Les sept sens qui guident la vie

Le toucher est le premier sens à être en fonction dès le début de la grossesse. En effet, les récepteurs tactiles sont très stimulés dans l’utérus. Le fœtus flotte dans le liquide amniotique et se recroqueville au fur et à mesure qu’il grossit. Dès la naissance, les récepteurs tactiles sont aussi très denses sur la peau du bébé. Le toucher est donc sécurisant pour le jeune enfant. C’est sa manière d’explorer son environnement et de connaître son corps. Les sensations tactiles perçues lui donnent un sentiment de sécurité ou, parfois, de vulnérabilité. Ainsi, s’il a froid ou s’il a mal, il peut se mettre à pleurer pour avertir le parent de son inconfort.
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Toucher
Le toucher est le premier sens à être en fonction dès le début de la grossesse. En effet, les récepteurs tactiles sont très stimulés dans l’utérus. Le fœtus flotte dans le liquide amniotique et se recroqueville au fur et à mesure qu’il grossit. Dès la naissance, les récepteurs tactiles sont aussi très denses sur la peau du bébé. Le toucher est donc sécurisant pour le jeune enfant. C’est sa manière d’explorer son environnement et de connaître son corps. Les sensations tactiles perçues lui donnent un sentiment de sécurité ou, parfois, de vulnérabilité. Ainsi, s’il a froid ou s’il a mal, il peut se mettre à pleurer pour avertir le parent de son inconfort.

Les stimulations tactiles sont multiples. Le toucher fin et grossier, la pression, la vibration, la douleur, le chaud et le froid sont des stimulations captées par des récepteurs spécifiques à la surface de la peau. Le toucher fin est précis et facilement localisable. Par exemple, il est possible de connaître la forme d’une pointe de crayon appuyée sur le bout du doigt et de savoir exactement à quel endroit elle est en contact avec la peau. Pour sa part, le toucher grossier est plus diffus. Il est ainsi possible de sentir un chandail sur sa peau sans pouvoir identifier avec précision quelle partie de celui-ci est davantage en contact avec elle.

La capacité d’adaptation des différents récepteurs spécifiques aux stimulations tactiles est très variable. Les récepteurs qui sont attribués au toucher fin et à la pression peuvent soit s’adapter rapidement ou être plus lents à répondre. L’adaptation des récepteurs liés au toucher grossier, à la vibration et à la température est quant à elle rapide. Ainsi, la plupart des gens sont à l’aise après quelques minutes dans une piscine, même si la température est plus froide que l’air ambiant. Ils tolèrent facilement la vibration prolongée d’un rasoir électrique sur leur peau. Les récepteurs tactiles ayant une capacité lente d’adaptation sont surtout situés sur les doigts, les mains et les lèvres. Ils servent principalement à discriminer les formes et les textures. L’adaptation plus longue de ces cellules permet de meilleurs ajustements dans les mouvements en fonction des informations acheminées vers le cerveau. En ce qui a trait à la douleur, l’adaptation est très lente ; une sensation désagréable peut ainsi persister dans le temps, même après le retrait de sa cause.

Proprioception
Les stimulations proprioceptives permettent de connaître la position du corps dans l’espace et les mouvements faits par les membres. Les récepteurs proprioceptifs sont situés dans les muscles et les tendons. Ils envoient constamment des messages au cerveau pour atténuer le fait que leurs capacités d’adaptation sont très lentes et faibles. En effet, il est nécessaire pour le cerveau de détecter en continu des situations pouvant être néfastes. Par exemple, si la cheville se tord, le corps doit se réajuster afin d’éviter la chute. Une autre fonction des récepteurs proprioceptifs consiste à ajuster la force musculaire nécessaire pour accomplir une action. Par exemple, pour être capable de prendre un œuf sans le briser, il faut exercer une faible pression avec la main, alors qu’une force musculaire importante est nécessaire pour soulever une valise lourde.

Vision
La vue est un sens complexe et important. Plus de la moitié des récepteurs sensoriels du corps sont affectés à la vision. Les stimulations visuelles sont analysées par plusieurs mécanismes, qui évoluent lors de la première année de vie de l’enfant. À ce propos, le nouveau-né peut déjà reconnaître sa mère après quelques heures de vie. Il voit clairement à une distance d’environ 20 centimètres, ce qui correspond à l’écart entre son visage et celui de sa mère lorsqu’elle l’allaite. Quant à l’adulte, il distingue nettement les éléments de l’environnement entre 10 centimètres (vue de proche) et 6 mètres (vue de loin). L’acuité visuelle* atteint son maximum vers l’âge de 10 ans.

L’œil contient des récepteurs sensoriels très spécialisés : les photorécepteurs. Ceux-ci captent toutes les infor- mations visuelles provenant de l’environnement. Ils se divisent en deux groupes : les bâtonnets et les cônes. Les bâtonnets permettent de voir dans la noirceur et donnent aux objets des nuances de gris. Ils sont plus sensibles et plus nombreux en périphérie de l’œil. C’est pourquoi il est plus facile de voir un objet peu lumineux s’il est sur le côté plutôt qu’au milieu du champ visuel. Les cônes servent à détecter les couleurs bleues, vertes et rouges. Ils sont fonctionnels dès la naissance du bébé. Vers l’âge de 3 mois, le nourrisson peut distinguer le vert et le rouge. Il perçoit l’ensemble des couleurs à 4 mois. Toutefois, un enfant daltonien a de la difficulté à distinguer les
couleurs, car il a une déficience permanente des cônes.

Tout au long de la journée, l’œil doit constamment s’adapter aux variations de la luminosité. Chez l’adulte, l’adaptation à la clarté se fait en quelques secondes, alors que l’adaptation à l’obscurité peut prendre quelques minutes. Il faut noter que le nourrisson est plus sensible à l’intensité lumineuse que l’adulte. Il ferme les yeux pour se protéger du soleil et il les ouvre plus fréquemment dans la semi-obscurité. Plus l’enfant vieillit, plus le traitement des informations visuelles par le cortex cérébral se raffine. L’analyse des formes, des couleurs, des mouvements, des positions et de l’organisation spatiale lui sont nécessaires pour bien évoluer dans son environnement.

Goût
Dès sa naissance, le bébé peut distinguer les goûts. Il a alors une préférence pour le sucré et réagit à l’amertume en grimaçant. Ensuite, il développe ses préférences alimentaires selon les variations du lait maternel, qui sont liées à l’alimentation de la mère. Plus tard, le bambin raffine encore son goût lors de l’introduction des aliments complémentaires, c’est-à-dire lorsqu’il commence à manger de la nourriture solide.

Les récepteurs gustatifs détectent cinq goûts différents : l’amertume, l’acidité, le sucré, le salé et l’unami. L’unami, qui est peu connu, permet d’équilibrer l’ensemble des saveurs d’un plat. Le seuil d’excitation de ces récepteurs est variable pour chacun des goûts. Il est très bas pour les aliments amers, ce qui permet de se protéger contre des produits non comestibles ou périmés en les détectant, même à faible intensité. Il est bas pour l’acide, mais élevé pour le sucré et le salé. Les récepteurs gustatifs peuvent prendre entre une à cinq minutes pour s’adapter à un goût. Par exemple, si vous mangez un aliment très épicé, après quelques minutes, vous vous habituerez plus facilement à sa saveur prononcée.

Le goût est étroitement associé à l’odorat, puisque la saveur provient du mélange de l’odeur et du goût de l’aliment.

Odorat
Le bébé peut distinguer l’odeur de sa mère après une semaine de vie. Contrairement aux autres sens, qui se développent plus lentement, l’odorat est un sens priori- taire et instinctif déjà très performant dans le traitement des informations chez le nouveau-né. D’ailleurs, le bébé détecte d’abord la présence de sa mère à proximité par son odeur. Plus la vision du nourrisson évolue, moins l’odorat lui est nécessaire.

Les récepteurs olfactifs sont particulièrement sensibles. En effet, ils peuvent discerner environ 10 000 odeurs différentes. Bien qu’ils soient facilement excitables et qu’une odeur dans une pièce soit détectée immédiatement, les récepteurs olfactifs s’adaptent très rapidement. Par exemple, vous sentirez aisément une odeur en entrant dans un lieu. Toutefois, vous ne la percevrez plus si vous êtes resté toute la journée à cet endroit. Les odeurs sont traitées dans la même région du cerveau que celle qui gère les émotions. Cette caractéristique peut influencer les préférences olfactives, qui sont uniques à chaque enfant. Par exemple, les relents d’essence peuvent être appréciés par l’enfant d’un papa mécanicien, alors que pour un autre, ils peuvent rappeler les longs et difficiles déplacements en voiture.

Audition
L’ouïe est un sens mécanique qui perçoit les ondes sonores. Le bébé entend la plupart des sons et il reconnaît la voix de sa mère dès sa naissance. En fait, les sons sont captés par des cellules sensorielles ciliées très spécialisées qui sont responsables de convertir le son en vibrations mécaniques, puis en signaux électriques. Comme ce sens n’est pas associé à des récepteurs chimiques, son adaptation est différente. En effet, il s’agit d’un réflexe musculaire qui a pour but de protéger l’oreille interne en présence d’un son fort et, ainsi, de l’atténuer. Les ondes sonores ont des amplitudes et des fréquences différentes. Plus les ondes sont amples, plus le son est fort. Un bruit à 120 décibels* est gênant pour la plupart des gens alors qu’il devient douloureux à 140 décibels. La fréquence détermine quant à elle si le son est aigu (fréquence élevée) ou grave (fréquence basse). L’oreille humaine entend les sons entre 20 et 2 000 hertz*. La fréquence de la parole humaine se situe entre 100 et 3 000 hertz.

Système vestibulaire
Les informations vestibulaires sont associées à l’équilibre statique (sur place) et dynamique (en mouvement) du corps. Leur traitement se déroule dans l’oreille interne à l’aide des macules otolithiques et des canaux semi- circulaires. Les macules otolithiques informent sur la position de la tête dans l’espace. Elles aident à maintenir une posture adéquate, même quand le corps est en mouvement. Elles détectent les accélérations et les décélérations linéaires, c’est-à-dire en ligne droite. Les conduits semi-circulaires participent à l’équilibre dynamique, c’est-à-dire qu’ils détectent les mouvements d’accélération et de décélération qui sont en rotation. Le cervelet, situé à la base du cerveau, traite également les informations sensorielles associées à l’équilibre. Il les analyse de façon continue et envoie des messages aux aires motrices du cerveau afin que le corps se positionne adéquatement lors de la marche ou de tous les autres mouvements qu’il doit effectuer quotidiennement.

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En conclusion
Le système sensoriel est complexe et chaque sens présente ses particularités. Le traitement des stimulations provenant de l’environnement se fait par le même mécanisme physiologique, mais les perceptions et les réactions diffèrent d’un individu à l’autre. Ainsi, la luminosité du soleil est captée par les photorécepteurs, qui acheminent l’information au cerveau. Cette stimulation peut ensuite être identifiée comme agréable ou désagréable, entraînant dans le second cas la personne à mettre ses lunettes de soleil. Cette variabilité dans l’appréciation des stimuli sera discutée dans le chapitre suivant.
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Références
Tortora, G. J. et Derrickson, B. (2007). Principes d’anatomie et de physiologie (2e éd., adapté par Forest, M. et Martin, L.). Montréal : ERPI.
Équipe Naître et Grandir. (2011). Développement des sens : la vue/le goût/le toucher/l’odorat/l’ouïe. Repéré à http://naitree- tgrandir.com/fr/etape/0_12_mois/developpement
Bee, H. et Boyd, D. (2003). Les âges de la vie (2e éd., adapté par Gosselin, F.). Montréal : ERPI.

 

   Myriam Chrétien-Vincent, Sylvie Tétreault et Emmanuelle Rossini-Drecq

 

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