La diathèse en médecine


Tout être est ce qu’il est en naissant : c’est sa nature ou sa constitution ; et ce qu’il devient par la suite, c’est son évolution ou son tempérament. D’où, le comportement de tout être humain devant la maladie, qui varie suivant ces deux coordonnées.

Le docteur Vannier résume cela en une phrase lapidaire parfaite :
- la constitution est « ce qui est » ;
- le tempérament est « ce qui devient ».
Ces deux choses forment ce que l’on appelle en médecine le « terrain », ou diathèse.

Or, si au début de la vie, tout être est strictement conforme à sa nature originelle, par la suite il a une évolution qui vient se surajouter ou se greffer sur sa nature originelle, au point même parfois de la masquer complètement.

Il est facile à comprendre que tous les terrains diffèrent, tant à l’origine (« ce qui est »), que par la suite (« ce qui devient »), que les évolutions et les modes de vie sont pratiquement tous dissemblables, et que les traitements médicaux - qui ne sont pas des passe partout (ou qui ne devraient pas l’être) - doivent être différents selon les terrains et selon la façon dont chaque être réagit devant la maladie.

La classification des terrains ou diathèses n’est pas aisée à faire. Avec la plupart des auteurs contemporains, il y a lieu de considérer 5 sortes de terrains ou diathèses, compte tenu qu’un terrain est rarement strictement typique et que la plupart du temps ils sont imbriqués les uns dans les autres, comportant souvent un peu de l’un, un peu de l’autre, pour ne pas dire un peu de tous à la fois dans une seule personne.

Compte tenu aussi que les 4e et 5e catégories de diathèses sont très proches l’une de l’autre, et compte tenu encore des impondérables qui font qu’en médecine 2 et 2 ne font pas 4 et que, parfois, sous des influences puissantes et diverses (extérieures ou intérieures) un timide devient effronté, un découragé devient audacieux, un froussard devient téméraire, ou mieux en termes médicaux un anergique devient un allergique, ce qui est juste l’opposé... Mais c’est quand même rare !

Ménétrier a décrit quatre diathèses fondamentales : allergique, hypostfaénique, dystonique, anergique. Et certains y ajoutent une cinquième : le syndrome de désadaptation ou syndrome endocrin- ien.

L’allergie, ou arthritisme
L’allergique réagit violemment contre toutes les agressions infectieuses, toxiques ou même psychologiques. C’est le fatigué du matin, long à se mettre en forme à mesure que la journée avance, pour finalement être l’homme du soir, increvable, optimiste, qui n’arrive pas à se décider à aller se coucher. C’est un sujet jeune le plus souvent qui, à mesure qu’il vieillit, va évoluer vers la dystonie, ou 3e catégorie des diathèses.

Son oligo-élément est le Manganèse (l’anti-allergique polyvalent par excellence) que l’on a souvent intérêt à compléter par le Soufre (le désensibilisant universel) et, en cas de besoin, par l’Iode (régulateur thyroïdien).

À noter que le Soufre et l’Iode sont un peu des passe-partout colloïdaux, et qu’ils sont capables de compléter toutes les catégories de diathèses, selon besoin.

À noter aussi que les allergiques (ou arthritiques) sont réputés pour vivre plus longtemps que les autres, car ils éliminent leurs toxines à mesure qu’elles se forment, sans leur laisser le temps de s’accumuler. Leurs phénomènes pathologiques sont aigus et parfois bien empoison- nants, mais rarement graves, mises à part certaines formes d’asthme suffoquant, aujourd’hui spectaculairement et rapidement améliorées par une piqûre de cortisone (dont, avec le rhumatisme articulaire aigu, c’est une des très rares et légitimes indications).

L’hyposthénie, ou arthro-tuberculose
C’est en général un adulte qui, à mesure que la journée avance, présente de l’asthénie progressive, qui peu à peu détruit la confiance qu’il a en lui, et le rend angoissé et pessimiste. Il a besoin de beaucoup de repos et de détente pour « recharger ses accus », et retrouver ses possibilités de travail.

Son oligo-élément est la formule Manganèse-Cuivre, qu’un auteur humoristique, mais très réaliste, conseille de donner à tous les patraques avec Cuivre-Or-Argent.

On complète bien entendu, si besoin, avec Soufre et Iode ; mais ici Phosphore, Fluor et Silice sont parfois indiqués comme compléments colloïdaux.

La dystonie, ou neuro-arthritisme
Cette troisième catégorie s’adresse surtout à la cinquantaine, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. C’est le médicament du « retour d’âge » ou, comme disait un autre auteur non moins humoristique, mais morbide, c’est le médicament du commencement de la fin : les tissus sont moins souples, les muscles moins toniques, les vaisseaux ont tendance à se durcir petit à petit, surtout en cas de surcharges diverses (urée, cholestérol, acide urique, etc.), et à devenir durs et friables. À cette période de la vie, attention au démon de midi, qui fait agir des cinquantenaires comme des jeunes de 20 à 30 ans, sous prétexte que les jours s’écoulent, sans retour, de plus en plus vite, et qu’il faut en profiter pendant qu’il en est encore temps, « pour réunir, avant d’en finir, les joies qui font les heures brèves », comme dit la chanson de Tarakanova.

Le premier résultat de cette façon d’agir, est de brûler la chandelle par les deux bouts, et d’abréger le temps qui reste encore à vivre car, comme disait mon révéré père, « tout homme prépare son 3e âge ». Et c’est justement en cette période de la vie qu’il faut économiser la somme d’énergie vitale dont on dispose encore... car, inéluctablement, l’évolution se fait vers l’artériosclérose.

Son oligo-élément est la formule Manganèse-Cobalt, le remède de la diathèse neuro-arthritique, de l’arthritisme avec dystonie vago-sympathique et prédominance sympathicotonique, régulateur des troubles ovariens et coronariens.

On complète bien entendu, si besoin, avec Soufre et Iode. Mais surtout avec Cobalt (spasmes artériels, migraines) et Magnésium anti-sénescent).

L’anergie
Cette quatrième catégorie est tout l’opposé de l’allergie.
Ce qui la caractérise c’est le manque d’autodéfense de l’organisme devant les agressions, d’où qu’elles viennent : physiques, infectieuses, toxiques, psychologiques...

L’anergique reste passif au physique comme au moral, et ne réagit pas ; « il ne lève même pas le petit doigt pour se défendre ».

Son asthénie, d’abord intermittente, a tendance à devenir continue, et à se transformer en atonie, allant de l’indifférence au dégoût de l’existence, et à la démission devant ses responsabilités. C’est, comme dit Pommier, la maladie des dirigeants découragés, des chefs d’entreprise surmenés et, ajoute le docteur Borianne, des vaincus de la vie !

Son oligo-élément est le complexe Cuivre-Or-Argent, renforcé par le Magnésium, le Phosphore et le Lithium.

L’évolution se fait vers une présénescence précoce avec souvent confusion intellectuelle, obnubilation... obligeant ce genre de malade à cesser toute activité et à prendre sa retraite, ce qui est bien la pire chose à faire, car elle est définitive et le malade ne se sent plus bon à rien...

La désadaptation
Très proche de la précédente, la cinquième catégorie des diathèses est ce que certains appellent la désadaptation, mais qui à notre avis (et nous ne sommes pas le seul à le penser) est plutôt un syndrome endocrinien qu’une diathèse.

Car, comme écrit J. Sal : « Ce syndrome de désadaptation n’est pas une vraie diathèse, dans ce sens qu’il n’est pas en lui-même une disposition morbide
- ou bien il s’ajoute à une des diathèses ci-dessus,
- ou bien, provoqué par un « stress » quelconque, il devient le facteur qui détermine le passage d’un sujet auparavant sain vers telle ou telle diathèse pathologique.

« On aura l’attention attirée vers ce syndrome lorsque l’on constatera l’existence de perturbations faisant penser à un déséquilibre soit hypophyso-pancréatique, soit hypophyso-surrénalien ou gonadique. »

Du point de vue psychique et physiologique la désadaptation se reconnaît à son asthénie psychique et cyclique, ses dépressions transitoires, ses crises hypoglycémiques, avec les bien connus coups de pompe précédant souvent les repas, accompagnés de fringales, perte de l’appétit sexuel (frigidité ou impuissance...).

La désadaptation peut se voir à tous les âges ; le sujet, par périodes, n’a plus aucune réaction ; il n’est pas bien dans se peau ; il perd ses forces et son moral ; avec parfois des retours en forme spectaculaires et déconcertants...

Son oligo-élément est la formule Zinc-Cuivre, qu’il est souvent utile de renforcer par Zinc-Nickel-Cobalt, dont la particularité est l’asthénie du crépuscule (Fatigue vespérale).

Cet essai de classification des terrains en diathèses n’a rien d’absolu. Comme on l’a déjà dit, les diathèses peuvent être intriquées les unes dans les autres, ou passer de l’une à l’autre en cours d’évolution : il y a ce qu’on naît, et par la suite ce qu’on devient.

La diathèse, comme dit Ménétrier, exprime généralement la transition entre l’état de santé et l’état lesionnel. Une atteinte pathologique est la conséquence d’un trouble de plus en plus grand des échanges ioniques et d’un blocage progressif des fonctions régulatrices ; la lésion, résultat de la maladie, est provoquée par un désordre métabolique sur un point précis de l’organisme, que l’on appelait jadis « locus minoris resistentiae », le lieu de moindre résistance.

« Il existe en outre, écrit Feldmann dans la Psychologie médicale, des évolutions naturelles passant de la diathèse I ou 2 à la diathèse 3 à l’âge adulte. Ce passage, dans les conditions d’évolution naturelle, se fera lentement, et il faut le déterminer pour pouvoir aider l’organisme à réagir avant le vieillissement. En cas de diathèse anergique, il faut intervenir aussi rapidement que possible.
« Mais il existe des évolutions artificielles, dues à une agression externe ou interne, amenant le sujet à perdre le goût de l’action, à envisager son avenir comme fermé et, comme on le dit vulgairement, à « prendre un coup de vieux » prématurément. Le sujet présente une lassitude généralisée, des crampes, se « sent mal dans sa peau », et est fatigué dès le matin, incapable de tout effort prolongé, parfois excitable le soir avec des «coups de pompe» de plus en plus fréquents.

« L’effet des oligo-éléments, régulateurs de l’organisme, va amener une régression des troubles, mais peut aussi provoquer le passage inverse d’une diathèse à l’autre.

«Dans le cas du vieillissement prématuré que nous venons d’envisager, l’action du complexe Cuivre-Or-Argent transforme rapidement l’individu anergique, déprimé et sans courage, en une personne pleine de vitalité et d’euphorie et d’optimisme, qui risque de devenir par la suite nerveux, irritable ou agressif. Il faudra alors ajouter du Manganèse afin que les résultats acquis mènent à un équilibre réel de l’organisme.

« Dans le cas d’ une diathèse dystonique, le traitement par Manganèse-Cobalt peut amener une régression de l’individu vers une diathèse allergique, au fur et à mesure que l’anxiété et l’hyperémotivité disparaissent, que la mémoire se précise, et il faudra corriger l’apparition d’un tonus trop fort par l’administration de Manganèse et d’Iode. Mais parfois, l’amélioration du comportement général amène le sujet vers un comportement hyposthénique exigeant l’administration de Manganèse-Cuivre.

« Si l’évolution spontanée de la diathèse allergique est exception- nelle (et encore, qui n’a pas connu des allergiques asthmatiques avoir une verte vieillesse ?), l’évolution de la diathèse hyposthénique vers la santé est assez fréquente, spécialement chez les jeunes à qui l’on administre Manganèse-Cuivre. L’évolution de la diathèse anergique vers la santé est également possible si l’individu ne présente pas encore de lésions.

« Ainsi nous voyons qu’en médecine fonctionnelle, il est avant tout nécessaire d’examiner correctement la symptomatologie et d’en préciser les variations pour être à même de modifier la thérapeutique par oligo-éléments.

« Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de troubles neuro-endocriniens, et le traitement de ces dysfonctionnements exige parfois d’associer aux oligo-éléments des substances opothérapiques naturelles. » (Extrait de la revue Psychologie médicale, 1980.)

 

  Claude Binet    
                                                                              

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