Qu’est-ce que la prévention cardiovasculaire et pourquoi est-elle nécessaire ?

La prévention n’aurait aucune utilité si elle avait pour but d’éviter des maladies rares ou bénignes. Peu de gens se senti- raient concernés et le coût serait disproportionné au regard des bénéfices attendus. Or il n’en est rien des maladies cardio-vasculaires qui sont justement les plus fréquentes et les plus meurtrières ! La maladie coronaire (angor, infarctus), l’insuffisance cardiaque, l’AVC sont les causes de mortalité prématurée les plus fréquentes au monde. 42 % des femmes et 38 % des hommes décèdent avant 75 ans de maladies cardiovasculaires en Europe.
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La prévention n’aurait aucune utilité si elle avait pour but d’éviter des maladies rares ou bénignes. Peu de gens se sentiraient concernés et le coût serait disproportionné au regard des bénéfices attendus. Or il n’en est rien des maladies cardio-vasculaires qui sont justement les plus fréquentes et les plus meurtrières ! La maladie coronaire (angor, infarctus), l’insuffisance cardiaque, l’AVC sont les causes de mortalité prématurée les plus fréquentes au monde. 42 % des femmes et 38 % des hommes décèdent avant 75 ans de maladies cardiovasculaires en Europe.

Les bases de la prévention reposent sur l’épidémiologie cardiovasculaire et la médecine fondée sur des preuves (Oxford University Press, 2001). La prévention primaire s’adresse à tout le monde, tandis que la prévention secondaire s’adresse aux victimes de maladies cardiovasculaires. C’est l’ensemble des actions coordonnées au niveau individuel et d’une population qui vise à éradiquer ou réduire l’impact des maladies cardio-vasculaires ainsi que des handicaps qu’elles provoquent.

Qui devrait envisager la prévention des maladies cardiovasculaires ? Tout le monde puisque les premiers gestes de la prévention doivent s’apprendre dès le plus jeune âge pour éviter les mauvaises habitudes. Même si le programme de l’éducation nationale n’intègre à tort aucun message d’hygiène alimentaire aux enfants, les parents devraient se soucier de le transmettre en évitant de manger déséquilibré, trop salé, trop sucré, et inciter à l’activité physique régulière. La prévention cardiovasculaire doit être vue comme une compagne qui nous suit toute la vie car les bonnes habitudes prises dans l’enfance se prolongeront à l’âge adulte.

Souvent la recherche du plaisir soumet l’individu à ses passions
qui s’opposent à la préservation de la santé
sous l’emprise de la raison

Il est particulièrement utile à l’âge de 40 ans pour les hommes et de 50 ans pour les femmes (globalement à la ménopause) d’envisager de se soumettre à l’expertise préventive du médecin. En effet, malgré l’adoption d’une bonne hygiène de vie et de vertueuses règles alimentaires, il est vital de dépister les facteurs de risque cardiovasculaires, c’est-à-dire les éléments qui pourraient précipiter le vieillissement artériel. Le médecin généraliste, qui est au centre de la prévention, devra les chercher par l’examen clinique et la prise de sang, et, si nécessaire, les corriger tout en orientant le patient vers un spécialiste qui saura si ces facteurs pourraient provoquer un accident cardiovasculaire. Les facteurs de risque cardiovasculaires sont : l’âge, l’hérédité, le sexe masculin, mais aussi le diabète, l’HTA (hypertension artérielle), l’hypercholestérolémie, la sédentarité, le stress, la surcharge pondérale, l’obésité, le tabac et la pilule. Les trois premiers sont subis, contrairement aux autres qui sont acquis donc modifiables. Cette distinction est importante puisque la prévention va poursuivre le but de les diminuer pour en réduire les effets néfastes.

Les facteurs de risque modifiables, les plus nombreux, sont le pivot de la prévention des maladies cardiovasculaires. Dès lors qu’un individu ne se reconnaît pas dans cette liste, c’est qu’il a un faible risque cardiovasculaire et le maintien en l’état devrait lui garantir la bonne santé. À l’inverse, celui dont un ou plusieurs de ces paramètres sont perturbés devrait se sentir concerné par leur correction afin de sortir de la zone rouge. Est-ce difficile de parvenir aux objectifs de la prévention cardiovasculaire ? La correction des facteurs de risque n’est pas utopique ; la plupart des patients y parviennent d’autant qu’il n’est pas loin le temps où ils étaient jeunes et avaient des paramètres normaux ! Il s’agit d’abaisser la tension artérielle (en dessous de 140/90 mmHg au repos), le taux de sucre et de cholestérol. Bien sûr, il faut manger équilibré et bio, s’abstenir de fumer et contrôler son poids. En plus de la bonne santé cardiovasculaire, ces efforts sont aussi la voie pour diminuer le risque de cancer et, on l’a vu récemment, d’être potentiellement moins sujet à l’infection par la Covid-19. En effet, il a été démontré de manière formelle que l’âge avancé, l’obésité, l’HTA, le diabète, les maladies respiratoires sont des points d’entrée pour ce type de virus. Prévention cardiovasculaire, hygiène de vie, activité physique régulière, alimentation saine... tous ces éléments seront abordés avec leurs bénéfices et leurs limites.

La bonne compréhension du discours préventif a autant d’importance que le contenu du message lui-même. À l’avantage de la compréhension sera le climat de confiance qui s’établira (ou pas) entre le médecin et le patient, car c’est dans une atmosphère détendue, sincère, franche et sans familiarité qu’un dialogue utile pourra s’établir.

                                                                                 Docteur Michel  Corcilius

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