Nutrition : et si l'on faisait le point sur quelques régimes

En 2010, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un rapport sur les 15 régimes les plus cités sur Internet : Atkins, Dukan, Fricker, Cohen, Ornish, Montignac, Weight Watchers, californien (Dr Guttersen), Miami (Dr Agatston), Delabos, Scarsdale (Dr Tarnower), Zone (Dr Sears), Mayo, citron détox et soupe au chou.
Que dit ce rapport ? Comme il est assez ancien, nous ne garderons que quelques points essentiels. Les nouvelles ne sont pas bonnes.

• 80 % des personnes ayant suivi ces régimes ont repris leur poids (souvent plus) après un an. Une autre étude montre même que la proportion d’échec passe à plus de 90 % entre deux et cinq ans après la fin d’un régime. Félicitons au passage les 10 % restants (qui n’ont pas été réinterrogés plus de cinq ans après), et espé- rons qu’ils aient pu maintenir leur résultat, vraisemblablement en instaurant de nouvelles habitudes globales de mode de vie de façon pérenne.

• Tous ces régimes présentent des déséquilibres, certains bien plus que d’autres, il est vrai. En général, le sodium et les lipides sont en excès, tandis qu’on note un déficit en fibres, magnésium, fer, calcium, vitamine C, vitamine D...

• Un risque de perturbation physiologique, musculaire, cardiaque, hépatique, rénale, digestive et osseuse est associé à la pratique de régimes de façon générale. Rien que ça.

• Des problèmes de dénutrition et des perturbations hormonales de la croissance ont également été relevés.

Au-delà des effets physiologiques, le rapport met également en garde contre les conséquences néfastes de la restriction cognitive qui peut mener à une baisse de l’estime de soi, à de la dépression et à des troubles du comportement alimentaire.

Le rapport conclut que la « solution » diététique aggrave souvent le « problème » pondéral. Il ajoute que « l’abandon de la “solution régime” s’impose dès lors que l’on accepte de reconnaître que les possibilités de perte de poids sont à la fois limitées et variables selon les individus, et que c’est le changement en profondeur du comporte- ment alimentaire qui permettra l’équilibre durable des nutriments et non l’inverse ». Il indique également que « toute manipulation du régime alimentaire visant un déséquilibre énergétique associé ou non à un déséquilibre d’apport en macronutriments dans le but de perdre du poids peut exposer à des risques importants pour la santé ».

Tout était donc déjà dit en 2010, et cela n’a pas changé. Pourtant, les régimes amaigrissants continuent d’avoir un succès fou. Chaque année, au Nouvel An, c’est la ritournelle des bonnes résolutions. Au printemps, c’est la déferlante des régimes miracles dans les magazines. Et on se raconte à chaque fois la même chose. Cette fois, c’est la bonne, crac dedans, c’est la dernière fois, et blablabla...

Ces régimes ne fonctionnant pas, de nouveaux ont fleuri comme des mauvaises herbes (parfois les mêmes, mais rebaptisés). C’est pourquoi il serait très intéressant que l’Anses publie le même travail dix ans plus tard avec ceux qui font fureur actuellement...


Véronique Liesse

 
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