LA MÉDECINE CHINOISE : UNE SCIENCE OU UN ART ?

En Occident, aujourd’hui, on range la médecine dans le domaine des sciences. Pourtant, certains évoquent « l’art de guérir ». Alors, discipline scientifique ou artistique, la médecine ? Il semble que de notre côté du continent eurasien, nous ayons plutôt opté pour la première catégorie. L’évolution permanente de technologies médicales de plus en plus pointues rajoute encore à cette dimension. Dans l’Empire du milieu, la distinction est moins claire. Même si la médecine traditionnelle s’est dotée au fil du temps d’outils de réflexion de plus en plus modernes, elle a conservé son côté artistique. Rappelez-vous : l’organisation de la pensée chinoise, cette toile d’araignée qui crée sa cohérence, sous-tend de la même manière toutes les disciplines, de la philosophie à la médecine, de l’architecture à la musique, de l’art de la guerre à la peinture... Dans tous les domaines, il est question de rechercher l’équilibre.
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En Occident, aujourd’hui, on range la médecine dans le domaine des sciences. Pourtant, certains évoquent « l’art de guérir ». Alors, discipline scientifique ou artistique, la médecine ? Il semble que de notre côté du continent eurasien, nous ayons plutôt opté pour la première catégorie. L’évolution permanente de technologies médicales de plus en plus pointues rajoute encore à cette dimension.
Dans l’Empire du milieu, la distinction est moins claire. Même si la médecine traditionnelle s’est dotée au fil du temps d’outils de réflexion de plus en plus modernes, elle a conservé son côté artistique. Rappelez-vous : l’organisation de la pensée chinoise, cette toile d’araignée qui crée sa cohérence, sous-tend de la même manière toutes les disciplines, de la philosophie à la médecine, de l’architecture à la musique, de l’art de la guerre à la peinture... Dans tous les domaines, il est question de rechercher l’équilibre.

Médecine et peinture peuvent, par exemple, être mises en regard l’une de l’autre. Une peinture chinoise traditionnelle est composée de nombreux éléments différents (les arbres, l’eau, la brume, les montagnes...), possédant chacun une nature énergétique particulière. L’artiste en fait émerger une harmonie grâce à sa composition subtile. Chaque élément du tableau ne prend sa signification qu’en fonction du tout qu’en- semble ils composent.

De la même manière, le thérapeute en médecine traditionnelle chinoise réunit un grand nombre d’observations, dans des domaines très divers (au lieu de se concentrer sur la zone ou la fonction touchée comme le ferait un médecin occidental). C’est la partie scientifique de sa pratique, en ce qu’elle répond à des critères extrêmement précis et codifiés. Ensuite, il élabore une vision globale de son malade, mettant en perspective toutes ces observations. Le patient est toujours considéré comme un tout, et ce « cosmos en miniature* » doit dégager la même harmonie que la nature elle-même. C’est la partie artistique de la démarche médicale. Les déséquilibres sont perçus et interprétés en fonction de cet équilibre. Les gestes correcteurs qui en découlent ont la même fonction que les retouches du peintre : restaurer l’harmonie rompue.

Cela n’empêche pas la médecine traditionnelle chinoise d’être enseignée sur place de manière très sérieuse et rigoureuse, et pratiquée en milieu hospitalier. Chez nous, la formation en médecine chinoise ne fait pas partie des enseignements officiels de la faculté (exception faite de l’acupuncture). Mais il existe aujourd’hui des instituts et des écoles spécialisés qui forment des thérapeutes à l’ensemble de la discipline avec tout le sérieux requis. Seul problème : ceux qui en sortent, diplôme en poche, ne sont pas forcément médecins. Cela pose des difficultés aux yeux de loi car en France, seuls les praticiens diplômés de l’Université ont le droit de poser un diagnostic.

Si vous cherchez un thérapeute spécialisé en médecine chinoise, vous risquez ainsi de trouver des médecins et des non-médecins. Cette différence n’est pourtant pas ce qu’il y a de plus important. Des études menées dans plusieurs pays (notamment le Québec, la Suède, les Pays-Bas...) ont clairement montré qu’à formation égale, médecins et non-médecins obtenaient les mêmes résultats.
Ce qui compte avant tout, c’est le sérieux de la formation du thérapeute. Il vaut mieux un non-médecin qui a suivi un cursus complet (cela dure généralement cinq ans, voire davantage), qu’un médecin qui a saupoudré sa pratique occidentale de quelques gestes exotiques appris en quatre ou cinq week-ends de stage. Alors renseignez-vous sur l’école qui a délivré le diplôme de votre thérapeute. Un autre indice : cette pratique demande du temps, surtout pour la première séance qui peut durer une heure, voire une heure et demie. S’il vous expédie en dix minutes, vous avez le droit de nourrir des doutes à son encontre.

L’apprentissage de la médecine chinoise est très long et rigoureux. Il faut de nombreuses années d’enseignement et de pratique pour en saisir toute la subtilité. Aucun ouvrage ne peut prétendre vous « apprendre » la médecine chinoise. Mais nous espérons que la lecture de celui-ci pourra vous aider à pénétrer dans ce vaste univers, si différent de notre médecine moderne, et vous en montrer à la fois la complexité, la cohérence et l’efficacité.

UNE MISE EN PRATIQUE DE PLUS EN PLUS FACILE
Heureusement, il n’est pas forcément nécessaire de consulter pour utiliser certains outils de la médecine traditionnelle chinoise. Même si une automédication ciblée ne remplace pas le recours au thérapeute, vous pouvez intégrer certains gestes, comme l’alimentation, le Do-in ou le Qi gong, dans votre vie quotidienne dans le but de renforcer votre énergie vitale. Vous pouvez aussi soigner vous-même certains problèmes courants en stimulant des points d’acupuncture ou en privilégiant certains aliments. En plus, quelques médecins occidentaux ont étudié nos plantes médicinales courantes à la lumière de la classification énergétique chinoise, ce qui nous permet d’utiliser le tilleul ou la verveine d’une manière différente, en collant au plus près de leurs vertus énergétiques.

Vous êtes prêt à partir à la découverte d’un continent rempli de surprises ? Nous vous proposons d’abord de faire connaissance avec les grands principes de base de la médecine chinoise, avant d’explorer les outils qu’elle met à votre disposition. En route...

Dr Philippe Maslo / Marie Borrel


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