Hématurie, quand consulter ?



Avoir du sang dans les urines est un phénomène inquiétant. La plupart du temps ce sang est invisible à l'œil nu (hématurie microscopique). Les hématuries macroscopiques, qui modifient la couleur des urines, alarment davantage les patients. Souvent bénignes, ces épisodes de saignement doivent néanmoins conduire à des explorations complémentaires.

De quoi parle-t-on ?
L'hématurie désigne la présence de globules rouges dans les urines. La détection de globules rouges dans les urines n'est pas en soi inquiétante. En dessous de 10 000/ml, la situation est d'ailleurs considérée comme normale. Par-delà ce seuil, on parle d'hématurie (microscopique ou macroscopique).

La majorité de ces hématuries sont invisibles à l'œil nu. L'urine semble claire, seule la bandelette test permet de détecter la présence d'hématies dans le liquide. Ces hématuries microscopiques sont dépistées en routine en médecine du travail. L'existence de traces de sang dans les urines oriente alors le diagnostic vers un possible diabète, une HTA ou encore une insuffisance rénale.

Les hématuries macroscopiques sont en revanche aisément observées par le patient : l'urine est colorée par le sang. "C'est un motif fréquent de consultation aux urgences, explique le Pr Morgan Rouprêt du comité cancérologie de l'AFU. Les patients pensent d'emblée à un cancer alors qu'il y a de nombreuses autres causes possibles." Parmi ces causes, des calculs dans les voies urinaires responsables de coliques néphrétiques, ou encore des problèmes infectieux au niveau de la prostate, du rein (pyélonéphrite), ou des voies urinaires (cystite).

Chez les sujets de moins de 50 ans, la présence de sang dans les urines est la plupart du temps liée à une infection ou une lithiase (calculs). Chez les plus âgés et les fumeurs, le risque de cancer est plus important.

On retient
La présence de sang dans les urines est souvent le signe d'une pathologiebénigne qu'un traitement adéquat permettra de guérir. Toutefois elle peut révéler une affection plus grave. Tout retard de diagnostic est alors préjudiciable.

Chercher l'origine
L'hématurie doit conduire à consulter un urologue. "Il faut d'abord chercher une cause urologique avant de penser à une maladie du rein car ces dernières sont beaucoup plus rares" précise le Pr Rouprêt. La présence de sang dans les urines peut également être due à une hémorragie anatomique de voisinage (lésion de l'urètre, traumatisme lors d'un rapport sexuel...).
Quand le bilan urologique est normal, et après avoir éliminé les diagnostics différentiels et les causes alimentaires (voir encadré), on recherche une origine néphrologique.

Quels signes ?
Dans la majorité des cas, le bilan conduira à un diagnostic simple : lithiase ou infection, qu'il suffira de traiter. Quand ce n'est ni l'un, ni l'autre, certains signes orientent le diagnostic.
S'il y a des caillots dans les urines, le médecin pense prioritairement à une cause urologique car "le rein sécrète des substances fribrinolytiques. Lorsque l'hématurie est liée à une maladie des reins, il n'y a pas de caillots" explique le spécialiste.

Si le sang s'échappe du méat urinaire en dehors de la miction, c'est une hémorragie de voisinage. De même s'il y a du sang dans le sperme.

Le test dit "des trois verres de Guyon" est également un moyen intuitif de trouver l'étiologie. On demande au patient d'uriner dans trois verres successifs. Si les urines sont rouges dans les trois verres, c'est sans doute le rein qui est en train de saigner. Si seul le premier verre est coloré on peut penser à un problème de prostate. Si le dernier verre est rouge mais pas les autres, on s'oriente vers un cancer de la vessie.

Les étapes du bilan
L'ECBU est incontournable. Cet examen bactériologique des urines vise à confirmer et quantifier le sang dans les urines et à chercher la présence de germes pathogènes susceptibles de l'expliquer.
L'échographie du rein et de la vessie est également souvent réalisée en première intention. "L'échographie est un examen non irradiant, d'une innocuité totale, qui permet de voir beaucoup de choses : calculs, tumeurs du rein ou de la vessie, rein obstrué... S'il n'est pas concluant on peut aller jusqu'à l'uro-scanner" explique le Pr Rouprêt.

Des dosages sanguins peuvent être prescrits pour évaluer la fonction rénale.
Enfin, en cas de doute, et notamment chez les patients fumeurs, chez qui le risque de cancer de la vessie est 4 fois plus élevé2 que chez les non fumeurs, le bilan est complété par une cystoscopie, c'est-à-dire la visualisation par un endoscope des voies urinaires et de l'intérieur de la vessie. Cet examen permet de détecter "à l'œil nu" des lésions planes qui ne peuvent être perçues à l'échographie ou au scanner. On peut également retirer des zones suspectes au cours de l'examen.

Le saviez-vous ?
Des urines rouges ? Cela peut-être dû à votre alimentation. Certains végétaux comme le chou rouge, la betterave ou encore la rhubarbe peuvent colorer les urines. Autre piège : les médicaments. Des antibiotiques comme la rovamycine ou l'erythromycine, des AINS comme l'ibuprofène, des laxatifs et même des compléments alimentaires (vitamine B12) peuvent modifier l'aspect et la couleur des urines !

Plus d’infos sur : urofrance.org