Nos maladies sont elles directement en relation avec nos émotions ?

À notre époque, il est désormais classique et normal de concevoir que nos maladies organiques peuvent être directement en relation avec nos émotions.
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À notre époque, il est désormais classique et normal de concevoir que nos maladies organiques peuvent être directement en relation avec nos émotions.

On appelle cette double interaction corps-émotion la psycho-somatisation.

D’où vient le terme de psycho-somatisation ?
C’est un mot composé par l’assemblage de deux éléments :
> Psycho (de psychologique) pour les effets mentaux (esprit) et émotionnels ;
> Somatisation (de soma qui, en grec, signifie organe ou cellule) pour les effets organiques.

Il faut ici prendre le temps de formuler une remarque importante quant à la signification qu’il faut donner aux mots.

En effet, dans le mot psychologique, certains auteurs ont tendance à utiliser le sens premier du préfixe « psy ou psycho » qui vient du mot grec psukhê et qui signifie « âme ». Or ce sens est aujourd’hui porteur d’une dimension spirituelle et religieuse ne correspondant pas à la dimension moderne de la psychologie, science (logos) des émotions et des comportements humains.

Il en est de même avec le terme « métaphysique » qui, dans les œuvres d’Aristote, désignait toutes les études qui venaient après celles consacrées aux questions relatives au physique. Terme qui a également pris de nos jours une connotation spirituelle dans son sens populaire.

Ces précisions nous permettront de bien concevoir que les mécanismes de psycho-somatisation relèvent de phénomènes psychologiques et organiques et n’ont rien à voir avec la dimension spirituelle à laquelle renvoient les notions modernes de l’âme et de la métaphysique.

En somme, la psycho-somatisation traduit en un mot composé les effets psychologiques sur le corps d’un être humain (ou seulement sur certaines parties du corps ou bien encore sur des organes spécifiques).

Le mécanisme dit de psycho-somatisation est très simple dans son fonctionnement apparent, même s’il est encore difficile d’en prouver avec certitude les fondements profonds.

Historique du concept psychosomatique
- Cela commence cinq siècles avant J.-C., dans l’Antiquité grecque, avec Hippocrate et l’école de Cos. L’intervention thérapeutique alors conseillée a pour but de chercher à rétablir la perte de l’harmonie qui doit normalement exister chez chaque individu.

> Au XIIe siècle, Maïmonide, médecin de culture arabe vivant en Espagne, considère la maladie comme la rupture de l’équilibre entre le physique et le psychique.
> Au XIXe siècle, Heinroth (Allemagne) utilise le terme pour la première fois. En outre, les travaux de Charcot (France) et de S. Freud (Allemagne, 1895) sur l’hystérie font avancer le concept.
> Au XXe siècle, plusieurs courants de pensée ont vu le jour et donné naissance à des écoles : aux États-Unis, par exemple, l’école de Chicago avec Alexander et Dunbar (1938) a établi des postulats sur la spécificité des conflits ou sur la spécificité des personnalités. Par ailleurs, les travaux de Milton H. Erickson sur l’hypnose ont montré comment l’inconscient d’un sujet pouvait trouver les réponses et les solutions à des problèmes organiques. En France, l’école de Paris avec Marty (1960) énonce une théorie qui met de l’avant la dimension économique de la théorie psychanalytique, approche globale de l’homme qui est soumis à des mouvements « évolutifs » et « contre-évolutifs » conditionnant son fonctionnement mental et caractérisant sa structure psychosomatique.


 

Dr Gérard Carpentier

 

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