Une enquête inédite menée par l’Institut de sondage A+A révèle la confusion des français sur la question sensible du prix des médicaments.
Dans un contexte de mobilisation très forte de certaines institutions de santé et grandes associations sur la question du prix du médicament, A+A a interrogé les français sur leur compréhension de ce sujet. Les résultats révèlent une grande méconnaissance des mécanismes de financement – très variable en fonction des CSP – et souvent dominée par une suspicion à l’égard des laboratoires pharmaceutiques. Ils confirment par ailleurs l’attachement des Français à un système de santé fondé sur la solidarité, y compris dans le remboursement de thérapeutiques coûteuses au profit d’un petit nombre de patients (maladies rares) ou pour des gains d’espérance de vie très réduits.On note toutefois que près de 20% de la population serait prête à remettre en cause toute ou partie de notre système de santé en acceptant des mesures drastiques de réductions des coûts pour la Sécurité Sociale. A noter que les générations les plus jeunes sont aussi les plus ouvertes à l’implication des mutuelles dans le financement.
Les principaux résultats en bref :
1 Français sur 2 ignore la façon dont est fixé le prix des médicaments remboursés par la Sécurité Sociale
50.2% des Français pensent que le prix est fixé après négociation entre l’Etat et les laboratoires pharmaceutiques.
38.8% des Français pensent que ce sont les laboratoires qui décident du prix des médicaments.
11% des Français pensent que c’est l’état qui décide du prix des médicaments.
On observe une forte disparité au sein des répondants les plus âgés et plus diplômés étant les mieux informés sur les négociations entre les laboratoires et l’Etat.
70% des Français estiment que le prix du médicament n’est pas justifié.
Ces chiffres font écho aux différentes prises de positions institutionnelles et associatives dénonçant des prix « exorbitants ».
30% pensent que les prix sont justifiés : ils se recrutent principalement au sein des 18-34 ans, cadres, professions libérales et étudiants.
Selon les sondés, ces prix sont tout autant injustifiés que ceux des voitures, de la restauration, du logement et de activités culturelles. Les résultats dénoncent donc globalement un coût de la vie toujours plus difficile à supporter pour les Français.
Pour 62.6% des interviewés, le prix des nouveaux médicaments est justifié car il permet de financer les nombreuses années de recherche mais, à l’inverse, 63.1% des répondants estiment que le prix élevé des médicaments ne permet pas de faire des économies à long terme en réduisant les coûts de prise en charge.
9 français sur 10 pensent que le prix des nouveaux traitements est élevé car il est motivé par la recherche de profit des laboratoires.
Près de 78% pensent que ces prix sont élevés car l’Etat ne sait pas négocier.
En revanche 76,8% pensent que la mise au point de ces médicaments a nécessité des années de recherche, d’où un prix élevé qui a permis de financer d’autres médicaments d’innovation pour 62.5% d’entre eux.
Des arbitrages pour résoudre le déficit de la Sécurité Sociale.
66% des Français pensent que les spécialistes devraient pratiquer les mêmes tarifs que les médecins généralistes.
60% pensent que les assurances privées individuelles devraient couvrir les pathologies liées aux conduites à risque (alcool, tabac, drogue, mauvaise alimentation…)
A noter qu’Internet (achat de médicaments et consultation en ligne) ne semble pas être une réponse. Les français sont attachés à la proximité en matière de santé et de prise en charge puisque le médecin généraliste est la personne qui remporte le plus haut niveau de confiance.
4 grands types de personnes apparaissent :
Les libéraux (18.5%) qui ont en moyenne 40 ans, recrutés principalement parmi les cadres ou professions libérales : tous leurs arbitrages vont vers des mesures drastiques de réduction des coûts pour la sécurité sociale
Les Libéraux solidaires (19.6%) également cadres ou professions libérales mais qui en majorité sont défavorables aux arbitrages proposés pour réduire le coût de la sécurité sociale.
Les conservateurs (26.3%), plus nombreux chez les commerçants et artisans, qui considèrent que ce sont les laboratoires qui fixent le prix des médicaments et que le prix n’est pas justifié. Ils réfutent tous les arbitrages proposés pour réduire les dépenses de santé.
Les indécis (35.6%) : plutôt plus âgés (environs 50 ans et/ou retraités), qui considèrent que le prix des médicaments n’est pas justifié et que les laboratoires font un maximum de profits. Ils sont plutôt partagés sur les arbitrages proposés.