Hommes et femmes sont-ils égaux devant les troubles thyroïdiens ?


Les dysfonctionnements de la thyroïde touchent davantage les femmes : à l’âge adulte, 7,5 % de la population féminine est touchée pour un peu moins de 3 % des hommes ; après 60 ans, les chiffres grimpent à 12 % pour les premières et 4 % pour les seconds. Diverses hypothèses ont été évoquées pour expliquer ces différences, parmi lesquelles d’éventuelles interactions entre les hormones thyroïdiennes et les hormones sexuelles féminines. Mais à ce jour, aucune étude sérieuse n’a pu démontrer le mécanisme de ce lien.

S’ajoutent à cela deux périodes inhérentes à la vie féminine, au cours desquelles la thyroïde subit des contraintes particulières : la puberté, ainsi que la grossesse et les mois qui suivent l’accouche- ment. Lorsqu’une femme est enceinte, sa thyroïde doit subvenir à ses propres besoins hormonaux, mais aussi (en partie) à ceux du bébé qu’elle porte. La glande du fœtus, complètement formée entre la 12e et la 14e semaine d’aménorrhée, débute son activité vers la 20e semaine d’aménorrhée, mais elle n’est totalement active qu’un mois environ après la naissance. La consommation régulière d’aliments iodés permet à la future maman de faire face à ces dépenses supplémentaires tant que sa thyroïde est en bon état. Mais il arrive que des déséquilibres, jusque-là silencieux, se découvrent à cette occasion.

Certaines hormones sécrétées pendant la grossesse stimulent la thyroïde, ce qui peut parfois laisser apparaître une hyperthyroïdie transitoire, généralement sans risque pour le fœtus. À l’inverse, la grossesse provoque une transformation des processus d’auto-immunité qui peut entraîner une hypothyroïdie, laquelle est préjudiciable au fœtus si elle est trop durable ou intense. C’est pourquoi il est courant de prescrire aux femmes enceintes à risque de maladies thyroïdiennes un dosage de TSH au début de grossesse et un autre vers le 3e mois de gestation.

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Les facteurs de risques de maladie thyroïdienne chez la femme enceinte

Facteurs de risques personnels
• Épisode antérieur de dysfonction thyroïdienne.
• Goitre.
• Antécédent de traitement chirurgical ou radiothérapique affectant la thyroïde.
• Présence d’anticorps antithyroïdiens circulants.
• Vitiligo.
• Apparition précoce de cheveux blancs (canitie).
 • Maladies auto-immunes (diabète de type 1, maladie de Biermer...).
• Traitement par lithium, interféron alpha, interleukine 2 ou médications riches en iode (amiodarone, sirops expectorants, injections d’iode à des fins radiographiques...).

Facteurs de risques familiaux
• Maladie thyroïdienne.
• Diabète de type 1.
• Insuffisance surrénale.
• Maladie auto-immune (maladie de Biermer...).
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Ces dérèglements, qui touchent chacun environ 2,5 % des femmes enceintes, disparaissent le plus souvent dans les mois qui suivent l’accouchement. Mais il arrive que les troubles persistent lorsque l’orage hormonal de la grossesse a mis au jour une véritable pathologie. Celle-ci doit alors être prise en charge de manière adaptée. Quant aux mères souffrant d’un déséquilibre thyroïdien avant leur grossesse, elles font l’objet d’une surveillance particulière et d’un traitement approprié pendant les neuf mois de gestation.


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La thyroïdite du post-partum
Comme son nom l’indique, ce trouble se manifeste parfois dans les semaines qui suivent l’accouchement. Il s’agit d’une maladie d’origine auto-immune, attribuée au bouleversement immunitaire post-accouchement qui provoque parfois la production d’anticorps antithyroïdiens. Ceux-ci peuvent stimuler exagérément la glande, ou au contraire la bloquer. Parfois, hyper et hypothyroïdie se succèdent sans raison apparente. Ces dérèglements régressent spontanément en moins de 6 mois dans 90 % des cas. Un traitement d’accompagnement peut être nécessaire pendant cette période
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Docteur Pierre Nys
 

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