LES NEUROTRANSMETTEURS : UNE GRAMMAIRE NEURONALE


Il existe des dizaines de neurotransmetteurs : dopamine, noradrénaline, sérotonine, endorphines, acétylcholine... Ces neurotransmetteurs sont principalement produits par les neurones eux-mêmes, dans de petites vésicules situées à l’extrémité de leurs bras. Chaque neurotransmetteur possède sa spécialité. On les classe en deux grandes catégories : les « excitateurs » qui facilitent le passage de l’influx nerveux, et les « inhibiteurs » qui le bloquent pour qu’il n’aille pas plus loin. L’information est ainsi transmise, mais aussi modulée avec une grande précision en fonction des besoins. Première remarque : lorsqu’un déséquilibre s’installe entre les excitateurs et les inhibiteurs, ce sont souvent les premiers qui prennent le dessus sur les seconds, favorisant, au bout de la chaîne, l’apparition de troubles.

Revenons quelques instants à notre neurone. Une fois que le neurotransmetteur a franchi la synapse et qu’il s’est fiché dans le récepteur qui lui correspond (comme une clé dans une serrure), il n’a plus d’utilité immédiate. Est-il éliminé pour autant ? Pas du tout ! Car notre corps est à la fois ingénieux et économe. Au lieu d’évacuer systématiquement les médiateurs chimiques qui ont déjà servi, il sait les recycler. C’est ainsi que, selon les cas, le neurotransmetteur usagé sera dégradé par des enzymes et éliminé, ou stocké à nouveau pour resservir à une autre occasion.

Chaque neurotransmetteur est en relation avec des phénomènes psychiques et physiques. La dopamine, par exemple, participe au contrôle de l’émotivité, mais aussi de la tension artérielle (voir encadré ci-après). Mieux : ces substances, que l’on a d’abord crues canton- nées dans le cerveau, se promènent un peu partout dans le corps. On a ainsi repéré, à la surface des globules blancs chargés de nous défendre contre les microbes, des récepteurs spécifiques destinés à recevoir certains neurotransmetteurs cérébraux. C’est donc un système extrêmement performant qui unit le cerveau au reste du corps, par le biais d’un système nerveux où le nerf vague joue un rôle majeur, au moins au niveau de nos fonctions organiques.

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LE PETIT MONDE FASCINANT DES NEUROTRANSMETTEURS
Les neurotransmetteurs constituent un langage subtil, dont la grammaire est précise et les mots choisis. Ils sont très nombreux et il serait trop long de les présenter ici dans leur totalité. Mais voici, à titre d’exemple, quelques-unes des fonctions des neurotransmetteurs les plus abondants dans notre système nerveux.

• La dopamine : au niveau de l’humeur, c’est le neurotransmetteur de la satisfaction, du plaisir et de la joie. Elle participe aux mécanismes de la concentration, de la mémoire et de l’apprentissage. Elle soutient la curiosité et la motivation. Sur le plan physique, elle intervient surtout dans le contrôle moteur. C’est ce qui explique que les personnes touchées par la maladie de Parkinson (liée à un manque de dopamine dans le cerveau) souffrent de tremblements des membres.

• La noradrénaline : on la qualifie souvent « d’hormone du stress ». La noradrénaline et l’adrénaline sont deux versions de la même substance (la seconde est une forme méthylée de la première). Or, l’adrénaline est l’hormone que notre corps sécrète en cas de stress brutal afin de nous mettre en capacité de réagir par la fuite ou la lutte. Personne ne s’étonnera que la noradrénaline soit, elle aussi, une hormone excitatrice. Plus précisément, elle active le système nerveux sympathique. Elle accélère notamment les battements cardiaques et fait grimper la tension artérielle. Sur le plan psychique, elle soutient l’attention, participe aux activités intellectuelles et efface la sensation de fatigue.

• L’acétylcholine : elle stimule l’activité musculaire et participe étroitement au mouvement. Elle intervient, elle aussi, dans les processus de mémorisation et d’apprentissage. Et surtout, elle est impliquée dans l’équilibre de toutes nos fonctions végétatives (respiration, digestion, élimination...). Elle ralentit le rythme cardiaque, fait baisser la pression artérielle, gère la contraction des bronches et le péristaltisme intestinal (les contractions du tube digestif)... Elle est également responsable de la contraction des pupilles et de la production des larmes. Ce neurotransmetteur est le plus impliqué dans le fonctionnement du nerf vague.

• La sérotonine : on la désigne généralement comme le neurotransmetteur du calme et de la paix intérieure. C’est elle qui nous permet de nous détendre. Elle apaise la colère et l’agressivité. Elle améliore globalement l’humeur et favorise la prise de décisions. C’est à partir de cette sérotonine que le cerveau produit la précieuse mélatonine qui nous permet de passer de l’état de veille au sommeil. Sur le plan physique, la sérotonine intervient notamment dans la régulation de notre température corporelle.
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Dr Yann Rougier / Marie Borrel

 
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