Aussi, de plus en plus de services hospitaliers accueillent des animaux pour leur qualité de médiateur, de soutien psychologique ou de catalyseur émotionnel. Le chien, meilleur ami de l’Homme, apparaît comme la figure phare de l’animal de compagnie aidant (chien-guide d’aveugle, chien d’assistance pour personne en fauteuil roulant, chien sauveteur) et est parfois érigé en potentiel détecteur de maladies graves, réinventant la question de la détection à domicile : 97% de fiabilité dans l’odeur d’un sang malade, détection des crises d'épilepsie, de cancer de la prostate, des intestins, ou du poumon... À l’Institut Curie, les chiens sont entraînés à reconnaître la sueur de femmes souffrant de cancer du sein.

La relation aux soignants se transforme en même temps qu’une évolution d’une médecine qui soigne (l’approche du cure) vers une médecine qui prend soin (l’approche du care). Il s’agit d’une part de replacer le soin et l’humain au cœur du travail et d’autre part de prendre soin des soignants. Réenchanter cette relation patients / soignants requiert avant tout un temps apaisé permettant la rencontre réelle et le dialogue avec le patient. En quittant le modèle de rationalisation excessive du travail de ses infirmiers (où chaque tâche était chronométrée), l’entreprise Buurtzorg a fait le choix du relationnel qui a permis 30 % d’admission en urgence en moins et 30 % de satisfaction en plus. Le dialogue avec le patient peut être guidé par des suggestions positives en prenant soin d’éviter l’effet nocebo et autre prophétie autoréalisatrice. La confiance, la loyauté et l’estime sont telles, que le médecin de ville intègre parfois des missions élargies faisant office de thérapeute ou d’acteur privilégié contre les violences intrafamiliales (par exemple par l’usage d’un protocole de diagnostic des violences conjugales). Progressivement, des modèles de relation patients / soignants centrés sur la confiance et la coopération sont mis en place tels que l’alliance thérapeuthique ou le patient partenaire. Au niveau managérial, la démarche participative permet d’améliorer la qualité de vie des soignants et d’optimiser la prise en charge des patients. Enfin, prendre soin des soignants, aider les aidants, est un nouvel essentiel depuis cette période de crise sanitaire. De nombreux dispositifs publics et privés émergent, à l’instar de l’AP-HP qui par sa plateforme HoptiSoins propose une série d’offres et avantages, et met en place à l'hôpital Cochin une “bulle” faisant office de sas de décompression ou de la Villa M au cœur de Paris, un lieu unique dédié à la santé, en particulier des soignants.

III – Les déterminant d’une vie saine : ajuster les modes de vie
L’alimentation, l’activité physique, le sommeil et la vie sexuelle sont des déterminants de santé bien connus et pourtant sous-exploités. Or, les bienfaits associés sont significatifs et appellent à revoir nos habitudes pour ajuster nos modes de vie vers une existence plus saine, mais aussi plus heureuse.

L’alimentation. Actuellement, on estime qu’un Français sur deux est en surpoids et un tiers des Français vivent avec une maladie chronique. Or, le lien entre celles-ci et l’alimentation est établi. Aussi, est-il nécessaire de se réapproprier cette relation nutritive pour améliorer son capital santé. Les chercheurs estiment par exemple que manger de la nourriture ultra-transformée réduit le temps d'espérance de vie en bonne santé et que 400 grammes de fruits et légumes quotidiens réduisent de 22 % le risque de mortalité globale. Il s’agit donc de favoriser une alimentation moins transformée et biologique à l’instar de la règle des « 3V » : Vrai, Végétal et Varié. Les progrès scientifiques incitent désormais à prendre soin de son microbiote intestinal en augmentant sa consommation de fibres. Cela commence aussi, plus simplement, par le fait de consacrer du temps à son alimentation, d’y prendre part et d’y prendre plaisir ; et d’adapter l’alimentation à soi, c’est-à-dire de s’informer sur ce que l’on mange (notamment via les labels de qualité tels que le label NOVA) et à son corps et son fonctionnement (pour ajuster les quantités aux besoins). L’éducation à l’alimentation est essentielle pour permettre le discernement et pouvoir personnaliser son alimentation.

L'activité physique. Le mode de vie des Français est devenu sédentaire. En 40 ans, les jeunes ont perdu 25 % de leurs capacités cardiovasculaires. L’activité physique et sportive (APS) est nécessaire tant les bienfaits sur la santé physique et mentale sont indéniables : bien-être, amélioration de la qualité de vie, effets cardiométaboliques, renforcement immunitaire, mais aussi effets antidépresseurs et prévention de certains cancers (18 à 27 % de risque en moins pour le cancer du foie). Aussi, de nombreuses initiatives essaiment pour encourager l’APS à destination des territoires, réseaux, organismes sportifs, et milieu médical ou hospitalier. Sachant que marcher 30 minutes par jour réduit le risque d’infarctus de 19 %, les villes réfléchissent à des plans piétons pour améliorer leur marchabilité notamment par le design actif. En entreprise/organisation, on estime à - 6 % le taux d’absentéisme dû à une pratique d’APS et l’on estime que se rendre au travail à vélo réduit de 52 % le risque de mourir d'une maladie cardiaque. Aussi, progressivement, apparaissent des soins de support par le sport pour les patients en rémission de cancer et des prescriptions sportives dit sport sur ordonnance. Si la sécurité sociale ne rembourse pas encore de telles prescriptions, certaines mutuelles ou collectivités comme la Région Bourgogne-Franche-Comté offrent un soutien financier considérable.

Sommeil. 80 % des Français déclarent être fatigués dans la journée et 1 Français sur deux considère qu’il dort moins que ce dont il aurait besoin. Pourtant, les bienfaits du sommeil sont essentiels au bon fonctionnement : physique, moteur, psychologique (23 % : la diminution du risque de dépression en se levant une heure plus tôt en cas de trouble du sommeil), cognitif, social... et ont même un impact sur l’espérance de vie (+6ans d’espérance de vie pour les personnes de 50 à 75 ans qui dorment entre 7h et 8h30 par nuit par rapport à celles qui ont des troubles du sommeil). Il est possible de réguler les dysfonctionnements par certaines routines et pratiques quotidiennes opérant sur le rythme du sommeil, la lumière ou l’espace ; certaines techniques thérapeutiques (comme la cohérence cardiaque) ou certains outils (comme l’objet déconnecté Morphée utilisé dans certains hôpitaux dont l'Hôpital Necker à Paris) et équipements (oreillers ergonomiques) dédiés à l’amélioration du sommeil. Enfin, en milieu hospitalier, le sommeil des patients requiert une attention spécifique.

La vie sexuelle. Le sexe est bien plus que ce que l'hypersexualisation de notre société laisse apercevoir. La pratique sexuelle influence positivement la santé physique, mentale et même l’espérance de vie. Quelques effets moins connus du potentiel de santé du sexe : la pratique du slow sex se révèle efficace pour lutter contre les troubles de l'érection, l’éjaculation précoce, les douleurs pelviennes et pour revitaliser l’intimité du couple; ou l’étude (suivi pendant 20 ans sur plus de 30 000 hommes) constatant que la fréquence d’éjaculation est inversement liée au risque de cancer de la prostate encourageant un orgasme par jour ouvré. Pour une vie sexuelle épanouie pour tous, il est nécessaire de lever le tabou de la sexualité et revaloriser la pratique pour les séniors et les personnes en situation de handicap, ainsi que pour les jeunes via l’éducation sexuelle, les patients en traitement ou rémission d’un cancer et enfin, de développer la recherche dans le champ de la médecine sexuelle.

IV – La santé au travail : un impératif renouvelé
La santé au travail est un nouvel impératif renforcé par la crise sanitaire. À la pandémie succède une dégradation de la santé des travailleurs, sur le plan mental (avec 2 millions de salariés, le taux de burn out a doublé, les RPS sont la 2e cause d’arrêt de travail après le coronavirus en 2020) et physique (en télétravail, 42 % des travailleurs se déplacent peu ou pas du tout à la maison et 54 % ont des douleurs dans le bas du dos quand ils travaillent de chez eux). Le travail devient un enjeu de santé stratégique incontournable. Aussi, le travail peut rendre très malade ou contribuer à la bonne santé en quelques principes d’action simples : ergonomie matérielle et sociale, espace de travail adapté, gouvernance organique, biophilie et bureau organique.
Tout d’abord, le travail est régi par la santé environnementale liée aux conditions de travail (air pur, espace calme et lumineux, accès à l’eau ...). Il semble évident que boire au travail est vital mais il est plus surprenant d’apprendre que le risque de cancer du côlon serait de 30 à 40 % plus faible pour les individus buvant plus de 1,4 L par jour. Des chercheurs estiment à 6 % la réduction de l’absentéisme due à une lumière naturelle et une vue sur l’extérieur.

Ensuite, le travail requiert de prendre soin de la santé physique des employés, alors que les TMS représentaient 87 % des maladies professionnelles en 2017. Est ainsi accentué l’importance du soin par l’ergonomie du mobilier, par l’inspiration venant du design biophilique et innovant, ou le travail sur les postures.... En pratique, c’est parfois très simple : se lever 5 minutes toutes les 30 minutes réduit de 34 % la glycémie ; marcher 2 minutes toutes les heures réduit de 33 % le risque de mort prématurée ; se lever, promouvoir l’activité physique au travail, tenter les réunions en marchant...

Par ailleurs, le travail influence la santé cognitive via la conception et l’aménagement de bureaux fonctionnels et optimaux. Afin d'éviter la qualité empêchée du travail par les bureaux, de nouveaux espaces de travail s’organisent sur un principe ergonomique des espaces de travail pensés par l’activité (Activity Based Working). En effet, les espaces conditionnent la santé au travail et peuvent générer du stress hormonal (ACTH) s’ils sont non adaptés à l’activité.

Le travail s’oriente vers un digital qui fait du bien. En effet, l’omniprésence du digital dans la vie professionnelle n’est pas sans effets néfastes sur la santé (87 % des motifs de stress en réunion seraient liés à des problèmes techniques). Pour remédier à ces troubles (risques traditionnels des Technologie de l’Information et de la Communication, apnée électronique, addiction électronique), des bonnes pratiques émergent relatives au numérique, aux visioconférences ou au temps de détox digitale.

Le travail prend également en compte l’ergonomie sociale afin d’encourager les relations humaines et ce faisant, influencer positivement la santé. L’appartenance et l’organisation spatiale sont essentielles. Il s’agit d’organiser le flux convivial de personnes, privilégier des petites unités de travail pour des relations de qualité, créer des espaces de convivialité, et penser les espaces « oubliés » c'est-à-dire dérivés, inanimés ou tampons et vivifier les zones de circulation par le nudge par exemple afin d’encourager les relations interpersonnelles. Des dispositifs non spatiaux sont également envisageables tels que la mise en place d’un Chief Happiness Officer pour dynamiser les liens de convivialité. Herman Miller partage son approche Living Office et éclaire des pratiques en faveur de la santé au travail... La suite du communiqué ici