Pansements : du nouveau dans la prévention des escarres


 
Réunion annuelle de la Société Française de l’Escarre (SFE)
& de l’European Pressure Advisory Panel (EPUAP)
​JOURNEE STOP ESCARRE – 21 NOVEMBRE 2019
 
 

« On parle plus facilement de l’ulcère de jambe ou du pied diabétique, toujours reliés à une maladie, que de l’escarre, pourtant fréquente et qui peut se traiter. Associé au dépérissement du corps, le malade ressent une souffrance morale très importante. Aussi, sa prise en charge ne consiste pas simplement à traiter la plaie, il faut d’abord prendre en charge le patient dans sa globalité, sans oublier la prévention », indique Martine Barateau, Infirmière référente plaies & cicatrisation, rencontrée lors de la réunion annuelle organisée par The European Pressure Advisory Panel (EPUAP) et la Société Française de l’Escarre (SFE), dont elle est Vice-présidente. « Selon un avis d’expert, donné lors de l’un des symposiums et qui demande à être vérifié en pratique courante, de nouveaux pansements hydrocellulaires à 5 couches seraient efficaces dans la prévention, uniquement chez certains patients et sous certaines conditions. »
 
Retrouvez son interview sur la Web Tv Plaies et Cicatrisation réalisée par Acteurs de santé Tv : www.acteursdesante.fr/webtv/plaies-et-cicatrisations-convatec/1/
@ConvatecFr #Plaieetcicatrisation
 
Les escarres, parents pauvres des plaies
« L’escarre n’est pas seulement une pression, elle est le reflet d’une maladie beaucoup plus sévère. Elle apparaît chez les patients polypathologiques qui présentent de nombreux facteurs de risque. Si les escarres concernent essentiellement les personnes âgées, toutes les tranches d’âge sont touchées par cette maladie : les patients atteints de cancer, de troubles circulatoires, d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance respiratoire ou encore les personnes en situation de handicap ou en réanimation. Pour soigner la plaie, mais surtout pour la prévenir et prendre en charge le patient dans sa globalité, on a besoin des médecins, des infirmièr(e)s, des aide-soignant(e)s, des ergothérapeutes, des kinésithérapeutes et bien sûr des aidants. Toutes les personnes qui ont des escarres ne sont pas forcément dans des institutions, nombre d’entre elles vivent aussi à leur domicile, le rôle de l’aidant est alors primordial. »
 
Pansements, du nouveau dans la prévention des escarres
« Le rôle des soignants est essentiel dans la prise en charge de l’escarre, mais ils devraient aussi tous maîtriser l’ensemble de la prévention. Il ne s’agit pas simplement de mobiliser et de mieux positionner le patient, il faut aussi lui apporter une alimentation adaptée et traiter tous les autres facteurs qui ont favorisés l’apparition de l’escarre : problèmes d’incontinence et d’hygiène, immobilisation, matériel à mettre en place pour soulager les pressions - que le patient soit en Ehpad, à son domicile, en service d’hospitalisation ou de réanimation. La nouveauté cette année dans la prévention des escarres est l’utilisation des pansements hydrocellulaires à 5 couches. Selon un avis d’expert donné lors du congrès organisé par The European Pressure Advisory Panel (EPUAP) et la Société Française de l’Escarre (SFE) à Lyon du 18 au 20 septembre 2019*, ces pansements seraient efficaces dans la prévention, uniquement chez certains patients et sous certaines conditions : personnes âgées difficilement mobilisables, patients en réanimation... Cet avis demande à être validé dans la pratique courante. »
 
L’escarre se traite et se guérit
« Localement, l’escarre se traite comme n’importe quelle plaie. Il faut la nettoyer, la déterger. Il faut laver la plaie à l’eau et au savon, éventuellement au sérum physiologique. On peut utiliser tous les pansements et traitements qui existent sur le marché, en revanche, il faut aussi penser au patient et mettre en place tous les moyens pour prévenir l’escarre : le positionner en utilisant tout le matériel à notre disposition, s’occuper de sa nutrition et de son hydratation parce que l’immobilisation et la dénutrition sont les deux facteurs de risques principaux de la survenue des escarres, veiller à son hygiène et prendre soin de sa peau. Mais on ne peut pas traiter une escarre si le patient n’est pas totalement acteur du soin. Il faut arriver à faire comprendre au patient que même si sa qualité de vie est altérée quelques semaines voire quelques mois, l’escarre se traite. »
 
Le nouveau rôle de l’infirmière dans la prise en charge des plaies, article 51
« L’infirmière a un rôle très important dans la prise en charge des escarres. Si c’est bien souvent le médecin qui prescrit, c’est pourtant l’infirmière qui fait les soins et a la connaissance de la plaie. Elle a le droit de prescrire des pansements depuis plusieurs années. Il existe des protocoles, des articles comme l’article 51, par exemple. Avec la télémédecine, l’infirmière qui a reçu une formation et qui a un diplôme universitaire de plaies et cicatrisation va prendre en charge la plaie et même aller au-delà : elle a désormais le droit de prescrire certains traitements ou examens, d’utiliser certains produits ou de demander différents bilans sanguins pour mieux comprendre la pathologie du patient et mieux traiter la plaie. L’article 51 est utilisé de plus en plus en télémédecine et certainement très bientôt dans le télésoin. »
 
La télémédecine a toute sa place pour traiter les plaies chroniques
« Les soignants sont très souvent démunis pour prendre en charge une escarre, essentiellement par manque de formation. On manque de centres de cicatrisation et d’équipes mobiles plaies et cicatrisation. La télémédecine a vraiment toute sa place aujourd’hui, notamment en Ehpad. Dans certains cas, elle évite le déplacement du patient qui peut rester chez lui avec ses soignants qui sont alors formés pour prendre en charge à la fois la plaie et le patient dans sa globalité. Par ailleurs, il existe de nombreuses applications pour les libéraux qui s’adressent aux médecins ou aux infirmières. Ces applications vont aider les soignants à prendre en charge la plaie : comment l’évaluer ? Quel pansement utiliser ? Il faudrait maintenant arriver à développer rapidement la télésanté, c’est-à-dire la télémédecine et le télé-soin de façon à ce que le médecin traitant ou l’infirmière libérale, en difficulté face à une plaie, après l’avoir évaluée ainsi que le patient, puisse joindre un expert qui les guide dans la bonne prise en charge du patient. »
 
La Société Française de l’Escarre, la prévention au cœur des débats :
Former les soignants, aidants et patients pour prévenir les escarres
« La Société Française de l’Escarre a pris la suite de l’association PERSE, “Prévention Recherche Éducation et Soin de l’Escarre". Elle accueille désormais autour des médecins, des paramédicaux, infirmier(e)s, aide-soignant(e)s et ergothérapeutes… Centrée sur la prévention, la société accorde une large place à la recherche car on ne connaît pas tout de l’escarre. Le développement de l’éducation thérapeutique est aussi un objectif prioritaire car trop peu utilisée dans la prise en charge des escarres par manque de moyens ou manque de connaissances. »
« Un des axes prioritaires de notre société est la prévention et l’organisation des soins. On peut éviter les escarres, on sait les traiter, en revanche, on ne les prévient pas assez parce que ce n’est pas dans notre culture. Sans doute, faudrait-il former un peu plus et former tout le monde : les soignants, les médecins, les patients et bien sûr les aidants. Il faudrait s’attarder un peu plus sur la prévention et se focaliser un peu moins sur les traitements. »
 
*"Utilisation de pansements innovants dans le traitement et la prévention des escarres", symposium organisé dans le cadre de la réunion annuelle organisée par European Pressure Advisory Panel (EPUAP) et la Société Française de l’Escarre (SFE), à Lyon, du 18 au 20 septembre 2019.
 
Interview réalisée par Acteurs de santé Tv pour la Web Tv Plaie et Cicatrisation réalisée en toute indépendance éditoriale, avec le soutien de ConvaTec, dans le cadre du congrès organisé par la réunion annuelle organisée par European Pressure Advisory Panel (EPUAP) et la Société Française de l’Escarre (SFE), à Lyon, du 18 au 20 septembre 2019.
 
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