Les dépôts de protéines bêta-amyloïdes peuvent commencer à se former avant 50 ans, de même que l’on peut commencer avant même cet âge à perdre des connexions3 nerveuses, autrement nommées « synapses », et des neurones. Il est donc intéressant de prendre les mesures qui réduisent leur formation tôt dans sa vie. Ceci d’autant plus que le débit du sang qui irrigue le cerveau commence à baisser dès la fin de la croissance. Or nous verrons que les problèmes de circulation sanguine jouent aussi un rôle important dans le maintien de nos capacités intellectuelles.
Notre cerveau contient toutefois environ cent milliards de neurones. C’est plus qu’il n’en faut pour mener sa vie de manière autonome. On peut donc en perdre un grand nombre avant d’en percevoir des conséquences.
Ce phénomène a notamment été identifié pour la maladie de Parkinson, qui ne devient symptomatique que lorsque 80 % des neurones du système dopaminergique4 ont été détruits.
Ce phénomène de grande latence entre les destructions neuronales et les symptômes se trouve amplifié chez les personnes qui ont un niveau d’éducation élevé et des activités intellectuelles et sociales intenses. L’activité cérébrale stimule en effet la multiplication des connexions ou synapses entre neurones et compense plus longtemps les destructions. On appelle cela la « réserve cognitive ».
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Haut niveau d’éducation : atout ou piège ?
D’une certaine façon, il s’agit là d’un atout car le haut niveau d’éducation permet de résister plus longtemps à la neurodégénérescence, autrement dit à la mort des cellules nerveuses, nos neurones.
Mais c’est aussi un piège, car ce phénomène retarde le diagnostic et donc la prise en charge de la maladie, qui permettrait de la freiner par des mesures adaptées. Cela a été le cas pour ma marraine et tante maternelle, chercheuse dans le domaine de la chimie, qui a été diagnostiquée Alzheimer très tardivement. Mais, par ailleurs, elle est restée relativement autonome, coquette et joyeuse, dans une maison médicalisée où elle avait son appartement. Elle y est restée jusqu’à son décès, à l’âge de 88 ans. Il faut dire aussi que sa fille Brigitte, ma cousine, a été très présente. De plus, comme elle est spécialiste de médecine palliative, elle avait des compétences rarement disponibles ordinairement.
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À retenir :
Comme toutes les maladies dégénératives associées au vieillissement, la maladie d’Alzheimer s’installe de façon moléculaire, silencieusement, plusieurs dizaines d’années avant l’apparition des premiers symptômes. De ce fait, plus les mesures de prévention sont précoces, plus elles ont des chances d’être efficientes. La bonne nouvelle, nous allons le voir, est que ce sont les mêmes mesures préventives qui sont préconisées pour réduire fortement les risques d’autres maladies dégénératives, dont les cancers et les maladies cardiovasculaires.
Dr Jean-Paul Curtay
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