Sondage OpinionWay
70 % d’un échantillon de population représentative de la population française âgé de 18 ans et plus, ne voit aucun problème à laisser des adolescents mineurs consommer de l’alcool à l’occasion des repas des fêtes de fin d’année, 30% estiment même qu’il est possible de servir de l’alcool à des adolescents de moins de 15 ans, ce sont quelqu’uns des chiffres qui ressortent de l’étude « Les Français, les enfants et l’alcool » commandée par la Ligue contre le cancer à OpinionWay à l’occasion du Dry January ou Défi de Janvier. Un chiffre qui atteste d’une large méconnaissance des dangers de l’alcool et tout particulièrement du risque de développer une addiction qui peut résulter de la consommation précoce d’alcool. En effet, le cerveau de l’adolescent, à cause de son processus de maturation inachevé, est plus particulièrement vulnérable aux substances psychoactives (dont l’alcool). Les neurosciences estiment en effet que le cerveau devient adulte aux alentours de 25 ans.
Largement banalisé dans la culture française, l’alcool est pourtant le deuxième facteur de risque évitables de cancers, à l’origine chaque année, de 28 000 nouveaux cas. Reconnu comme cause dans de nombreux cancers : bouche, gorge, larynx, œsophage, estomac, foie, sein ou encore colorectal. L’éthanol contenu dans l'alcool se transforme en métabolites toxiques carcinogéniques qui agressent les cellules et en particulier l'ADN, favorisant ainsi le développement du cancer.
À quelques jours du lancement de la cinquième édition du défi de janvier, le Dry January, la Ligue contre le cancer dévoile les résultats d’un sondageOpinionWay inédit mené auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 ans et plusainsi qu’auprès d’un échantillon additionnel de parents, pour tenter de mieux appréhender le lien complexe des familles à l’alcool, pour mieuxsensibiliser le plus grand nombre à ses dangers etpourrappeler la nécessité d’agir à grande échelle aux pouvoirs publics.
« Notre pays a toujours eu une position ambiguë vis-à-vis de l’alcool. Les paradoxes des messages de prévention et des messages envoyés par les pouvoirs publics qui n’agissent souvent qu’avec modération, ont une conséquence très claire : si les Français, et tout particulièrement les parents, sont conscients de la nécessité de réduire la consommation d’alcool et de l’interdire pour les plus jeunes, ils banalisent souvent leur propre consommation et celles de leurs enfants. Il est plus que temps en 2024 de mettre fin à cette ambiguïté délétèreet de porter clairement des messages de prévention accompagnés d’actes concrets, comme cela commence à être le cas pour le tabagisme. En tant qu’association, il est de notre responsabilité de le répéter inlassablement tant aux pouvoirs publics qu’aux Français de tous âges : l’alcool rend malade, l’alcool tue, nous devons tous agir à notre échelle.Et si chacun se lançait le défi de janvier pour commencer cette prise de conscience ?»propose Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.
Débanaliser la consommation d’alcool : un défi toute l’année
Effarée par les résultats de son étude « Les Français, les enfants et l’alcool » qui mettent une nouvelle fois en évidence une perception trop inoffensive du produit dans la société et une place trop festive de l’alcool dans les familles, la Ligue contre le cancer réaffirme sa volonté de lutter contre la banalisation de la consommation d’alcool et sa détermination à changer l’image sociétale de l’alcool.En effet, En 2021, 22% des Français dépassaient les seuils limites de consommation recommandés.Les jeunes sont particulièrement exposés, 86% déclarent avoir consommé de l’alcool avant l’âge de 17 ans. Les alcoolisations ponctuelles sont très souvent perçues par les adolescents buveurs comme inoffensives pour la santé, loin de l’addiction à l’alcool toujours associée à une consommation quotidienne (Escapad 2022 OFDT).
Prévenir, informer, sensibiliser, oui, c’est essentiel. Mais il faut aussi aller plus loin, et diffuser au plus grand nombre des messages d’exemplarité, pour protéger les jeunes dont on connait la vulnérabilité à l’alcool et la sensibilité à l’influence.
Comment ?
Depuis de nombreuses années, la Ligue contre le cancer défend des mesures concrètes, qui ont pour certaines prouvé leur efficacité chez nos voisins européens :
Mettre en oeuvre un Plan National de lutte contre l’alcool, à l’instar du Plan National de Lutte contre le Tabagisme, afin de définir une politique gouvernementale volontariste, coordonnée et pérenne et d’identifier des objectifs et des indicateurs ambitieux. Passer d’une prévention de l’« excès » à une politique de prévention de la consommation d’alcool. Il est plus que temps que les pouvoirs publics arrêtent de subir l’influence des alcooliers, pour arriver à la mise en place de mesures concrètes pour lutter efficacement contre la seconde cause de cancer.
Prévenir la consommation de l’alcool auprès des plus jeunes dans un esprit de dénormalisation passe également par une prise de conscience sur les paradoxes et incohérences de la prévention sur l’alcool et la nécessité d’un rétropédalage vers ce qu’était la loi EVIN sur l’affichage.
Le 1er mai 2018, l’Écosse est devenue le premier pays de l’Union européenne à introduire un prix minimal pour l’alcool, afin d’empêcher les ventes d’alcool à prix cassé. Depuis, la consommation d’alcool dans ce pays a baissé de 3%, atteignant son niveau le plus bas depuis 25 ans. En janvier 2022, la République d’Irlande a fixé à son tour un prix minimum de vente des boissons alcoolisées vendues en magasins et supermarchés.
Alcool et Cancer Même si avec 68 000 cas de cancer par an, le tabac reste de loin le premier facteur de risque de cancer, l’alcool avec 28 000 nouveaux cas de cancer par andemeure l’un des facteurs de risques largement sous-estimé.
En 2015, on estimait à 41 000 le nombre de décès attribuables à l’alcool, dont 30 000 décès chez les hommes et 11 000 décès chez les femmes (soit respectivement 11 % et 4 % de la mortalité des adultes de 15 ans et plus). Parmi les causes de décès associées à la consommation d'alcool, les cancers occupent la première place avec 16 000 décès par an[1]. Pourquoi est-il indispensable de protéger les jeunes ? L'alcool peut entrainer des dommages irréversibles sur le développement de certaines parties du cerveau, en maturation jusqu'à l'âge de 25 ans. Une initiation précoce à l'alcool favorise les risques de dépendance à l'âge adulte. |
« Les Français, les enfants et l’alcool » :
une étude inédite de la Ligue contre le cancer
En France, la consommation d'alcool par des mineurs est trop souvent banalisée, considérée comme normale voire amusante ou festive, comme le démontrent une nouvelle fois les résultats de l'étude menée par OpinionWay pour la Ligue contre le cancer :
Selon les Français, quel est l’âge « acceptable » pour goûter l’alcool ?
Pour les Français en général comme pour les parents, l’alcool reste un produit de consommation banal
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Quel type d’alcool et à partir de quel âge ?
L’âge moyen jugé acceptable pour faire goûter pour la première fois aux mineurs :
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En détails :
« OpinionWay a également demandé aux Français à quel âge ils avaient eux-mêmes gouté des boissons alcoolisées pour la première fois. Selon les résultats, les Français déclarent avoir goûté de l’alcool pour la première fois encore plus jeunes que l’âge qu’ils considèrent aujourd’hui comme acceptable. » explique Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.
Les fêtes de fin d’année, des moments propices à la dénormalisation et à la consommation d’alcool
Alors que 53% des Français envisagent de réduire le budget consacré aux boissons alcoolisées pendant les fêtes de fin d’année en raison de l’inflation, consommation d’alcool et fêtes de fin d’année demeurent indissociables.
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En matière de consommation de boissons alcoolisées par des enfants de moins de 18 ans, 32% des Français (46% des moins de 35 ans ; pour 58% des artisans, commerçants et chefs d’entreprise et pour 39% des parents ayant un seul enfant mineur au sein du foyer) estiment que les fêtes de fin d’année sont le bon moment pour faire goûter pour LA PREMIERE FOIS.
Plus précisément :
40% des Français n’en tiendront pas rigueur à leur proche ;
35% des parents d’enfants de moins de 18 ans n’en tiendront pas rigueur à leur proche.
L’alcool : un produit de fête, encore plus dans les catégories socio-professionnelles favorisées
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| Et si en janvier on faisait une pause avec l’alcool ?
Fort de son succès grandissant année après année (jusqu’à un tiers des Français pensaient y participer en 2023 selon https://dryjanuary.fr ), le Défi de Janvier – Dry January revient en France pour une 5ème édition !
Le principe est inchangé : inviter toutes celles et ceux qui le souhaitent à faire une pause avec l’alcool à partir du 1er janvier et jusqu’à la fin du mois. Meilleur sommeil, regain d’énergie, économies d’argent, plus grande concentration et une consommation qui reste maîtrisée plusieurs mois après janvier : les bénéfices d’une pause dans sa consommation d’alcool sont nombreux ! |
Méthodologie du sondage OpinionWay Echantillon de 1225 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Un suréchantillon a été réalisé afin d’obtenir un total de 528 parents d’enfants de moins de 18 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’échantillon a été interrogé par questionnaire autoadministré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview).Les interviews ont été réalisées du 12 au 14 décembre 2023 |
[1] Source : Institut National du Cancer
A PROPOS DE LA LIGUE CONTRE LE CANCER
1er financeur associatif indépendant de la recherche contre le cancer, la Ligue contre le cancer est une organisation non-gouvernementale indépendante reposant sur la générosité du public et sur l’engagement de ses militants. Forte de plus de 500 000 adhérents et 20 000 bénévoles, la Ligue est un mouvement populaire organisé en une fédération de 103 Comités départementaux. Ensemble, ils luttent dans quatre directions complémentaires : chercher pour guérir, prévenir pour protéger, accompagner pour aider, mobiliser pour agir. Aujourd’hui, la Ligue, fait de la lutte contre le cancer un enjeu sociétal rassemblant le plus grand nombre possible d’acteurs sanitaires mais aussi économiques, sociaux ou politiques sur tous les territoires. En brisant les tabous et les peurs, la Ligue contribue au changement de l’image du cancer et de ceux qui en sont atteints. Pour en savoir plus : www.ligue-cancer.net