Offre de soins : transformation ou disparition ?

Le 13 février 2018, le Premier Ministre, Edouard Philippe, accompagné d’Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, a prononcé un discours sur la stratégie de transformation du système de santé. C’est à cette occasion qu’il a annoncé une baisse des tarifs qui entrera en vigueur à partir du 1er mars 2018. 

Antoine Dubout, Président de la FEHAP est particulièrement préoccupé par cette annonce. Il rappelle que si les établissements publics peuvent, in fine, compter sur l’Etat, ce n’est pas le cas pour les établissements privés non lucratifs.

Pour Antoine Perrin, Directeur Général de la FEHAP, la baisse des tarifs  annoncée  par Edouard Philippe « est une catastrophe » pour les établissements privés non lucratifs, « avec tout ce qui nous tombe dessus, 75% des établissements seront dans le rouge cette année ». Ils se sont pourtant montrés exemplaires et ont su se restructurer, se regrouper, innover et s’engager dans les parcours de soins et les alternatives à l’hospitalisation.

Le FEHAP souscrit pleinement aux cinq grands chantiers annoncés par le Premier Ministre portant sur la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et de régulation, le virage numérique, la formation et la qualité de vie au travail des professionnels de santé ainsi que l’organisation territoriale des soins.

La fédération participera volontiers aux travaux sur tous les axes présentés. Nous sommes à la fin d’une époque et arrivons au bout d’un système. La FEHAP souhaite contribuer à ce nouveau départ. S’agissant notamment des modes de rémunération, de financement et de régulation, la FEHAP est en accord avec les recommandations qui y sont formulées. Le cloisonnement des financements et des modes de rémunération, fondés sur l’activité, ne permettent pas une coopération efficace. Sur l’approche territoriale, la fédération y a toujours été favorable et s’est montrée précurseur en menant de nombreuses études sur le sujet. C’est en ce sens qu’elle alertera systématiquement sur deux écueils possibles à la réponse apportée, qui peut aboutir à une organisation hospitalo-centrée et autour du seul secteur public, au détriment de l’usager. L’organisation territoriale doit se faire en corrélation avec une logique populationnelle. La prise en compte des besoins multiples doit conduire à une offre de soins pluraliste et qui rassemble l’ensemble des acteurs coordonnés autour du domicile de l’usager.

Si la FEHAP est en accord avec les cinq axes présentés, elle attend néanmoins des précisions sur les objectifs et le calendrier à venir. Sans une réforme systémique profonde, notre système de santé ne sera pas en mesure de survivre. S’interrogeant toujours sur le sort que réserve Agnès Buzyn au secteur privé non lucratif, la FEHAP restera vigilante, non seulement sur les objectifs envisagés mais également sur la méthode choisie pour les atteindre. Cette inquiétude, bien que légitime, ne sera néanmoins pas un frein à ce que la fédération reste une force de proposition. En ce sens, dès que l’occasion lui en sera donnée, la FEHAP contribuera à la transformation de notre système de santé afin qu’il puisse répondre à l’ensemble des attentes de tous nos concitoyens.