LES INDICATIONS MÉDICALES DU RÉGIME CÉTOGÈNE



Au-delà du débat sur les graisses et les sucres, le régime cétogène, et plus précisément les cétones ou corps cétoniques produits par l’organisme lors de la cétose, a démontré ses effets bénéfiques à plusieurs niveaux. Les cétones sont en effet considérées comme de véritables « médicaments palliatifs naturels » qui peuvent agir en complément d’une allopathie (la prise de médicaments) adaptée au diagnostic de la pathologie. Elles sont donc susceptibles d’avoir des effets positifs sur les maladies neurologiques (épilepsie), sur les maladies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer...), sur les maladies inflammatoires (arthrose), métaboliques et endocrinologiques (obésité, diabète...) ou encore sur les infections (les microbes se nourrissent de sucre). L’alimentation cétogène peut aussi être considérée comme le régime à adopter lors d’un cancer. C’est également un très bon régime pour perdre du poids durablement sans ressentir la faim ou les fringales car il est très rassasiant.

RÉGIME CÉTOGÈNE ET SYNDROMES ÉPILEPTIQUES
En France, le terme de « régime cétogène » est principalement associé à l’épilepsie. C’est son indication la plus ancienne, et aujourd’hui encore l’une des plus courantes dans notre pays. Selon une étude de 200621, il est efficace chez la majorité des enfants présentant une épilepsie réfractaire au traitement épileptique seul : ce régime permettrait en effet de réduire de plus de 50 % les crises chez près de la moitié de ces jeunes patients. Ce qui permet d’améliorer leur vie au quotidien. Aujourd’hui, ce régime est généralement utilisé en dernier recours, après l’échec des médica- ments, mais il pourrait être utilisé de manière plus précoce dans les cas les plus sévères. Sa mise en pratique est souvent complexe, car elle nécessite un encadrement strict à l’hôpital22 et une véritable éducation nutritionnelle des parents23. Dans ce cadre, le régime cétogène est en effet particulièrement strict (80 % des calories sont apportés par les lipides ou même plus).

Les bienfaits de ce mode d’alimentation comme méthode de traitement des personnes épileptiques remontent au début des années 1920. Ils ont été démontrés par le Dr Russel Wilder (1885-1959). Pour bien comprendre le lien entre le régime cétogène et l’épilepsie, il est nécessaire de revenir quelques siècles en arrière...

Depuis l’Antiquité, la seule solution reconnue comme efficace pour traiter cette maladie est le jeûne alternatif, qui consiste à cesser de s’alimenter pendant un temps donné. Vers 1916, un médecin américain va plus loin et teste le jeûne, suivi d’un régime alimentaire pauvre en sucres et en amidon : un succès selon lui. Quelques années plus tard, un endocrinologue américain, Rollin Woodyatt (1878-1953), fait une découverte essentielle : il constate que le jeûne et l’alimentation pauvre en glucides ont un point commun. Ces deux modes d’alimentation provoquent la libération par le foie de ce que l’on appelle des « corps cétoniques » (acétone, ß-hydroxybutyrate et acétoacétate). L’efficacité du régime cétogène sur les crises d’épilepsie s’explique justement par le rôle de ces cétones, qui permettraient de limiter les convulsions et auraient un rôle protecteur sur le cerveau. Suite à ces observations, le docteur Russel Wilder met au point un mode d’alimentation destiné à accélérer cette production de cétones. Le régime cétogène est né, et devient, dès les années 1920, la thérapie numéro 1 pour traiter l’épilepsie.

Dans les années 1950, l’arrivée de nouveaux médicaments anticonvulsifs sur le marché change la donne, et le régime cétogène comme méthode de traitement de l’épilepsie est peu à peu abandonné. Cependant, en raison du taux d’échec des médicaments chez certaines personnes dites « réfractaires », qui présentent alors une forme d’épilepsie « pharmaco-résistante » (30 % des cas24), il est remis au goût du jour dans les années 1990. Il est particulièrement indiqué chez les enfants car il présente chez eux moins d’effets secondaires que les médicaments. Aujourd’hui, certains hôpitaux, notamment en France, préconisent ce mode d’alimentation chez leurs plus jeunes patients.
Comment expliquer l’efficacité du régime cétogène dans ce cas ? On connaît encore mal le mode d’action précis des cétones, mais plusieurs hypothèses sont avancées.
• Les corps cétoniques auraient un rôle anticonvulsivant, en augmentant la production d’un modulateur neurotransmetteur (le GABA), régulateur du « calme » cérébral.
• Ils exerceraient un rôle protecteur sur le cerveau, et pourraient même réparer certaines lésions dues aux crises.
• En diminuant la quantité d’énergie rapidement disponible par le cerveau, ce mode d’alimentation permettrait de réduire voire d’arrêter les crises. En effet, l’énergie fournie par le glucose est disponible rapidement alors que la libération de l’énergie par les corps cétoniques est plus lente.
• Les acides gras polyinsaturés, très présents dans l’alimentation céto- gène, auraient eux aussi un rôle bénéfique sur le cerveau.

À noter : le régime cétogène est également utilisé comme traitement dans des maladies métaboliques apparentées, notamment la maladie de De Vivo25. Celle-ci s’explique par un problème au niveau du transport du glucose vers le cerveau. Ce transport étant déficient, le cerveau souffre d’une carence énergétique. Celle-ci peut être à l’origine de troubles mentaux, de crises d’épilepsie, d’une grande fatigue à l’effort... Le régime cétogène permet alors de nourrir le cerveau autrement puisque le glucose est remplacé par les cétones.

Alexandra Dalu / Alix Lefief-Delcourt

                        
                                                                            

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