Vaccination des femmes enceintes contre les maladies respiratoires : ne plus hésiter !

Communiqué de l’Académie nationale de médecine 22 mai 2025

 Vacciner pendant la grossesse est un geste essentiel pour la protection de la femme enceinte et du fœtus. La vaccination prénatale protège le nourrisson pendant les premiers mois de vie par les anticorps fabriqués par sa mère qui lui ont été transmis avant la naissance.

 

Suivant l’avis de la Haute Autorité de Santé, trois vaccins doivent être proposés aux femmes enceintes, à chaque grossesse contre la coqueluche, contre la grippe et la Covid-19. Lorsque la grossesse est en cours à l’automne dans l’hémisphère Nord, le vaccin contre le virus respiratoire syncytial (VRS) est une alternative qui évite de vacciner le nouveau-né [1].

En effet, les conséquences de ces infections respiratoires peuvent être lourdes pour la mère et son enfant à naître, car elles sont souvent sévères chez la femme enceinte, et peuvent entrainer un accouchement prématuré et uneinfectionégalement sévère du nouveau-né.

 Bien que l’efficacité et la tolérance de tous ces vaccins soient bien établies chez la femme enceinte et le nouveau-né, les taux de vaccination correspondant restent très insuffisants en France, de l’ordre de 20 à 30 % pour la grippe et 63 % pour la coqueluche [2]. Il existe également d’importantes disparités selon les classes sociales et les régions, en particulier aux Antilles et en Guyane, où les taux de couverture sont extrêmement faibles [3].

Pourtant, si la majorité des femmes enceintes et des professionnels de santé se disent favorables à la vaccination [4], la principale raison de non-vaccination est l’absence de proposition ou de prescription. Aucune consultation n’est aujourd’hui spécifiquement dédiée à la vaccination pendant le suivi de grossesse et l’acte vaccinal dépend de la motivation du médecin ou de la sage-femme. Il est donc souvent reporté ou oublié. Certaines femmes expriment aussi une inquiétude vis-à-vis d’effets défavorables pour le bébé, ou font état d’une méconnaissance de la maladie ou d’une méfiance entretenue envers les vaccins.

 Face à ce constat, des mesures pour améliorer la couverture vaccinale des femmes enceintes sont impératives avec trois cibles prioritaires : les responsables sanitaires, les professionnels de santé et les futurs parents.

L’Académie nationale de médecine rappelle donc que la vaccination des femmes enceintes est une mission prioritaire de santé publique et recommande :

1)D’inscrire formellement les vaccinations contre la coqueluche, la grippe, la Covid-19 et le VRS dans le suivi prénatal. L’Assurance maladie devrait envoyer à chaque femme enceinte, dès réception de la déclaration de grossesse, les bons de vaccination avec pris en charge à 100 %, accompagnés d’une information adaptée et compréhensible.

2)De rendre ces vaccinations accessibles dans tous les lieux du suivi de grossesse (maternité, cabinet de médecin et de sage-femme, protection maternelle et infantile, pharmacies). Tous ces lieux doivent donc être agréés comme centres de vaccination et aptes à l’utilisation du carnet de vaccination numérique.

3) De former et de mobiliser les professionnels de santé impliqués dans la prise en charge des femmes enceintes, en renforçant et en actualisant leurs connaissances et leur aptitude à communiquer sur les vaccins en cours de grossesse.

4) De développer la recherche vaccinale en incluant la grossesse dans les essais cliniques (association de valences2, optimisation du terme de vaccination…) et en promouvant le développement et la mise à disposition de nouveaux vaccins spécifiques(cytomégalovirus, herpès, streptocoque B…).

5)D’analyser l’évolution des pratiques et des couvertures vaccinales à l’échelle régionale, ainsi que les causes de non-vaccination chez les femmes enceintes.

 

Références :

1.Haute Autorité de Santé, Recommandation vaccinale contre les infections à VRS chez les femmes enceintes, 13 juin 2024. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3505344/fr/recommandation-vaccinale-contre-les-infections-a-vrs-chez-les-femmes-enceintes

 2.Bertrand M., Jabagi M.J., Zureik M., Vaccination contre la coqueluche pour les femmes enceintes dont la grossesse a commencé entre août 2023 et mars 2024, dans le contexte épidémique de 2024 en France.

Rapport Epi-Phare, 14 novembre 2024. https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/vaccination-coqueluche-femmes-enceintes/

3.Raude J., Vaccine hesitancy: some insights from social and psycho- logical sciences. Bull Acad Natl Med, 2016; 200(2):199-209.

4.IPSOS, 4 femmes sur 10 se font vacciner pendant leur grossesse 2023. https://www.ipsos.com/fr-fr/4-femmes-sur-10-se-font-vacciner-pendant-leur-grossesse.

5.Cubizolles C., Barjat T., Chauleur C. et al. Evaluation of intentions to get vaccinated against influenza, COVID 19, pertussis and to get a future vaccine against respiratory syncytial virus in pregnant women. Vaccine, 2023; 41(49):7342-7.

 

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2La valence vaccinale est la partie d'un vaccin correspondant à la protection contre un agent infectieux unique. Un vaccin multivalent peut protéger contre plusieurs agents infectieux occasionnant une même maladie (comme le vaccin 13-valent contre le pneumocoque) ou contre des agents infectieux causant différentes maladies (comme le vaccin rougeole-oreillons-rubéole).