Le respect des règles sanitaires : miser sur l’effet de groupe plutôt que sur la responsabilité de l’individu considéré isolément ?

 

De nouvelles recherches menées par une équipe internationale en comportement collectif, dont Guillaume Dezecachedu Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS – Université Clermont Auvergne),montrent que nous sommes plus susceptibles de suivre ce que font nos amis, plutôt que nos propres principes, lorsqu'il s'agit de restrictions en cas de pandémie. Ce résultat remet en question les hypothèses à l'œuvre dans de nombreuses campagnes et modèles. Cette étude a été menée sur plus de 6 500 personnes à travers le monde et a fait l’objet d’une publication dans la revue British Journal of Psychology.

 

 

Des campagnes de prévention prônant la responsabilité individuelle

C’est le message récurrent, le contrôle de l’épidémie de COVID-19 se fera grâce au respect des règles par le grand public. Ainsi les campagnes de prévention promouvant la distanciation sociale, les gestes barrières et autres mesures ont eu pour but de persuader les individus que la menace est grave et que le respect de ces mesures les protégera de la maladie. Pourtant, des décennies de recherche en sciences humaines montrent qu'un des principaux moteurs du changement de comportement est l'influence sociale exercée par les autres. Une équipe scientifique internationale, spécialisteen comportement collectifdont Guillaume Dezecache du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (LAPSCO, CNRS – Université Clermont Auvergne),a donc lancé une étude à l’échelle mondiale afin de déterminer le rôle de l’influence sociale dans le respect des règles sanitaires.

 

L’influence sociale, facteur principal du respect des règles sanitaires ?

Les scientifiques ont ainsi réalisé une enquête en ligne auprès de plus de 6 500 participants issus d’une centaine de pays pour connaître dans quelle mesure elles approuvaient et suivaient, ainsi que leur cercle social proche, les règles de Covid-19 actuellement en vigueur dans leur région. Ils ont ainsi découvert que le meilleur indicateur du respect des règles par les gens était la mesure dans laquelle leur entourage proche respectait les règles, ce qui avait un effet encore plus fort que l'approbation des règles par les gens eux-mêmes. Cette découverte est particulièrement importante car elle a été confirmée dans tous les groupes d'âge, tous les sexes et tous les pays composant le panel de l’enquête, et ce indépendamment de la gravité de la pandémie et de la force des restrictions.

Ces travaux de recherche mettent en évidence que les humains sont interdépendants et très affectés par ce que font les autres. Les chercheurs et chercheuses font l’hypothèse que pour réussir à mettre fin à cette pandémie et à respecter les mesures sanitaires, il faudrait obtenir l'approbation des collectifset exercer une influence sociale positive. Ils soulignent l’importance d’intégrer ces éléments dans les réponses politiques à la pandémie et suggèrentd’impliquer des scientifiques, spécialistes en comportement humain et social lors de la planification des prochaines étapes de la réponse à la pandémie, comme la manière de s'assurer que les gens respectent les restrictions prolongées ou les recommandations de vaccination.

 

Source

Ces travaux de recherche font l’objet d’une publication dans la revue British Journal of Psychology :

Tunçgenç, B., El Zein, M., Sulik, J., Newson, M., Zhao, Y., Dezecache, G. and Deroy, O. (2021), Social influence matters: We follow pandemic guidelines mostwhenour close circledoes. Br J Psychol. https://doi.org/10.1111/bjop.12491

 

Pour en savoir plus

Sur le LAPSCO : https://www.lapsco.fr/