Le jeûne dans la nature et chez l’homme


Le jeûne animal
La restriction de nourriture est observée dans le monde animal : c’est le jeûne spontané. N’étant pas conformés par des éducations, les animaux agissent par instinct, souvent dans le but d’une réparation corporelle. Et de fait, de nombreuses améliorations sont alors observées.

Le jeûne spontané de l’animal
La reprise alimentaire n’intervient que lorsque le jeûne a été suffisamment long pour résoudre le problème corporel auquel était exposé l’animal. Ainsi observe-t-on des chats, des chiens et autres animaux qui se déplacent, malades ou blessés, dans un antre retiré pour jeûner en se reposant. De temps à autre, ils sortent pour consommer de l’eau.

Le repos physique du corps, le repos physiologique de l’ensemble des organes dédiés à l’alimentation, et la consommation d’eau constituent leurs moyens de régénération. Les pérer de l’énergie et laisser « travailler » leur corps pour assurer leur guérison.

Diverses situations de jeûne animal
Le jeûne en situation de dommage corporel : un animal blessé ou malade décide instinctivement de ne pas s’alimenter. Ces jeûnes peuvent durer parfois plusieurs semaines. Notons que ce jeûne s’associe au besoin de s’isoler afin de mieux se reposer et de récupérer de l’énergie vitale. À intervalles réguliers, l’animal bouge pour boire de l’eau, et seulement de l’eau. Les repos physique et physiologique accompagnés d’apport d’eau représentent leurs choix instinctifs de guérison. Dans la nature, en situation d’anomalie corporelle, la réponse est donc de ne pas s’alimenter.

Le jeûne en manque de nourriture : les approvisionnements des animaux vivant à l’état naturel ne sont pas constants. Ils sont donc obligés de se contenter de provisions réduites, voire de jeûner durant des périodes parfois longues de disette. Cela peut aller jusqu’à l’inanition, et à l’extrême limite la mort. On observe d’ailleurs, chez les animaux vivant à l’état sauvage, une perte conséquente de masse pondérale au cours de l’hiver. Heureusement, leurs réserves alimentaires corporelles leur permettent de survivre longtemps ; la capacité de jeûner représente donc un facteur de survie important.

Le jeûne en situations particulières : certains animaux jeûnent durant la période de rut. L’apport alimentaire est réduit, mais ce n’est pas toujours un jeûne complet. Ces périodes de restrictions alimentaires se prolongent souvent peut observer de nombreuses modifications corporelles au cours du jeûne ; c’est le cas notamment de ceux qui passent de l’état de larve à celui d’insecte.

Le jeûne en hibernation : à l’état sauvage, les animaux doivent s’adapter à la saison hivernale. En Europe du nord, l’hiver est une période difficile : les journées sont courtes, accompagnées de températures basses. L’insuffisance de nourriture contraint alors les animaux à s’organiser pour survivre. Certains mettent en réserve des nutriments en prévision de ces temps difficiles ; à l’extérieur de leur habitat, comme les écureuils, ou comme pour le miel chez les abeilles. Pendant les périodes les plus froides, ils se protègent en dormant et en ne prenant aucune nourriture. À l’inverse, d’autres animaux emmagasinent leurs provisions de nutriments à l’intérieur d’eux-mêmes. Au cours de ce temps d’hibernation, l’état de sommeil est prépondérant. La respiration, la circulation sanguine chez les mammifères, leur métabolisme, sont très ralentis ; les fonctions vitales sont alors amenuisées et la température du corps peut s’abaisser considérablement ; la perte pondé- rale peut atteindre la moitié de la masse initiale. C’est ainsi qu’ils peuvent d’adapter aux rigueurs de la période hivernale. L’hibernation courante chez les animaux à sang froid (les serpents) existe aussi chez les animaux à sang chaud, ces animaux vivent en léthargie. Notons que pour la marmotte, il s’agit d’un état particulier conservant néanmoins la plupart des fonctions vitales à faible densité : l’excrétion, la circulation sanguine, la respiration, sont tout juste perceptibles.

L’hibernation ressemble à l’état de sommeil contrôlé. Hors L’hibernation de certains animaux comme l’ours brun est connue pour sa particularité : parfois la femelle donne naissance à des oursons en fin d’hibernation. L’ours noir du nord de la Russie se place sur un amas de feuilles vers la fin novembre et s’endort ; s’il n’est pas dérangé, cela durera jusqu’à la mi-mars, il vit sur ses réserves nutritives entreposées dans ses tissus à la belle saison. L’écureuil emmagasine des noisettes dans une cachette, il peut se réveiller pour les consommer ; c’est un hibernant partiel. Le blaireau hiberne durant parfois près de dix semaines. Le loir se dresse une cachette protectrice et il y dort cinq mois sans manger. Les chauves-souris hibernent également et cela peut durer la moitié de l’année ; leur ressource en nourriture doit suffire durant tout ce temps. Contrairement aux mammifères hibernants qui recherchent des endroits protégés des intempéries de l’hiver, les animaux « inférieurs » s’enterrent et leur température avoisine alors celle de l’extérieur. Naturellement, leur métabolisme s’abaisse. Les reptiles se cachent, enroulés, dans des creux propices. Les grenouilles, lézards, salamandres, certains poissons s’ensevelissent sous le sol gelé en surface ; leurs cellules vivent au ralenti. L’escargot fabrique avec sa bave une sécrétion qui bouche l’entrée de sa coquille. Les insectes hibernent en stade larvaire, enveloppés dans un cocon. Les abeilles et guêpes dorment, enfouies dans leurs cachettes, tout l’hiver. Tous se raniment au printemps, dès que la température devient clémente.

L’hibernation est déterminée par l’abaissement de la tem- pérature et l’absence de nourriture. Sa fin correspond à un retour de circonstances favorables. Ainsi, les ours mangent quartier d’hiver durant de nombreux mois. Cette période d’hibernation représente une situation de jeûne complet. Les animaux à sang chaud doivent maintenir une activité physiologique qui leur assure une chaleur corporelle minimale et gérer l’utilisation de leur réserve corporelle pour tenir jusqu’à une période plus favorable, il se produit pour cela un ralentissement des fonctions circulatoire et respiratoire. En effet, l’épuisement des réserves avant le retour du réchauffement provoquerait la mort par inanition. L’hibernation est une fonction de vie contrôlée par l’organisme qui réagit à la diminution de la température et des ressources intérieures. Le métabolisme, durant l’hibernation, tend à gérer les réserves nutritives disponibles. Ainsi, on peut considérer que l’hibernation représente une adaptation aux conditions ambiantes et notamment à la diminution des ressources nutritives. La réduction du métabolisme ne provient pas toujours de l’abaissement de la température, il tient compte de la nécessité de conserver des réserves nutritives.

L’utilisation de la nourriture est régie par l’oxydation des matières carbonées pour produire de la température. Cette utilisation est maintenue sous contrôle permanent. Même à température élevée, en jeûnant, le métabolisme est réduit afin de conserver les réserves nutritives. Ainsi, on constate que l’hibernation débute alors que la température est encore importante et la réserve de nourriture satisfaisante. Ce qui veut dire que le contrôle du métabolisme provient de décisions intérieures et non de la situation extérieure. En conclusion, l’animal qui hiberne n’est pas lié strictement aux conditions extérieures.

L’estivation : l’hibernation est communément dénommée s’appeler « le sommeil estival ». C’est une activité métabolique réduite qui permet à des animaux de se reposer. Souvent, ces périodes se déroulent en saisons sèches, pour ralentir leur activité. Ce repos physiologique n’est pas un état de torpeur, c’est une situation d’accommodement à une modification de l’environnement extérieur. On observe l’estivation principalement dans les zones tropicales durant les périodes de sécheresse, de forte chaleur quand la nourriture devient rare et que la végétation se place au ralenti. Certains mammifères ou insectes, estivent en s’endormant. Les crocodiles et autres alligators s’enterrent pour passer la période de manque d’eau. De même, certains poissons, tortues et grenouilles s’enfouissent dans la boue pour survivre durant la période hostile. Dans les déserts, des animaux herbivores dorment en période de sécheresse, lorsque la végétation vient à manquer. Comme pour l’hibernation, des mécanismes intérieurs corporels commandent l’estivation qui n’est pas seulement due aux conditions extérieures.

La durée d’abstinence alimentaire : c’est principalement durant le « sommeil hivernal » que se situent les périodes de réduction alimentaire les plus longues. Les organismes qui jeûnent subissent seulement une réduction de la grosseur des cellules. Le temps passé sans nourriture dépend de l’importance des réserves disponibles et de leur utilisation. Le temps de l’abstinence est plus long chez les animaux à sang froid que chez ceux à sang chaud. Les serpents ont la faculté de s’abstenir de nourriture durant une longue période, dépassant parfois une année. Pour les ours, les blaireaux, il s’agit de trois à cinq mois, durées déjà conséquentes.
Le jeûne est donc une situation importante dans la nature, jeûne est utilisé par les animaux pour assurer leur survie. Notons que le jeûne précède l’inanition, il permet de vivre au niveau physiologique le plus réduit, compatible avec la survie. Ainsi, les réserves internes sont économisées durant de longues périodes. La nourriture est alors utili- sée principalement pour garantir la survie des tissus vitaux et conserver les fonctions vitales. De même, en situations maladives, de fièvre, d’inflammation, de douleur, de crise émotionnelle vive, on observe la suspension de l’émission des sucs digestifs. Ainsi, l’envie de manger disparaît : il faut la respecter dans sa durée provisoire. Ce sont les réserves internes qui pourvoient alors à la survie naturelle. En période d’activité et de jeûne, les animaux consomment plus vite leurs réserves que lorsqu’ils se reposent et il n’y a aucun risque d’inanition avant qu’un certain pourcentage des réserves ne soit utilisé. Les animaux peuvent donc jeûner naturellement durant des périodes prolongées.

3. Le jeûne chez l’homme
L’homme est assujetti aux mêmes lois d’existence que les animaux et peut donc jeûner durant de longues périodes pour des raisons diverses.

Le jeûne en religion est une pratique ancestrale, suivie notamment dans les pays du Moyen-Orient, mais également en diverses contrées de la planète, par exemple en Inde chez les hindous.

Les druides jeûnaient en Europe, les Indiens en Amérique ; en Judée fut pratiqué le jeûne dit essénien ; le jeûne en tant que moyen curatif fut utilisé par la secte dite des « thé Chez les chrétiens, la période du carême se passait dans l’abstinence. Les conceptions médicales modernes ont décrié cette pratique de sorte que la religion catholique a renoncé à la notion d’abstinence alimentaire.


Notons que les musulmans pratiquent également un faux jeûne durant le ramadan : ils sont autorisés à manger après le coucher du soleil. Chez les juifs, le jeûne est réel, mais de courte durée. On a observé aussi le jeûne chez les Aztèques au Mexique, les Incas au Pérou, etc. Certains jeûnes furent préconisés par le bouddhisme et encore maintenus aujourd’hui.

Le jeûne, en diverses circonstances, a été utilisé pour atteindre des objectifs. Tel fut le cas de Gandhi qui jeûnait pour purifier l’Inde. Ces jeûneurs, y compris les grévistes de la faim, pensaient mettre leur vie en danger pour la cause qu’ils défendaient, alors qu’il n’en était rien et qu’ils pouvaient même en retirer des avantages. Ces jeûnes pouvaient également être considérés comme des périodes initiatiques dans le but d’être intégré dans des groupes ou des castes particuliers.

On note que le jeûne pour « guérir » de diverses maladies, a été pratiqué depuis l’Antiquité. Le jeûne est parfois utilisé en cas d’hibernation humaine, comme chez les Esquimaux qui se calfeutraient contre le froid et diminuaient considé- rablement leur apport de nourriture.

De nombreux longs jeûnes ont été enregistrés au cours de l’histoire humaine, ce qui prouve tout simplement qu’il est possible de supporter ces jeûnes longs de plusieurs dizaines de jours. Ainsi peut-on en conclure que le jeûne mené intel- ligemment n’est pas dangereux. Si l’homme peut s’abstenir réserve qu’il peut solliciter selon ses besoins personnels et même si les apports alimentaires sont impossibles.

Les pratiques de jeûne spontané en France se sont faites individuellement, en de nombreux endroits et de façon non coordonnée. Dans les années 1950, le mouvement hygiéniste français sous l’impulsion de Gérard Nizet, éditeur des ouvrages d’Herbert Shelton sur l’alimentation et le jeûne, créa un centre de jeûne dans le sud de la France qui perdura une vingtaine d’années.

Ce jeûne avec repos sera repris par Albert Mosseri dans un établissement de jeûne jusqu’en 1988. Depuis 1990, le centre Nature et Vie, animé par moi-même, propose ce type de jeûne appelé « jeûne statique ».

Parallèlement, en 1980, Gisbert Bolling, originaire d’Al- lemagne, s’installe en France pour proposer le jeûne en association avec la randonnée. Ce mouvement a proliféré et comporte de nombreux animateurs aujourd’hui. Ce type de jeûne est dénommé « le jeûne dynamique ». Les deux mouvements collaborent parfaitement.
 


Désiré Mérien   

                        
                                                                              

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