À la découverte d’un continent inexploré : notre cerveau

 

Dans cette première partie, je vous propose de découvrir ce que nous savons à propos de notre cerveau. Pour cela, nous allons commencer par remonter à son origine, il y a de cela 500 millions d’années. Puis nous irons rendre visite à nos lointains ancêtres dans le Rift africain. C’est là que, peu à peu, le cerveau des hominidés s’est transformé jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Depuis le début du xxe siècle, des technologies nous permettent d’en savoir toujours un peu plus sur les caractères physiques de notre cerveau. Mais loin de répondre aux nombreuses questions que les hommes se sont toujours posées à son propos, ces technologies ont ouvert des portes sur de nouvelles interrogations qui nous laissent de plus en plus perplexes, non seulement sur le rôle et le fonctionnement de notre cerveau, mais aussi des questions beaucoup plus profondes sur nos origines et notre place dans l’univers.

Petite histoire du cerveau
Avant de vous conter l’histoire fabuleuse de ce fameux cerveau (et au risque de vous décevoir), il faut bien que je l’admette : dans l’état actuel de nos connaissances et malgré les sommes colossales qui ont déjà été dépensées dans la recherche, nous ne connaissons pas grand-chose de l’évolution de cet organe ! C’est à croire qu’il y a autant de théories le concernant qu’il y a de scientifiques qui se sont plongés dans son histoire.

Donc, d’après certains scientifiques, les premiers cerveaux seraient apparus chez... des vers ! Cela n’a, certes, rien de très glamour de savoir que nous partageons avec des vers cet organe dont nous sommes si fiers, et pourtant...

Retour vers le passé
L’histoire remonte à quelque 500 millions d’années. À l’époque, le cerveau n’avait pas l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui : il se présentait sous la forme d’un amas de cellules destinées à réguler des fonctions de base comme la reproduction, la respiration, l’équilibre, le rythme cardiaque et la recherche de nourriture chez nos lointains ancêtres (qui n’avaient que très peu en commun avec nous). Nous étions donc encore très loin du cerveau tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Pourtant, certaines des fonctions qu’il était capable d’assurer n’ont pas totalement disparu et demeurent présentes dans ce que l’on nomme le cerveau primitif, aussi appelé le cerveau reptilien.
Les premières grandes transformations du cerveau vont se dérouler quelque part dans la vallée du Grand Rift africain. Cette vallée s’étirait sur environ 6 000 kilomètres du nord au sud et 40 à 60 kilomètres d’est en ouest, depuis l’actuel Moyen- Orient jusqu’à l’Afrique australe, en passant par la mer Rouge et les grands lacs africains. Il y a 7 millions d’années, c’est là que vivaient les premiers hominidés.

Qui étaientt nos ancètres ?
Imaginez des groupements d’êtres vivants – mi-hommes, mi-chimpanzés – auxquels on a donné le nom barbare de Sahelanthropus tchadensis. ce sont des bipèdes qui parcourent parfois de très grandes distances afin de trouver leur nourriture. Ils commencent à avoir une organisation sociale qui va de pair avec l’augmentation du volume de leur cerveau. à l’époque, ce dernier ne dépasse guère 350 cm3, à peine le quart de son volume actuel.

L’évolution du cerveau va se faire très lentement jusqu’à arriver au cerveau tel que nous le connaissons aujourd’hui. Sa taille va croître de façon continue, passant de 550 cm3 il y a 4 millions d’années à environ 1 350 à 1 500 cm3 aujourd’hui.

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 À noter
un fait marquant va se produire il y a de cela 2 millions d’années : le développement du néocortex, qui va renfermer beaucoup de zones permettant à cet hominidé de développer des fonctions cognitives (c’est-à-dire des facultés d’apprentissage). ces fonctions vont le différencier encore un peu plus des autres espèces et le mener peu à peu vers le cerveau de l’homme du xxie siècle.

Sautons allègrement quelques millions d’années et transportons- nous il y a 300 000 ans. À cette époque, parmi les hominidés, l’Homo neanderthalensis va marquer un point important dans la croissance du cerveau. En effet, c’est à cette période que son volume se développera le plus, entre 1 500 et 1 800 cm3. Depuis, le cerveau humain n’a fait que décroître. Est-ce à dire que l’homme de Neandertal était plus intelligent que nous le sommes ?

Même si la taille du cerveau n’a rien à voir avec l’intelligence, l’homme de Neandertal a marqué un tournant dans le développement social et intellectuel des hominidés. Ainsi, il sera parmi les premiers à enterrer ses morts et à fabriquer des outils sophistiqués. Il va également développer tout un système artistique (dessins, sculptures, peintures) dont nous avons retrouvé les traces dans des grottes (celles de Nerja et d’El Castillo en Espagne, sur le site de Zaskalnaya en Crimée, mais aussi en France, à Bruniquel).
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Nos lointains ancètres se soignaient !
encore plus étonnant : d’après des résidus retrouvés dans des ossements de mâchoires, l’homme de Neandertal utilisait déjà des produits à base de plantes qui pourraient s’apparenter à des médicaments, tels que des analgésiques composés d’acide salicy- lique prélevé sur des bourgeons de peuplier et des antibiotiques naturels comme le pénicillium.
Alors, pourquoi cette diminution de la taille du cerveau ?

Ce n’est pas la taille qui compte !
Certaines théories défendent l’approche selon laquelle cette diminution serait due à une carence alimentaire. Elle aurait eu pour effet de générer un cerveau plus efficace, c’est-à-dire au volume plus faible mais au rendement plus grand. Peu à peu, cette carence alimentaire aurait disparu, mais le cerveau, plus performant, n’aurait pas eu besoin de retrouver une taille supérieure.

Une autre théorie suggère que, étant beaucoup plus massif et beaucoup plus fort que l’homme moderne, Neandertal avait besoin d’un cerveau plus important pour gérer ce corps imposant.

Une autre version mettrait ce déclin du volume du cerveau en lien avec la densité de population. Il semblerait en effet que, plus cette densité est élevée, plus la taille du cerveau diminue ! Cela laisse entendre que la répartition des tâches entre les membres de communautés grandissantes entraîne une spécialisation des activités, d’où une réduction des besoins physiques et intellectuels nécessaires à la survie spécifique de chaque individu. En d’autres termes, plus une communauté va être grande, plus il y aura une spécialisation de chacun de ses membres. Certains mettront donc en « veille » les capacités qu’ils n’ont plus besoin d’utiliser, libérant ainsi des systèmes neuronaux qui pourront finir par disparaître.

Est-ce à dire qu’avec l’accroissement de la population sur la planète, nous allons assister à une réduction de la taille de notre cerveau ? C’est une conclusion à laquelle je n’oserai pas aboutir dans l’état actuel de nos connaissances.


Jean-Michel Jakobowicz

  

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