La thyroïde, petite glande située à la base de notre cou, est le métronome de l’organisme. C’est elle qui donne le rythme. Qu’elle s’affole, et c’est l’hyperthyroïdie qui s’installe ! Tout s’emballe : le rythme cardiaque, la température, le transit, la nervosité... Qu’elle ralentisse, et c’est l’hypothyroïdie qui s’installe : tout fonctionne plus lentement.
L’hypothyroïdie touche de nombreuses personnes dans le monde, dont 3 à 10 % de la population française. Elle est trois fois plus répandue chez les femmes que chez les hommes. Sa fréquence augmente avec l’âge, particulièrement après 65 ans. C’est le trouble de la thyroïde le plus courant.
Le nombre de cas d’hypothyroïdie ne cesse d’augmenter. D’après un rapport de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) d’octobre 20131, les ventes de Levothyrox®, le médicament le plus prescrit pour l’hypothyroïdie, sont passées de 4 millions de boîtes en 1990 à 34 millions en 2012. De plus en plus de personnes prennent des traitements pour différentes pathologies en rapport avec la thyroïde (nodules thyroïdiens, thyroïdite de Hashimoto, hypothyroïdie). Concernant l’hypothyroïdie, il est probable que sa prévalence soit sous-estimée, car beaucoup de personnes vivent avec une hypothyroïdie (légère) sans le savoir. Il peut même arriver que l’hypothyroïdie échappe aux examens de laboratoire. Les personnes présentent alors de nombreux symptômes d’hypothyroïdie, mais leurs résultats d’analyses sont normaux. Aucune prise en charge étiologique, c’est-à-dire tenant compte de la ou des causes de leur maladie, ne leur est alors proposée. Seules leurs plaintes sont traitées et non l’origine de la pathologie, sans apporter, par conséquent, d’amélioration durable à leur état. Ces hypothyroïdies non diagnostiquées, appelées hypothyroïdies infracliniques, subcliniques ou fonctionnelles, s’ajoutent à tous les cas diagnostiqués. C’est dire à quel point l’hypothyroïdie est fréquente aujourd’hui. Certains parlent même d’épidémie non diagnostiquée d’hypothyroïdie. Notre mode de vie n’y est certainement pas pour rien (stress, pollution, perturbateurs endocriniens, mauvaise alimentation...).
L’hypothyroïdie n’est pas une pathologie récente. Les médecins chinois de la dynastie des Tang (618-907) traitaient déjà les personnes atteintes d’un goitre thyroïdien en utilisant des extraits de glande thyroïde animale. En Europe, c’est surtout vers la fin du XIXe siècle que l’on commença à s’intéresser à la thyroïde et à son rôle dans l’organisme. Le premier cas d’hypothyroïdie fut présenté par sir William Gull à la Clinical Society of London, en 1873. En 1877, le Dr William Ord fit référence pour la première fois au myxœdème, terme issu du grec myx qui signifie « mucine » et edema qui signifie « gonflement ». Il découvrit chez certains patients souffrant d’hypothyroïdie qu’un œdème était présent et était dû à une accumulation anor- male d’eau et de mucine (constituant normal de nos tissus), cette dernière retenant l’eau au niveau de la peau. C’est ce terme qui fut repris pendant plus d’un siècle par les médecins pour qualifier l’hypothyroïdie.
Jusqu’en 1960, le diagnostic d’hypothyroïdie se faisait unique- ment sur le bilan clinique, car aucun examen biologique n’existait encore. Quant au traitement, il se basait sur de la thyroïde animale desséchée, pulvérisée puis appliquée sous forme de compresses. Cette organothérapie, utilisée jusque dans les années 1960, donnait des résultats satisfaisants, mais elle fut progressivement abandonnée au profit des hormones thyroïdiennes de synthèse, développées par les laboratoires pharmaceutiques. C’est aussi à cette époque que les examens de laboratoire ont fait leur apparition et ont remplacé l’observation clinique. C’est donc à partir des dosages sanguins de la TSH (thyréostimuline) et des hormones thyroïdiennes que le diagnostic est désormais établi. Ces bilans sanguins efficaces ont cependant leur limite : ils ne permettent pas de détecter les cas d’hypothyroïdie infraclinique, subclinique ou fonctionnelle. Certains médecins ont remarqué leur manque de fiabilité et la nécessité de revenir à l’examen clinique. C’est ce que fit le Dr Broda Otto Barnes dans un ouvrage de 1976 intitulé Hypothyroidism : The Unsuspected Illness2 (« Hypothyroïdie, la maladie insoupçonnée »).
Examen clinique et bilans sanguins sont deux approches indissociables pour dépister les pathologies thyroïdiennes. C’est ce que nous allons vous montrer dans cet ouvrage.
Vous verrez comment médecine et pratiques de santé naturelles peuvent travailler ensemble et unir leurs forces pour aider votre thyroïde et revenir à l’état d’euthyroïdie, c’est-à-dire à l’équilibre hormonal.
Vous allez mieux faire connaissance avec votre thyroïde et son fonctionnement. Nous insisterons sur les moyens (symptômes, bilans biologiques...) qui permettent de déceler une hypothyroïdie.
Vous verrez quelles sont les bonnes habitudes d’hygiène de vie à adopter pour la santé de votre thyroïde et comment les plantes peuvent vous aider.
Florence Muller
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