La fibromyalgie : une maladie psychosomatique ?

Aujourd’hui encore, on rencontre des médecins «  fibro-sceptiques », qui voient dans la fibromyalgie un trouble entièrement psychosomatique. Entendez : une maladie imaginaire. Car pour eux, les symptômes (à commencer par la douleur) doivent être objectivables par un certain nombre d’examens de contrôle pour être réels. Or, la  fibromyalgie échappe souvent à ces critères. Prenez le cas d’une autre maladie très douloureuse : la polyarthrite rhumatoïde. Les douleurs sont alors liées à un état inflammatoire des articulations, lequel est clairement perceptible lorsque l’on dose les marqueurs inflammatoires sanguins. D’autres douleurs sont visibles sur les clichés radiographiques ou échographiques : usure des tissus en cas d’arthrose ; malposition des disques vertébraux en cas de hernie discale... Rien de tout cela n’apparaît en cas de  fibromyalgie.
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Aujourd’hui encore, on rencontre des médecins «  fibro-sceptiques », qui voient dans la fibromyalgie un trouble entièrement psychosomatique. Entendez : une maladie imaginaire. Car pour eux, les symptômes (à commencer par la douleur) doivent être objectivables par un certain nombre d’examens de contrôle pour être réels. Or, la  fibromyalgie échappe souvent à ces critères. Prenez le cas d’une autre maladie très douloureuse : la polyarthrite rhumatoïde. Les douleurs sont alors liées à un état inflammatoire des articulations, lequel est clairement perceptible lorsque l’on dose les marqueurs inflammatoires sanguins. D’autres douleurs sont visibles sur les clichés radiographiques ou échographiques : usure des tissus en cas d’arthrose ; malposition des disques vertébraux en cas de hernie discale... Rien de tout cela n’apparaît en cas de  fibromyalgie.

Pourtant, les douleurs sont bien réelles. Quand bien même la  fibromyalgie aurait une dimension psycho-émotionnelle (et c’est le cas !), cela n’en fait en rien une maladie imaginaire. Les malades souffrent vraiment, au point parfois d’être contraints d’abandonner leur travail et de réduire leur mobilité. Le fait que ces douleurs soient difficilement objectivables avec les outils courants de la médecine moderne n’y change rien. Les symptômes existent bel et bien, et ils perturbent gravement la vie des personnes qui en souffrent.

Revenons un instant sur le sens du terme « psychosomatique ». Les détracteurs de cette notion (de moins en moins nombreux, il est vrai) estiment qu’il n’y a pas de lien entre « la tête et le corps ». Ils restent  figés, accrochés à l’idée selon laquelle ce qui se passe dans notre corps n’aurait rien à voir avec nos émotions, nos pensées et la tension nerveuse que les unes et les autres déclenchent en nous. Cette vision de l’homme « coupé en deux » perdure depuis le xviie siècle et le célèbre « Je pense donc je suis » de René Descartes*. Et elle a la vie dure !

Pourtant, elle a été mise à mal à de nombreuses reprises, et le développement des neurosciences au cours des dernières décennies lui a donné un dernier coup de grâce. En effet, les neuroscientitiques ont montré que nos émotions et nos pensées affectent notre vie neuro-cérébrale. Ils y sont parvenus en visualisant la manière dont le fonctionnement métabolique et hormonal du cerveau et du système nerveux sont modifiés par ce que nous vivons. Et les images qu’ils obtiennent sont irréfutables. Selon ce que nous pensons et ce que nous ressentons, certaines régions cérébrales sont plus activées que d’autres. Le cerveau étant le « général en chef » de notre corps, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que ces modifications biochimiques et métaboliques cérébrales se répercutent dans tout notre organisme.

Alors oui, nos pensées et nos émotions influencent notre équilibre et notre santé. En permanence. En toutes circonstances. Elles provoquent des effets plus ou moins importants selon les situations, mais aussi selon la capacité de résistance de chacun et son aptitude à trouver des conduites adaptées. Cependant, toute maladie et tout déséquilibre comportent un versant somatique (le corps) et un versant psycho-émotionnel. La  fibromyalgie n’échappe pas à cette règle. Sa part psycho-émotionnelle y est même plus importante que dans nombre d’autres troubles. Mais une fois encore, pour psychosomatique qu’elle soit, la  fibromyalgie n’en est pas moins une maladie sérieuse. Une « vraie » maladie, qui demande une prise en charge globale.

Marie Borrel


 

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