La part des facteurs comportementaux dans les cancers du sein

 

 

Les chercheurs de l’Unité 1018 « Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations » (Inserm/Université Paris-Sud) à Gustave Roussy se sont intéressés à la proportion de cancers du sein attribuables à différents facteurs de risque. L’analyse, menée auprès de 67 634 femmes de la cohorte française E3N, montre qu’après la ménopause, les cancers du sein sont plus souvent attribuables à des facteurs « comportementaux » tels que l’alimentation déséquilibrée, le surpoids, la consommation d’alcool qu’à des facteurs « non-comportementaux ». Ces données suggèrent que la prévention de ces comportements entrainerait la réduction du nombre de cancers du sein à la ménopause.

 

L’article détaillant ces résultats est publié dans l’International Journal of Cancer le 4 février 2016.

 

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes dans le monde. De nombreux facteurs de risque, « comportementaux » tels que la consommation d’alcool, l’alimentation, et « non-comportementaux » (antécédents familiaux, âge des premières règles et de la ménopause, etc.), ont déjà été identifiés dans la littérature. Françoise Clavel-Chapelon, directeur de recherche Inserm et Laureen Dartois se sont intéressées à la proportion de cancer du sein attribuable à ces facteurs, et à l’impact conjoint de l’ensemble de ces facteurs de risque, jusqu’alors peu étudié.

 

Les chercheurs de l’équipe Inserm « Générations et Santé » du Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations (CESP, Unité Inserm 1018) ont évalué la proportion de cancers du sein, diagnostiqués avant et après la ménopause, attribuables aux facteurs de risque comportementaux et non-comportementaux. L’étude a été menée auprès de 67 634 femmes françaises âgées de 42 à 72 ans lors de leur inclusion dans l’étude de cohorte française E3N.

 

Après 15 ans de suivi, 497 femmes ont été diagnostiquées avec un cancer du sein avant la ménopause et 3138 après la ménopause.

 

« Avant la ménopause, les cancers du sein sont pour 61,2 % attribuables à des facteurs de risque non-comportementaux et seulement 39,9 % au comportement. Les cancers du sein diagnostiqués avant la ménopause ne sont statistiquement attribuables à aucun facteur de comportement pris isolément.  » explique Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche Inserm.

 

Par contre, « Après la ménopause, plus de la moitié (53,5 %) des cas de cancer auraient pu être évités avec un comportement adapté » explique la chercheuse.

 

Les principaux facteurs de comportement, sur lesquels on peut agir, contribuant à la survenue du cancer du sein après la ménopause sont (entre parenthèses, les pourcentages de cancers évitables) : l’utilisation d’un traitement hormonal de la ménopause (14,5 %), une alimentation déséquilibrée (10,1 %), la consommation d’alcool (plus d’un verre par jour) (5,6 %), le surpoids à l’âge adulte (IMC >=25kg/m2) (5,1 %), et le sous-poids à la puberté (17,1 %). Il est à noter que depuis 10 ans, les traitements hormonaux de la ménopause sont beaucoup moins utilisés et que leur composition a changé suite aux résultats E3N. Par ailleurs, le sous-poids à la puberté fait également partie de ces facteurs sans que les chercheurs soient en mesure d’en expliquer complètement le mécanisme.

 

Les auteurs concluent que le fait « de ne pas avoir recours à ces comportements permettrait d’éviter plus de la moitié des cancers du sein diagnostiqués après la ménopause ». Ils suggèrent de poursuivre des études en sciences humaines et sociales permettant de comprendre les choix individuels de comportement, et de mettre au point et évaluer des interventions visant à les modifier.

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