L’hygiène de vie affecte-t-elle le fonctionnement de la thyroïde ?


La glande thyroïde est sous l’influence de facteurs extérieurs qui peuvent la renforcer et la protéger, ou, au contraire, la fragiliser et la perturber. L’alimentation d’abord. L’iode, indispensable à son fonctionnement, nous est fourni par certains aliments : poissons de mer, coquillages, crustacés, algues, mais aussi soja, œufs, laitages, certains légumes verts... Plus, bien sûr, le sel enrichi en iode que nous consommons au quotidien* mais dont on connaît par ailleurs les effets délétères. D’autres nutriments influent sur la synthèse des hormones thyroïdiennes : le sélénium, le zinc... À l’inverse, certains aliments freinent l’assimilation de l’iode et favorisent l’apparition des goitres.

Une alimentation saine, équilibrée et adaptée aux besoins est donc un élément majeur d’une bonne hygiène de vie « spéciale thyroïde ». Ce n’est pas le seul. Le stress affecte également le fonctionnement thyroïdien, allant jusqu’à provoquer des hyper ou des hypothyroïdies. Plusieurs études ont montré que ces troubles sont plus fréquents chez les personnes soumises à un stress intense ou prolongé. Chacun de nous possède un niveau et une qualité de résistance au stress qui lui sont propres. Une chose est sûre : lorsque nous subissons un événement (ou une série de petits événements régulièrement répétés) qui nous bouleverse, notre corps réagit en déclenchant un « orage hormonal » destiné à faciliter notre adaptation à la situation. Cela provoque des réactions en cascade qui affectent le système immunitaire et le système hormonal, à commencer par la thyroïde*.

La pollution intensifie, elle aussi, les problèmes de thyroïde : phénols, sulfites, nitrates, hydrocarbures... Et, bien sûr, la radioactivité. Après l’accident nucléaire de Tchernobyl en avril 1986, les cancers de la thyroïde se sont rapidement multipliés dans les populations qui vivaient autour de la centrale au moment de l’explosion, particulièrement les enfants. Quinze ans plus tard, les régions survolées par le nuage radioactif au cours des jours suivants ont vu leur taux de cancer de la thyroïde augmenter de manière significative. Au mois de mars 2011, un tsunami a ravagé la centrale de Fukushima, au Japon, attisant à nouveau la peur du nucléaire et poussant certains pays (notamment l’Allemagne) à programmer le démantèlement de leurs centrales. Le problème vient du fait que les nuages radioactifs sont constitués en grande partie d’iode 131 qui vient rapidement se fixer sur la glande thyroïde, entraînant des dysfonctionnements à court, moyen ou long termes selon la durée et l’intensité de l’exposition**. La seule parade consiste à absorber de l’iode non radioactif (iode stable) de manière à saturer la glande avant qu’elle entre en contact avec l’iode radioactif. Un dispositif simple, mais difficile à mettre en place car l’iode doit être absorbé au bon moment, ni trop tôt (il serait rapidement éliminé), ni trop tard (lorsque l’iode radioactif est déjà fixé sur la thyroïde).

Reste un ennemi très courant, mais non moins dangereux : la cigarette. La combustion du tabac produit un grand nombre de substances toxiques, dont certaines freinent son fonctionnement et augmentent la fréquence des goitres. Le tabagisme conduirait même à une destruction partielle des cellules de la thyroïde. Pour les fumeurs, la solution est simple : il faut arrêter de fumer lorsqu’on souffre de désordres thyroïdiens, même légers. Mais qui dit simple ne signifie pas forcément facile, les grands fumeurs le savent bien ! Heureusement, même s’il n’y a pas de miracle en matière de sevrage tabagique, de nombreuses méthodes peuvent aider les fumeurs à sortir de leur dépendance*.
 

Docteur Pierre Nys
 

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