Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes

Le 25 novembre 2021

Entretien avec le docteur Xavier Duval-Arnould, docteur gynécologue et obstétricien

à la clinique Bretéché (établissement ELSAN) à Nantes

Et

Vice-président de l’ONG « Actions Santé Femmes »

Xavier Duval-Arnould

Le docteur Xavier Duval-Arnould, gynécologue et obstétricien à la clinique Bretéché (établissement ELSAN) à Nantes est diplômé depuis 2011 et exerce à la clinique Bretéché depuis 2013. Il est également vice-président de l’ONG « Actions Santé Femmes » depuis 3 ans.

 

Il constate que les femmes subissent une certaine forme de violence durant toute leur vie du stade embryon jusqu’à l’âge adulte notamment lors  :

-        D’accouchement douloureux,

-        D’avortement,

-        D’excisions,

-        De mariage forcé,

-        De leurs rapports sexuels

 

Suivi des femmes qui subissent des violences

 La clinique Bretéché à Nantes a une équipe de psychologues et de sexologues qui sont là pour suivre les femmes ayant subi des violences. Ces équipes sont là pour les aider et les accompagner.

 A Nantes, il existe un lieu pour les femmes victimes de violences : Citad’elles qui est un centre d’accueil, d’écoute, de soutien et d’informations des femmes et de leurs enfants.

 On estime que 12 000 femmes à Nantes et 24 500 dans Nantes Métropole subissent des violences dans le couple, la famille, à l’école, au travail, dans l’espace public. En France, en 2020, 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, d’après l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple, soit un décès tous les trois jours.

 

Différentes formes de violence

 

Violences obstétricales et gynécologiques :

L’accouchement est un acte violent physiquement et émotionnellement. C’est une forme de violence involontaire. Lors de l’accouchement, le rôle du médecin est d’agir pour aboutir à la vie du bébé et de la maman. Ses gestes sont là pour sauver la vie à la fois de la maman et du bébé. La finalité de l’accouchement est d’avoir un bébé en bonne santé.

 

L’accouchement est un acte risqué :

-        Perte du bébé,

-        Avoir un enfant handicapé,

-        ….

Comme le définit le Haut Conseil à l'Égalité, les violences obstétricales peuvent prendre des formes très différentes, des plus anodines en apparence aux plus graves :

 

-        Non prise en compte ou la négation de la gêne, voire de la douleur, de la patiente,

-        Des propos porteurs de jugements qui renvoient à des injonctions sexistes,

-        Des injures sexistes,

-        Des actes médicaux exercés sans recueillir le consentement,

-        Des actes ou refus d'acte non justifiés médicalement,

 

Des violences sexuelles.

Quelques chiffres sur les accouchements à la clinique Bretéché :

-        20 % par césarienne,

-        15 % avec l’utilisation du forceps,

-        3% d’épisiotomie.

Lorsque le médecin décide de pratiquer des épisiotomies, utiliser les forceps ou bien faire une césarienne, c’est pour la sécurité du bébé et de la maman.

Quelques chiffres sur les taux d’épisiotomie :

-        Taux d’épisiotomie actuel pour les maternités de l’ensemble des établissements ELSAN : 7,2%

-        Taux national (chiffres 2016) – enquête périnatale : 20% moyenne France

-        Recommandation OMS : 10%

 

L’accouchement naturel, sans médecin ni sage-femme, reste très dangereux et difficile. Les femmes peuvent avoir de grosses complications.

 

Pour répondre aux accusations de violences gynécologiques au sein de la profession des gynécologues et obstétriciens, une nouvelle charte pour les gynécologues et obstétriciens a été publiée le 21 octobre 2021 par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), afin d’encadrer les consultations des praticiens. L’objectif est de remettre en confiance les femmes et d’assurer la bienveillance des professionnels. Le Dr Olivier Multon, gynécologue-obstétricien à Santé Atlantique, un autre établissement privé de Nantes et la plus grosse maternité privée de France a commenté cette charte dans un article d’Ouest-France.    

 

Cette charte vise à répondre à un besoin de clarifier l’examen gynécologique, suite aux demandes des patientes, notamment sur les réseaux sociaux.

 

Le point principal de cette charte est la notion de consentement. Il est ainsi recommandé d’expliquer chaque étape de l’examen à la patiente, au préalable. Concrètement, lors d’un rendez-vous, cela se traduira par le recueil du consentement oral en début de consultation et la possibilité de le retirer à tout moment.

 

Violences sexuelles :

Les violences sexuelles concernent tous les milieux et tous les âges.

Deux fois par semaine, le docteur Xavier Duval-Arnould rencontre des patientes qui ont subi des violences sexuelles. Souvent ces femmes ne portent pas plainte, car elle se sentent coupables face à des hommes pervers et narcissiques qui les manipulent. Elles ont du mal à les quitter malgré leur violence.

 

L’excision :

 Qu’est-ce que l’excision ?

L’excision est une mutilation génitale. Elle consiste en une ablation rituelle du clitoris, et parfois des petites lèvres, pratiquée chez certains peuples sur les petites filles et jeunes femmes. Cette mutilation sexuelle est susceptible d’entraîner de nombreuses conséquences sanitaires impactant négativement la vie des femmes mutilées. Les douleurs ressenties et les traumatismes provoqués affectent la santé sexuelle des femmes tout au long de leur vie : douleurs chroniques, risques d’infections vulvaires, urinaires, gynécologiques, complications obstétricales, risques accrus de mort du nouveau-né, répercussions psycho-traumatiques.

 

L’excision n’est en rien comparable avec la circoncision. Dans le cas de la circoncision, on ne fait que retirer un morceau de peau. Avec l’excision, c’est un organe qu’on ampute.

 

Quel est le motif de cet acte ?

Cet acte n’a absolument rien à voir avec la religion, il est lié à une tradition ancestrale. Les motifs diffèrent en fonction des ethnies, des cultures (crainte de la masculinisation, négation du plaisir de la femme…).

 

La dernière excision effectuée en France a eu lieu en 1989. Si la loi du 4 avril 2006 interdit l'excision en France, cette tradition ancestrale, inadmissible pour l'intégrité et les droits fondamentaux des femmes et petites filles, est pourtant bel et bien toujours pratiquée.

 

Selon l’ONG « Vision du monde », dans le monde, 200 millions de femmes ont été victimes d’excision.

 

On estime que près de 60 000 femmes excisées vivent actuellement en France. Certaines ne veulent pas être réparées, d’autres sont demandeuses.

 

De nombreuses fillettes subissent l’excision dans leur pays d’origine. Plus tard en arrivant en France, elles se font opérer pour réparer leur excision, notamment à la clinique Bretéché, un établissement ELSAN situé à Nantes. Soit elles viennent par le bouche à oreille, soit le docteur le constate lors des examens. Il faut alors échanger pour leur proposer une opération réparatrice. Pourtant peu connue, cette opération se pratique depuis les années 90.

 

Une trentaine de femmes viennent chaque année à la clinique Bretéché consulter.

L’opération n’est pas lourde mais très douloureuse après. Elle nécessite des soins post opératoires réalisés par des infirmières. Cette opération est remboursée par la sécurité sociale. Cette réparation chirurgicale est accompagnée par un suivi psychologique.

 

En quoi consiste l’opération de réparation d’excision ? Quels sont les effets secondaires ?

Une intervention chirurgicale est pratiquée puis associée à de la rééducation sexologique et à un suivi psychologique. L’opération consiste à faire remonter à la surface une partie du clitoris qui est situé en profondeur et à réparer la blessure. Il ne s’agit pas d’une intervention particulièrement complexe mais elle entraîne des douleurs post-opératoires (le clitoris étant un organe très innervé) et nécessite des soins avec une infirmière à domicile.

 

Les résultats sont-ils efficaces ? Comment réagissent les patientes ?

Certaines patientes ont le sentiment de ne plus être femme à cause de l’excision. L’opération permet de retrouver ce sentiment, mais aussi, dans 70% des cas, de récupérer la fonction sexuelle. Les résultats sont donc assez satisfaisants ; l’opération permet aux femmes de se sentir beaucoup mieux dans leur corps et dans leur tête.

 

Violences conjugales :

Pendant le confinement, les violences conjugales ont augmenté. En effet, le nombre d’appels reçus par le service d’écoute des victimes de violences conjugales a bondi d'environ 400% entre la semaine du 9 mars 2020 (soit avant le confinement) et la semaine du 20 avril 2020 (pendant le confinement). Le nombre d’appels passant de 2 145 à 8 213 (https://www.vie-publique.fr/en-bref/275691-violences-conjugales-le-confinement-revelateur). 

 

Quelques mots sur l’ONG « Actions Santé Femmes » :

 « Actions Santé Femmes » œuvre pour la santé des femmes en France et dans le monde pour permettre un accouchement de meilleure qualité et en limiter les complications via notamment des programmes de formation des sages-femmes et des gynécologues. Cette ONG a été fondée par une équipe de médecins, sages-femmes et cadres de santé qui ont vécu des expériences humanitaires dans d'autres ONG. Partageant des valeurs communes, ils se sont rassemblés pour créer une association qu'ils ont appelée « Actions Santé Femmes ». Ainsi ils espèrent poursuivre leur engagement humanitaire dans un fonctionnement en accord avec la charte qu’ils ont élaborée en commun. ASF est soutenue par des fonds et dons publics ou privés. Forte des compétences humanitaires de ses membres fondateurs, ASF est en mesure d'intervenir pour des missions d'urgence, de formation, d'éducation et de compagnonnage dans le domaine de la gynécologie et de l'obstétrique.

 

A propos d’ELSAN

ELSAN, leader de l’hospitalisation privée en France en médecine, chirurgie et obstétrique, ELSAN est présent sur l’ensemble des métiers de l’hospitalisation et dans toutes les régions de France pour offrir à chacun et partout des soins de qualité, innovants et humains.  En tant qu’acteur majeur de la santé, ELSAN assume pleinement sa Responsabilité Sociétale d’Entreprise. ELSAN compte désormais 28 000 collaborateurs, et 7 500 médecins libéraux exercent dans les 137 établissements du groupe. Ils prennent en charge plus de deux millions de patients par an. 2 Français sur 3 résident à moins de 50 km d’un établissement ELSAN. elsan.care