Histoire de la sclérose en plaques

En 1868, pour la première fois en Europe, Jean Martin Charcot1, un des inventeurs de la neurologie française, décrivit la sclérose en plaques. Lui et Guillaume Duchenne2 créeront pendant cette période très féconde la version moderne de la neurologie. Charcot, par sa capacité à observer mais aussi grâce à sa forte personnalité qu’il tenait peut-être de ses origines modestes, permit à la médecine française de prendre ses marques dans ce xixe siècle créatif qui suivit « le siècle des Lumières ».
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En 1868, pour la première fois en Europe, Jean Martin Charcot1, un des inventeurs de la neurologie française, décrivit la sclérose en plaques. Lui et Guillaume Duchenne2 créeront pendant cette période très féconde la version moderne de la neurologie. Charcot, par sa capacité à observer mais aussi grâce à sa forte personnalité qu’il tenait peut-être de ses origines modestes, permit à la médecine française de prendre ses marques dans ce xixe siècle créatif qui suivit « le siècle des Lumières ».

Il créa la psychopathologie et, en 1862, fut nommé médecin des hôpitaux à la Salpêtrière, à Paris. Il ouvrit en 1882 la plus grande clinique neurologique d’Europe. Il y donnera des cours le mardi après-midi avec ses patients et le Gotha du monde entier viendra y assister. Cette pratique de transmission du savoir avait été mise en place, bien longtemps avant Charcot, par un autre chirurgien français. Il s’agit de Pierre Joseph Desault3, originaire de Haute-Saône.

C’est au milieu des années 1760 que ce précurseur proposa des cours privés d’anatomie. Le parcours de cet homme est assez remarquable. Il est né le 6 février 1738 dans le petit village de Vouhenans, tout près de Lure, petite bourgade du fin fond de la Haute-Saône, au pied des Vosges saônoises. Après avoir été remarqué pour ses capacités intellectuelles supérieures, il se rendit à Belfort dès 1759 pour embrasser ce qui allait être sa vie, c’est-à-dire l’art de la chirurgie, renonçant à la prêtrise comme il était d’usage à cette époque pour les grands intellectuels. Il se forma et exerça jusqu’en 1764 pour ensuite « monter à Paris ». Chirurgien mais pas médecin, il créa alors ses premiers cours avec la complicité d’un médecin comme prête-nom. Après avoir subi bien des turpitudes dues à cette période agitée précédant la Révolution française, il fut sauvé par La Martinière4, qui le prit comme adjoint. Antoine Petit5, qui enseignait au Jardin du Roi, finança la thèse de Desault à hauteur de 3 000 écus. Une fortune pour l’époque !

Le 31 août 1776, Pierre Joseph Desault soutint sa thèse dans les nouveaux bâtiments de l’Académie royale de chirurgie. Ses pairs l’ont voulu ainsi pour saluer son travail. Il participa aux travaux de cette institution sans trop d’enthousiasme. En réponse aux inquiétudes d’un ami, on lui prête cette réflexion : « Je suis comme les substances salines, je ne cristallise qu’en repos. » Il prit de plus en plus de distance avec la médecine pour ce qui allait être une grande préoccupation pour lui : la transmission du savoir et des méthodes pédagogiques s’y rapportant. Il créa, parallèlement à ses activités de chirurgien, environ 600 documents d’anatomie normale et pathologique. Une première pour l’époque ! C’est à partir de 1795 qu’il devient responsable de l’Hôtel-Dieu que Voltaire6 surnom- mait la « Vieille Machine » dès 1768 au regard de son insalubrité.

Révolutionnaire avant l’heure, Desault créa alors la première école de chirurgie de clinique externe qui ait existé en France et la plus moderne d’Europe. Il fut le premier à pratiquer la dissection de cadavres avec ses élèves. À partir de 1792, cet enseignement fut à peu près le seul à persister en France et ce succès valut à Desault autant de jalousie que d’admiration. C’est aussi pendant cette période que fut fondé Le Journal de Chirurgie7. La transmission de son savoir et la santé de ses patients dans les périodes troublées de 1789 eurent raison de Pierre Joseph Desault le 1er juin 1795. L’histoire ne dira jamais s’il fut victime d’un empoisonnement.

Ce que l’histoire retiendra, c’est que ses élèves Messieurs Bichat, Roux, Chopart, Magendie, Corvisart (qui deviendra médecin personnel de l’Empereur)... l’assisteront jusqu’au bout et continueront son œuvre. Ils formeront de nombreux chirurgiens tant français qu’étrangers, tous attirés par la qualité des professeurs perpétuant l’esprit de Desault à travers leur pédagogie et leur dévouement. Le professeur Charcot est un digne successeur de ces enseignements basés sur l’observation, l’essai empirique et bien sûr le dévoue- ment à cette pratique chirurgicale en plein balbutiement. En neurologie, il a décrit non seulement la SEP mais la sclérose latérale amyotrophique, les lésions articulaires non douloureuses de la syphilis, certaines pathologies neuro- logiques vasculaires, l’hystérie féminine et bien d’autres. Proust le décrit comme étant un « prince de la science » dans son roman À la recherche du temps perdu. Jean Martin Charcot avait un don pour la communication qu’il utilisait parfaitement aussi bien dans le monde médical que pour parler d’art ou de littérature.
Mais Charcot marquera aussi la fin de cette période ouverte par son illustre prédécesseur. Pendant toute cette période, environ un siècle, les élèves et successeurs de Desault ont su regarder, étudier, disséquer, détailler, analyser, démanteler, suivant en cela la pensée occidentale. Néanmoins, cette pensée n’est pas, à mon sens, propice à comprendre, globaliser, créer des liens ou des ponts pour chercher à élucider les mécanismes de « Dame Nature ». Cette période de transmission du savoir ouverte par Desault, base d’une médecine s’appuyant sur la seule observation physique, appelée aujourd’hui « physiologie », allait, vers 1890, être complétée par une discipline plus axée sur le comportement, la « psychiatrie ». Sigmund Freud8, partici- pant très actif des cours de Charcot, deviendra le traducteur en langue allemande des leçons données par son professeur pendant environ deux ans. C’est à cette époque que vont germer les « théories freudiennes ».

Aujourd’hui, l’approche du corps humain et de ses thérapies est, de manière générale, soit physique (représentée par Charcot), soit psychique (avec l’approche freudienne). À mon sens, la science médicale moderne n’oppose pas ces deux approches. Elle les utilise simultanément ou alternativement, même si l’une et l’autre cherchent parfois à exprimer un certain pouvoir sur le monde de la santé. Mais avec le temps, la technique, la connaissance générale et les modes, les frontières de toutes choses bougent et les approches thérapeutiques suivent cette évolution.

Vision anatomique, puis physiologique et enfin compor- tementale, la manière d’aborder une pathologie est évolutive dans le temps. Aujourd’hui, la compréhension du fonctionnement du corps humain est complétée par l’utilisation de nouvelles techniques et machines issues principalement des recherches sur l’utilisation de courants électriques et de leurs dérivés. Une évolution certaine a eu lieu un peu avant les années 1940. La Seconde Guerre mondiale a permis le développement de nombreuses techniques nouvelles à travers le monde. Et les progrès autour des phénomènes électriques, électroniques et magnétiques ont été si importants qu’il serait tragique de les passer sous silence.
Je pense ici aux travaux de F.-A. Popp9 ou Georges Lakhovsky10 mais aussi à Antoine Priore, cet ouvrier italien qui soignait à Bordeaux des cancers et bien d’autres pathologies graves (dont la SEP) avec une « machine à miracles ». Aujourd’hui, avec les nouvelles approches en biophysique, bioénergie, biochimie, neurosciences, etc., le corps humain n’est plus que de la matière ou, plutôt, bien plus que de la matière.

En ce qui concerne la SEP, nous disposons aujourd’hui d’au moins trois manières d’appréhender cette pathologie. Charcot a été le premier à en apprécier la nature physiologique avec les outils dont il disposait, c’est-à-dire pas grand-chose. Seul le microscope faisait partie de la panoplie du clinicien de l’époque. Cet appareil avait permis à Robert Hooke11, au cours de l’année 1665, de découvrir la cellule. Cette dernière est considérée aujourd’hui comme le plus petit corps vivant par les adeptes de nombreuses disciplines, dont la naturopathie, et retient encore l’attention de nombreux chercheurs.

C’est pendant ses travaux que le neurologue clinicien Charcot décrivit la SEP. Il pratiquait des recherches anatomiques par dissection de cadavres, cherchant à faire le lien entre certains signes pathologiques répertoriés et des lésions de tissus observées sur ces patients par des « auscultations posthumes » ou autopsies. Il découvrit ainsi des zones du cerveau présentant une destruction partielle de la myéline entourant les fibres nerveuses, au cœur de la substance blanche. La myéline détruite est remplacée par du tissu cicatriciel qui se durcit (se sclérose). Les régions touchées par la démyélinisation forment des « plaques », d’où le nom de « sclérose en plaques » donné par Charcot à cette maladie. Depuis cette époque, de nombreux progrès ont été réalisés. Voyons à présent comment la science médicale moderne aborde cette pathologie.

 

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1. Clinicien et neurologue français, chef de file de l’École de la Salpêtrière (1825-1893).
2. Médecin neurologue français, pionnier dans l’expérimentation électrique médicale (1806-1875).
3. Médecin, professeur d’anatomie, chirurgien en chef (1738-1795).
4. Germain Pichault de La Martinière ; premier chirurgien de Louis XV et de Louis XVI (1697-1783) ; il créa l’Académie royale de chirurgie dès 1731.
5. Médecin français ; il écrivit principalement Discours sur l’utilité de la chirurgie (1722-1794).
6. François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) ; écrivain et philosophe français.
7. Le plus ancien des journaux consacré aux techniques chirurgicales, aujourd’hui devenu Le Journal de la chirurgie viscérale.
8. Sigmund Freud (1856-1939), médecin neurologue juif autrichien pionnier de la psychanalyse.
9. Fritz-Albert Popp, biophysicien allemand contemporain très contro- versé a découvert les biophotons.
10. Scientifique, ingénieur français naturalisé, collabora avec Nicolas Tesla (1856-1943).
11. Inventeur anglais, professeur de géométrie (1635-1703). On lui attribue la première description d’une cellule biologique.

Michel Lemaire


 

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Michel Lemaire est olfactothérapeute (école Gilles Fournil), magnétiseur et maturopathe (école AVCN), auteur et conférencier. Il enseigne a Dijon.
Le blog de Michel Lemaire : spu.over-blog.com