Les articulations : des édifices complexes et délicats

L’arthrose est une maladie due à l’usure prématurée des tissus articulaires. Une fois ceux-ci altérés par le temps, il est très difficile de les régénérer. En revanche, il est possible de freiner l’usure, de limiter la gêne et d’atténuer la douleur grâce à des gestes quotidiens naturels.
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L’arthrose est une maladie due à l’usure prématurée des tissus articulaires. Une fois ceux-ci altérés par le temps, il est très difficile de les régénérer. En revanche, il est possible de freiner l’usure, de limiter la gêne et d’atténuer la douleur grâce à des gestes quotidiens naturels.

Notre corps possède environ 400 articulations grâce auxquelles nous pouvons bouger bras et jambes, mais aussi bassin, pieds, mains, épaule, tête... Ce sont des dispositifs délicats qui permettent à deux os, dont les extrémités se frôlent, de se déplacer sans se heurter. Elles assurent aussi l’amplitude qui nous permet d’exécuter tous les mouvements du quotidien. Il existe plusieurs types d’articulations : certaines sont dites mobiles car elles permettent une grande variété de mouvements (poignet, cheville, genou, épaule...), d’autres semi-mobiles car l’amplitude et la direction des mouvements sont plus réduites (colonne vertébrale...).

Schématiquement, la plupart des articulations se composent ainsi :
• D’abord, deux os dont les extrémités s’effleurent. À l’extrémité de chaque os, une sorte de couverture souple et protectrice : le cartilage.
• Les deux cartilages qui se font face sont séparés par un lubrifiant, le liquide synovial, qui assure au fonctionnement articulaire une certaine souplesse. L’ensemble est enveloppé dans une membrane fibreuse : la capsule.
• Les os sont maintenus ensemble par les ligaments, des bandelettes de tissu conjonctif très résistantes. Et les muscles, qui font bouger l’articulation en se contractant, sont reliés aux os par d’autres bandelettes conjonctives : les tendons Le tout forme un ensemble extrêmement solide et performant. Mais nos articulations souffrent en même temps d’une forme de fragilité due à leur complexité, à la variété des tissus mis en jeu et au travail intense qu’elles fournissent au cours d’une vie. Des millions de mouvements répétés au  l des années  finissent par fragiliser l’édifice et endommager les tissus.

Car au cours de notre vie, tous nos tissus corporels se renouvellent en permanence. D’anciennes cellules meurent (le catabolisme) et de nouvelles sont produites (l’anabolisme). Pendant l’enfance, l’anabolisme osseux est supérieur au catabolisme : nous grandissons. Puis, à l’âge adulte, les deux s’équilibrent pendant quelques années. Mais assez rapidement, le catabolisme osseux prend le pas et la destruction des vieilles cellules est plus importante que la production des nouvelles. L’usure s’installe, plus ou moins rapidement selon les sujets. Les chocs et les traumatismes peuvent favoriser l’apparition de l’arthrose, en fragilisant la mécanique articulaire et en accélérant l’usure tissulaire. Une chose est sûre : après quatre-vingts ans, plus personne ne peut prétendre avoir un squelette et des articulations de jeune adulte !

Nos articulations souffrent également des toxines qui s’accumulent dans notre organisme. Notre mode de vie actuel favorise une intoxination latente d’origine alimentaire (additifs chimiques, pesticides...), mais aussi métabolique (déchets produits par les cellules elles-mêmes). Nos organes d’élimination (reins, foie, intestin...) ont parfois du mal à assurer leur tâche et les toxines s’infiltrent dans les tissus, ce qui perturbe les délicats édifices articulaires. S’ajoute à cela l’excès d’acidité dont nous souffrons très souvent. Notre alimentation, qui privilégie les protéines (viande, poisson...), les céréales raffinées (pain blanc, pâtes...) et le sucre (viennoiseries, confiseries...), est à l’origine de cet excès d’acidité qui se manifeste à la longue par la production de cristaux logés dans les articulations.

Arthrose ou arthrite ?
Passé la cinquantaine, nos articulations commencent ainsi à se gripper. La souplesse articulaire diminue. Les cartilages, qui recouvrent l’extrémité des os, s’usent. Les autres tissus articulaires (tendons, ligaments...) se rigidifient. Une gêne se manifeste d’abord : il suffit de rester assis deux heures au cinéma pour avoir l’impression, quand on se lève, que les genoux sont tout ankylosés. Le matin, au réveil, ce sont les épaules ou le cou qui ont du mal à trouver leur mobilité. Deuxième étape : la douleur apparaît, le plus souvent de façon progressive, parfois de manière aiguë.

Il existe deux grandes familles de maladies rhumatismales : l’arthrose et l’arthrite. Elles diffèrent autant dans leurs causes que dans leurs manifestations et leurs traitements. L’arthrose résulte de l’usure prématurée des articulations, notamment du cartilage qui tapisse l’extrémité des os pour leur donner souplesse et élasticité. L’arthrite est une inflammation des tissus articulaires, parfois intense et généralisée (on parle alors de polyarthrite rhumatoïde). L’arthrose est beaucoup plus fréquente que l’arthrite.

Pour savoir si vous souffrez plutôt d’arthrose ou d’arthrite, observez bien vos articulations le matin au réveil. Si vous vous réveillez avec la sensation que votre corps est rouillé, que le moindre geste est difficile, et si cette sensation diminue peu à peu avec le mouvement, c’est que votre douleur est plutôt liée à l’arthrose. Elle peut aussi se réveiller brutalement, à l’occasion d’un mouvement brusque, mais dans ce cas, elle diminue avec le repos.

À l’inverse, au réveil, les articulations touchées par l’arthrite ne sont pas forcément immédiatement douloureuses*. Mais le mouvement fait naître la douleur au  l des heures, celle-ci devenant de plus en plus intense fur et à mesure que la journée s’écoule. Des poussées douloureuses spontanées peuvent aussi vous tirer du sommeil en deuxième partie de nuit. Un autre point de repère : les articulations touchées par l’arthrite sont rouges et enflées, alors que l’arthrose seule ne provoque pas ces symptômes.

La douleur provoquée par l’arthrose ne s’accompagne pas de signes biologiques repérables dans les bilans sanguins, contrairement aux états arthritiques généralisés qui laissent apparaître les signaux habituels de l’inflammation (augmentation de la vitesse de sédimentation et de la CRP notamment). Cependant, l’arthrose, en s’installant,  finit par entraîner une inflammation des tissus articulaires. Les deux types de manifestations se mélangent alors. Il reste cependant un moyen de distinguer l’affection première : l’arthrose touche une (ou plusieurs) articulation bien précise, alors que l’arthrite peut se balader dans le corps, passant d’une articulation à l’autre.

Cette distinction est importante, car elle permet de déterminer l’origine des troubles, et par là même, les meilleures solutions à leur apporter. Car l’usure qui caractérise l’arthrose est due à des phénomènes mécaniques : déséquilibre ostéoarticulaire ; manque d’exercice physique ou, au contraire, pratique trop intense du sport ; alimentation carencée en minéraux indispensables...

Alors que l’inflammation de l’arthrite est à mettre sur le compte d’autres facteurs, notamment l’accumulation de déchets métaboliques acides dans les tissus articulaires.

Les solutions seront donc tout aussi différentes et adaptées à chaque cas : exercice physique pour les uns, repos pour les autres ; nourriture vitaminée pour les uns, aliments drainants pour les autres ; plantes antalgiques pour les uns, huiles essentielles anti-inflammatoires pour les autres... Selon que l’arthrose s’accompagne ou non d’inflammation, et surtout selon l’intensité de cette dernière.
Dernier élément : l’origine de la douleur. Elle n’est pas toujours évidente. Car si une arthrose du pouce ou du coude provoque généralement une douleur locale clairement repérable, d’autres peuvent induire des souffrances éloignées. L’arthrose de la hanche, par exemple, peut se manifester dans le pli de l’aine ou dans le genou, alors que celle du cou peut irradier jusque dans l’épaule. C’est pourquoi une visite médicale préliminaire est toujours utile, afin de bien repérer l’articulation touchée, la nature et la gravité de l’atteinte.

Pluie, soleil et lune
C’est une idée vieille comme le monde : l’humidité et le froid augmentent les douleurs articulaires. Même si aucune étude sérieuse n’a permis de le confirmer, ceux qui souffrent de rhumatismes affirment souvent que leurs douleurs sont plus intenses en hiver. Cela peut s’expliquer. Dans la mesure où l’application de chaleur atténue à la fois la gêne et la douleur, il semble naturel qu’à l’inverse, le froid augmente ces manifestations désagréables.

L’hiver n’est pas le seul élément naturel qui exerce son influence sur les troubles articulaires. Les phases de la lune semblent jouer un rôle sur l’intensité des douleurs. Le Dr Jeanne Rousseau, chercheuse en pharmacie, l’explique ainsi : « Nous savons que la lune exerce un effet sur les masses liquides, largement perceptible à travers le phénomène des marées. Elle affecte aussi nos liquides internes (nous sommes constitués de près de 70 % d’eau !). » Ainsi, il semble qu’en période de lune décroissante et de nouvelle lune, le liquide synovial qui assure la lubrification des articulations devienne plus acide. Or, cette acidité renforce l’inflammation des tissus, ce qui stimule les poussées douloureuses.

Heureusement, la nature nous offre aussi un élément bénéfique : le soleil. Les os constituent les éléments de structure des articulations. De leur bon état dépend en partie la solidité articulaire. Nos os ont besoin, pour cela, de substances fournies par l’alimentation : vitamines, minéraux, oligoéléments (voir chapitre 2, p. 79). Mais l’une des vitamines essentielles à la bonne santé des os et des articulations échappe à cette source : la précieuse vitamine D, sans laquelle les minéraux ne sont pas bien assimilés par les tissus osseux et articulaires (calcium, phosphore, magnésium...). Si une partie minime est apportée par l’alimentation, le reste est produit par la peau sous l’action des rayons ultraviolets qui composent la lumière solaire.

Résultat : l’hiver, lorsque nous sortons moins et qu’un voile nuageux bloque les UV, nous produisons moins de vitamine D. Les minéraux indispensables sont moins bien assimilés par les tissus articulaires qui, avec le temps, risquent de se fragiliser. La solution est simple : il suffit d’aller se balader à l’extérieur dès que le soleil pointe le bout de son nez (en évitant bien sûr les heures les plus chaudes en été). Il suffit d’une demi-heure d’ensoleillement par jour pour assurer une bonne production de vitamine D.

Marie Borrel


 

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