Elle s’appuie sur l’hypothèse que nous devrions consommer nettement moins de glucides que ce qu’indiquent les recommandations (40-55 % de l’ensemble des calories). Elle a depuis longtemps fait ses preuves dans la prise en charge de pathologies, principalement l’épilepsie. Elle repose surtout sur l’augmentation de la part faite aux lipides mais aussi accessoirement aux protéines. Dans sa version originale, seule la répartition importe, sans trop tenir compte de la qualité des nutriments. Quel dommage !
• Macronutriments: il existe plusieurs variantes mais,de façon générale,ce régime est très hyperlipidique, légèrement hyperprotéiné (en pourcentage plus qu’en valeur absolue), très hypoglucidique.
• Micronutriments : les restrictions imposées pour certaines familles alimentaires occasionnent des déficits en nutriments, notamment en calcium, potassium, magnésium, sélénium, fer, mais aussi en vitamines du groupe B et en vitamine C.
• Fibres : les apports sont très nettement insuffisants (10-15 g/jour, voire moins).
• Effets sur le microbiote :
– Favorables
> augmentation des lactobacilles, des Bacteroidetes (Parabacteroides, Bacteroides)
et d’Akkermansia muciniphila (chez les patients sous metformine), ces dernières ayant des effets anti-inflammatoires et insulinosensibilisateurs (favorables à une meilleure gestion du poids). Mais attention, il s’agit d’une augmentation en proportion, pas en valeur absolue. Elle est sans doute
> baisse des Firmicutes ;
Ces modifications du microbiote entraînent une augmentation de la formation d’acides gras à courte chaîne (AGCC) dont la plupart sont bons pour la santé et une meilleure gestion du poids.
– Défavorables
> baisse de l’abondance, de la diversité des bactéries et des bifidobactéries, ce qui n’est pas favorable à terme ;
> augmentation de certaines protéobactéries (notamment E. coli).
• Effets sur le poids : perte de poids rapide, perte de la masse grasse, maintien de la masse maigre (muscles). Mais reprise de poids à long terme.
• Avantages :
– baisse de la synthèse et du stockage des graisses;
– augmentation de l’utilisation des graisses ;
– meilleure gestion de la glycémie ;
– effets anorexigènes par une baisse de certains peptides ou neurotransmetteurs qui ouvrent l’appétit (NPY, AgRP, ghréline) et par une augmentation de ceux qui le coupent. Il peut, par d’autres mécanismes, ouvrir l’appétit (effets sur l’adiponectine ou le GABA) mais ces effets sont moins prononcés que les effets coupe-faim ;
– protège de la maladie d’Alzheimer ;
– effet anxiolytique.
• Inconvénients :
– son plus gros défaut : le manque de fibres,ce qui va avoir des effets très importants à long terme sur le microbiote;
– peut générer de la fatigue, parfois importante, ainsi que des nausées chez certaines personnes. On parle même de « ketoflu » (« grippe cétogène ») incluant aussi des maux de tête et un état de faiblesse. Cependant ces symptômes ne concernent pas tout le monde et disparaissent au bout de trois ou quatre semaines ;
– occasionne de nombreux déficits nutritionnels ;
– les effets bénéfiques qu’une telle diète peut avoir sur certaines pathologies comme l’épilepsie) ne doivent pas faire oublier qu’elle augmente le risque de constipation ou de diarrhée selon les personnes, de crampes, d’hypoglycémie, de calculs rénaux, de stéatose hépatique, d’ostéoporose.
• Pour qui ?
– Ce régime est souvent choisi par les personnes qui veulent aller vite, mais la rapidité de la perte de poids n’est pas le critère de réussite d’un programme amaigrissant.
– Il est souvent adopté par les amateurs d’aliments d’origine animale (viande principalement, mais aussi fromage). En excès, ils ne sont pourtant pas compatibles à long terme avec une bonne santé et un poids sain.
– Il est peu compatible avec le végétarisme et encore moins le végétalisme.
– Avec suivi et avis médical : pour les patients épileptiques, qui suivent une chimiothérapie (sur quelques jours), qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, les diabétiques.
• Comment l’optimiser ?
En l’adaptant afin qu’il soit réalisé en version hypotoxique. Les « bienfaits » démontrés par la diète cétogène « classique » le sont souvent avec la version très riche en viande, fromage et graisses, ou sans précision sur la qualité des aliments. Il est envisageable de la pratiquer de façon optimisée (choix des protéines type petits poissons gras, légumes colorés, huiles riches en oméga-3, etc.), ce qui va limiter les déficits et considérablement l’améliorer, mais sans retirer la totalité des potentiels effets délétères.
Véronique Liesse
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