LA MÉDECINE CHINOISE ET L’OCCIDENT...

La communication entre médecine chinoise traditionnelle et médecine occidentale moderne est récente. Pendant plusieurs millénaires, ces deux approches si différentes se sont développées sans avoir connaissance l’une de l’autre. C’est seulement au cœur du xviie siècle, en 1670, qu’un missionnaire français, le père Harvieux, a rapporté pour la première fois de Chine la description d’une étrange pratique, consistant à soigner les malades en piquant de très fines aiguilles dans leur corps. C’est l’acupuncture qui, déjà, avait retenu son attention. Il est vrai que les autres méthodes thérapeutiques issues de la médecine chinoise sont plus discrètes et moins étranges à nos yeux. Rappelons qu’à l’époque, la médecine occidentale se contentait de pratiquer des saignées et de poser des sangsues.
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La communication entre médecine chinoise traditionnelle et médecine occidentale moderne est récente. Pendant plusieurs millénaires, ces deux approches si différentes se sont développées sans avoir connaissance l’une de l’autre. C’est seulement au cœur du xviie siècle, en 1670, qu’un missionnaire français, le père Harvieux, a rapporté pour la première fois de Chine la description d’une étrange pratique, consistant à soigner les malades en piquant de très fines aiguilles dans leur corps. C’est l’acupuncture qui, déjà, avait retenu son attention. Il est vrai que les autres méthodes thérapeutiques issues de la médecine chinoise sont plus discrètes et moins étranges à nos yeux. Rappelons qu’à l’époque, la médecine occidentale se contentait de pratiquer des saignées et de poser des sangsues.

Les écrits du père Harvieux n’ont pas fait grand bruit sur le moment. Il fallut attendre les années 1930 pour qu’un consul de France en poste en Chine, Georges Soulié de Morand, publie le premier ouvrage consacré au sujet (l’acupuncture, toujours), après avoir rapporté un grand nombre d’informations sur cette curieuse pratique.

Dans les années 1970, les Occidentaux purent enfin voir, à la télévision, des images « incroyables » d’interventions chirurgicales pratiquées sur des patients parfaitement réveillés dont le corps était piqué d’aiguilles. L’acupuncture, encore elle, intrigua nombre de téléspectateurs médusés. La Chine paraissait alors moins lointaine et les philosophies orientales avaient fait une percée dans le sillage du mouvement hippie. Un intérêt croissant pour les civilisations asiatiques permit d’entrouvrir certaines portes.

Cet intérêt, d’abord motivé par l’aspect exotique de l’acupuncture, rencontra une médecine chinoise en pleine évolution. Car pendant la révolution chinoise, certains dirigeants avaient lancé des programmes d’évaluation afin de mesurer l’efficacité de leur pratique médicale ancestrale. Histoire de voir si elle pouvait rivaliser avec la médecine occidentale et, surtout, si elle pouvait résister à l’expansion de notre science moderne qui tendait alors à éradiquer toutes les pratiques traditionnelles qu’elle considérait comme des folklores sans importance. Dans les années 1950, des milliers d’expériences et d’études cliniques avaient été menées avec succès. En 1958, le Comité central du parti communiste chinois décida même, officiellement, d’accorder la même place, dans ses programmes de santé, aux pratiques traditionnelles et à la médecine occidentale. C’est sans doute ce qui a sauvé cette médecine très ancrée dans la société chinoise depuis trois mille ans.

CHOISIR L’UNE OU L’AUTRE ?
Ainsi, c’est l’acupuncture qui a été le fer de lance de la médecine traditionnelle chinoise en Occident, même si cette pratique, jugée assez intrusive en Chine, intervient seulement lorsque d’autres thérapeutiques, moins insolites à nos yeux, n’ont pas réussi à juguler les problèmes (alimentation, massages, plantes...). L’acupuncture a entraîné dans son sillage toute la médecine chinoise, qui est aujourd’hui pratiquée en tant que telle, dans sa globalité, dans les pays occidentaux.

Nous avons donc aujourd’hui, à portée de main, deux approches différentes et néan- moins complémentaires. Car la médecine chinoise est souvent active là où la médecine occidentale, d’une efficacité sans égale dans certains domaines, peine à obtenir des résultats. Rien ne remplace, par exemple, les interventions de microchirurgie oculaire capables d’améliorer la vision des personnes atteintes de cataracte, ou les traitements antibiotiques puissants qui parviennent à éradiquer des germes dont l’expansion fulgurante met rapidement en danger la vie des patients. La médecine chinoise ne peut pas davantage soigner les personnes diabétiques dont le pancréas a totalement cessé de fonctionner et qui ne doivent leur salut qu’à l’injection régulière de doses d’insuline, ou celles dont les reins ne sont plus opérationnels et que les médecins hospitaliers mettent sous dialyse.

Mais tant que les organes sont encore capables de fonctionner, la médecine traditionnelle chinoise a un rôle à jouer. C’est même là qu’elle vient compléter le mieux la médecine occidentale. Car si cette dernière sait très bien résoudre les maladies lésionnelles, elle a plus de mal avec certains troubles fonctionnels comme l’insomnie, l’anxiété chronique, les maladies inflammatoires digestives... La médecine chinoise obtient d’excellents résultats dans ces domaines, en considérant toujours la maladie d’un point de vue énergétique. Le rééquilibrage peut venir à bout de problèmes aussi divers que les douleurs articulaires (arthrite, arthrose, lombalgie, torticolis), les troubles cardiovasculaires (hypertension artérielle, hémorroïdes, insuffisance veineuse, palpitations), les déséquilibres du transit (constipation, diarrhée), les maladies dermatologiques (eczéma, psoriasis, herpès, zona). Pour ne citer que quelques exemples. Elle peut aussi soigner certains troubles psychosomatiques ou psychologiques (angoisse, phobie, dépression) en leur appliquant la même lecture énergétique qu’aux problèmes physiques.

Alors l’une ou l’autre ? Il n’est pas forcément nécessaire de choisir. Car les médecines chinoise et occidentale peuvent cohabiter au sein du même traitement lorsque c’est nécessaire (dans les pathologies graves notamment), sans que des interactions néfastes soient à craindre. En plus, contrairement à sa cousine de l’ouest, la médecine chinoise provoque peu d’effets secondaires. Son temps d’action dépend des déséquilibres énergétiques, de leur ampleur et de leur ancienneté. La durée des traitements est donc très variable.

Dr Philippe Maslo / Marie Borrel


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