Produits de santé, une « forte augmentation des prix en janvier »

Alors que les Français sont touchés comme jamais par les pénuries de médicaments, voilà que se profilent de très importantes hausses de prix des produits de santé, selon Audrey Lecoq, fondatrice de Pharmazon, à la fois plateforme de vente en ligne proposant 10000 produits de beauté et bien être aux particuliers et centrale d’achats pour les pharmaciens qui peuvent y trouver 15 000 références dont des médicaments remboursables. Audrey Lecoq connait donc très bien le marché des produits de santé et ses tendances.

La pénurie continue de s’aggraver

En 2021 déjà, 2160 références de médicaments ont subi des ruptures de stock ou difficultés d’approvisionnement, selon l’Agence nationale de sécurité des médicaments. En 2018, il n’y en avait eu « que » 871.

Fin 2022, les choses ont empiré et les exemples se multiplient de produits en rupture. Au point que le magazine 60 millions de consommateurs s’inquiète dans son numéro de novembre : « Y’aura-t-il du paracétamol à Noël ? » …

Fondatrice et responsable de Pharmazon, plateforme en ligne proposant 10 000 références de produits d’hygiène et de bien être aux particuliers, Audrey Lecoq confirme l’aggravation des pénuries et alerte sur les conséquences à venir.

344 produits en rupture en octobre

En octobre 2022, 344 produits référencés par Pharmazon ont subi au moins une rupture de stock. Parfois de longue date. « Par exemple, le Synthol, prévu en rayon dans toutes les pharmacies, est en rupture depuis plus de 6 mois. », déclare Audrey Lecoq. Ces ruptures et l’incertitude sur le retour d’approvisionnement engendrent des « trous » dans les rayons des pharmaciens », rapporte la cheffe d’entreprise.

« Aujourd’hui, nous commandons sans savoir ce que nous allons recevoir. Les ruptures concernent tous les laboratoires, certains nous livrent même des packagings de leurs filiales étrangères ; nous le découvrons à la livraison », témoigne Audrey Lecoq.

Les plus grandes marques touchées

Les laboratoires fournisseurs de Pharmazon les plus touchés par ces difficultés d’approvisionnement sont de gros acteurs.

Exemples fin octobre quand la fondatrice fait son état des lieux :

• Vichy La roche Posay avec 49 produits en rupture sur 209 que propose le site en ligne
• Bayer avec 17 produits en rupture sur 88
• Avène avec 21 produits en rupture sur 101
• Omega Pharma avec 7 produits en rupture sur 101
• Puressentiel avec 9 produits en rupture sur 103

La stratégie des laboratoires en cause

Cette aggravation est liée au contexte de guerre, à la pénurie de molécules et à une forte augmentation de la demande mondiale. Mais pas seulement. « Les laboratoires font clairement des choix, par exemple s’ils considèrent que la hausse tarifaire de leurs fournisseurs de packaging est trop importante, ils préféreront souvent tomber en rupture que d’en changer », rapporte Audrey Lecoq.

Plusieurs grands laboratoires privilégient aussi l’exportation, plus rentable : « Nous allons devoir multiplier nos sources d’approvisionnements ! le seul moyen de faire face sera de faire de l’import », analyse Audrey Lecoq. " En effet les laboratoires ont moins de ruptures dans d’autres pays d’Europe qu’ils ont privilégiés car leurs produits y sont vendus plus chers (la Belgique ou l’Italie par exemple) », dit-elle.

Fortes augmentations tarifaires en préparation

Déjà pénalisés par cette pénurie, patients et pharmaciens doivent s’attendre à de mauvaises nouvelles. Selon Audrey Lecoq,« Les laboratoires ayant le plus gros taux de ruptures prévoient des hausses tarifaires très importantes en janvier prochain. Les négociations sont aussi plus difficiles avec eux. Ils savent qu’ils n’arriveront pas à servir tous leurs clients donc en profitent pour baisser leurs conditions commerciales. Ils auront ainsi moins de clients, mais des tarifs plus élevés et des conditions commerciales moins disantes… Des techniques permettant de garantir le maintien de leurs résultats ».

Pour les patients, c’est la double peine.

Selon la fondatrice de Pharmazon, cette situation va imposer des adaptations de fond. « Nous nous sommes habitués à commander et à tout avoir tout de suite, il va falloir réapprendre à anticiper, attendre… ».