Quels troubles peuvent toucher la thyroïde ?


Lorsque la thyroïde se dérègle, deux types de troubles peuvent apparaître : l’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie. La première se carac- térise par une baisse de la production des hormones thyroïdiennes, alors que la seconde tend à l’intensifier. Les symptômes sont donc, en grande partie, opposés : dans le premier cas, les battements cardiaques ralentissent, la température corporelle baisse, le transit intestinal est freiné, l’appétit diminue, la personne a sommeil... ; dans le second cas, le cœur s’emballe, la température monte, le transit s’accélère, l’appétit se creuse, le sommeil se fragilise*... Seule la fatigue fait partie de tous les tableaux symptomatiques thyroïdiens.

À quelle cause attribuer ces déséquilibres ? C’est là que tout se com- plique. L’hyper et l’hypothyroïdie sont parfois provoquées par des thyroïdites (voir encadré p. 21), c’est-à-dire essentiellement des maladies d’origine auto-immune (maladie de Basedow pour l’hyperthyroïdie, maladie de Hashimoto pour l’hypothyroïdie). Mais il arrive aussi qu’on ne leur trouve aucune cause identifiable. De même, ces dérèglements sont parfois associés à des altérations de la glande (goitre, nodules, kystes), mais celles-ci peuvent apparaître sans que la thyroïde cesse de fonctionner normalement.

Quelques précisions s’imposent. Le goitre est une augmentation plus ou moins importante du volume de la thyroïde. Il est parfois associé à une ou plusieurs tuméfactions (nodules), ou à des petites boules emplies de liquide (kystes). La différence est aisément perceptible au toucher. Rassurez-vous : ces manifestations ne sont pas synonymes de cancers. Seuls 10 % des nodules isolés évoluent en tumeur cancéreuse. Le chiffre diminue encore de moitié pour les nodules multiples. Cependant, en présence de nodule(s), il faut effectuer des examens (échographie, cytoponction, voire scintigraphie*) afin d’écarter tout risque et de traiter rapidement si c’est nécessaire.

Nous ne connaissons pas encore tous les facteurs qui conduisent au développement des tumeurs cancéreuses de la thyroïde. Comme tous les cancers, celui-ci est multifactoriel : il implique la génétique, l’hygiène de vie (pollution, stress...), mais aussi d’autres éléments encore mal cernés. L’âge semble jouer un rôle : 4 % des cancers de la thyroïde apparaissent chez des sujets de moins de 20 ans, et 41 % chez des sujets de plus de 60 ans.

Le traitement associe le plus souvent la chirurgie (ablation de la tumeur) à un traitement hormonal destiné à réguler la fonction thyroïdienne. Le pronostic est favorable : on compte 92 % de survie à 20 ans chez les patients correctement opérés et suivis. Dans les cas les plus pessimistes (cancers médullaires), qui ne représentent guère plus de 5% des cas, la survie à 10 ans est tout de même de 60%


————————————
Les thyroïdites
On réunit sous ce terme les maladies inflammatoires de la thyroïde. Les deux plus courantes sont la thyroïdite de De Quervain et celle de Hashimoto. La première, aussi appelée « subaiguë », touche en priorité les femmes après 40 ans. Elle provoque une hyperthyroïdie, parfois suivie d’une hypothyroïdie paradoxale. À l’inverse, la thyroïdite de Hashimoto entraîne une hypothyroïdie. On la considère même comme la cause la plus fréquente de ce déséquilibre. Ces deux maladies sont traitées par voie médicamenteuse. Les déséquilibres se corrigent bien, mais une amélioration de l’hygiène de vie est indispensable pour que les patients connaissent un vrai bien-être quotidien.
—————————————-
 

Docteur Pierre Nys
 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous 

 Couverture de livre