L’INFLAMMATION CHRONIQUE EST-ELLE UNIQUEMENT LIÉE À UNE MAUVAISE ALIMENTATION ?


Le mode d’alimentation moderne est aujourd’hui reconnu comme l’une des causes majeures de l’inflammation chronique. L’excès de sucres, d’aliments acidifiants, de mauvaises graisses (et le manque de bonnes graisses), de calories, de produits mal assimilés par l’organisme... font assurément le lit de l’inflammation.

Mais l’alimentation n’est pas le seul facteur en cause. Dans la grande majorité des cas, l’inflammation est multifactorielle. Au mode d’alimentation, il faut ajouter la prédisposition génétique, les facteurs environnementaux (la pollution, les particules toxiques...), le mode de vie sédentaire, la consommation de tabac, le stress... Notre agresseur principal, c’est notre mode de vie moderne au sens large. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, les cas de maladies inflammatoires sont en hausse constante depuis quelques années. Certes, cette augmentation est liée en partie au fait qu’elles sont mieux détectées qu’avant, mais elles touchent aussi de plus en plus de personnes. Inflammation et maladies « modernes » (obésité, diabète, cancer, maladies cardiovasculaires...) sont étroitement liées.
Vous comprendrez donc que, pour combattre l’inflammation chronique, il faut une prise en charge globale. Certes, il est urgent de changer le contenu de son assiette, mais il faut également modifier son hygiène de vie tout entière. C’est pourquoi nous ne vous donnerons pas que des conseils alimentaires dans cet ouvrage, même si l’alimentation, qui reste la base, y est largement abordée.

QUEL EST LE LIEN ENTRE DYSBIOSE ET INFLAMMATION CHRONIQUE ?
Notre tube digestif abrite de 1012 à 1014 micro-organismes (ils sont donc deux à dix fois plus nombreux que les cellules qui constituent notre corps !). Cet ensemble de bactéries, de virus, de parasites et de champignons non pathogènes constitue notre microbiote intestinal (anciennement appelé flore intestinale), dont on connaît aujourd’hui de mieux en mieux le rôle central sur notre santé, sur le plan digestif, métabolique, immunitaire et même neurologique.

La dysbiose, c’est-à-dire l’altération de l’équilibre de la flore intestinale, est ainsi l’une des pistes les plus prometteuses pour comprendre l’origine de certaines maladies inflammatoires. « Une hypothèse séduisante est avancée : la dysbiose apparaîtrait sous l’influence de facteurs génétiques et environnementaux, mais jouerait elle-même un rôle dans l’initiation, le maintien ou la sévérité de l’inflammation, engendrant un cercle vicieux », résume un article de l’Inserm*. Le lien entre dysbiose et inflammation est aujourd’hui plus clair : la dysbiose augmente la perméabilité de l’intestin grêle (on parle alors d’hyperperméabilité intestinale ou leaky gut syndrom), qui laisse alors passer des molécules étrangères ou inhabituelles dans les systèmes lymphatique et sanguin. Cela provoque un emballement du système immunitaire, qui produit alors en excès des molécules pro-inflammatoires à l’origine d’une inflammation chronique.

Il faut savoir que le microbiote est un écosystème qui se forme dès la naissance, lors de l’accouchement (au contact de la flore vaginale de la maman) et/ou des organismes présents dans l’environnement. Pendant les premières années de vie, la colonisation bactérienne se poursuit sous l’influence de la diversification alimentaire, de la prise des médicaments, de l’environnement, de l’hygiène... Une fois stabilisée, elle continue à évoluer. Au cours des années qui suivent, divers facteurs peuvent avoir une influence sur sa composition, notamment le mode d’alimentation, la prise de certains médicaments (par exemple les antibiotiques), le stress...

Les facteurs qui provoquent la dysbiose intestinale, c’est-à-dire un déséquilibre néfaste pour la santé, sont très nombreux. L’un des principaux facteurs est bien sûr l’alimentation, riche en aliments qui déséquilibrent le microbiote, notamment les sucres et les glucides en général. Ceux-ci vont en effet entraîner la prolifération d’une flore de fermentation provoquant des ballonnements et des gaz. Autres ennemis de la flore, qui vont activer la zonuline et mettre en péril la fonction barrière de l’intestin : le gluten (voir p. 33) ou les produits laitiers (voir p. 65). La consommation régulière de viande est également néfaste, car elle est riche en antibiotiques ingérés par les animaux. L’alimentation moderne, ultra-transformée, apporte aussi de nombreux additifs qui ont un impact très négatif sur les cellules de l’intestin si ces apports sont répétés : colorants, pesticides, métaux lourds (mercure, aluminium...). Dans le même temps, notre alimentation est pauvre en aliments bénéfiques pour le microbiote, notamment en fibres et bons acides gras.

* « Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin », www.inserm.fr, dossier réalisé en collaboration avec Pierre Desreumaux, directeur de l’unité Inserm 995, équipe Maladies inflammatoires digestives : physiopathologie et développement de cibles thérapeutiques, Lille, février 2016.


Alix Lefief-Delacourt /  Laëtitia Proust-Millon

 

Si cet extrait vous a intéressé,
vous pouvez en lire plus
en cliquant sur l'icône ci-dessous 

 Couverture de livre