
A la veille de cette nouvelle année et à l’annonce d’un nouvel avenant 8 encore plus restrictif, nous formulons le vœu que la télémédecine puisse enfin libérer tout son potentiel et apporter à l’accès aux soins, la bouffée d’oxygène dont tout le monde, patients et professionnels de santé, a besoin. Cette ambition est à portée de main à condition d’accepter de replacer les valeurs d’équité, d’accès et de qualité des soins au cœur du débat sur la télémédecine.
Deux ans après le vote de la Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2018 qui donnait le coup d'envoi parlementaire du remboursement par l’Assurance Maladie de la téléconsultation pour apporter des solutions aux déserts médicaux et à l’engorgement des services d’urgence, le nombre de téléconsultations a connu en France une croissance sans précédent.
Toutefois, cette croissance n’a rien à voir avec l’esprit du vote des parlementaires, car ces téléconsultations sont, pour l’écrasante majorité, financées par les patients eux-mêmes, directement ou via leur assurance complémentaire et les chiffres sont sans appel ! C’est donc le signe d’un engouement fort des Français, quels que soient leur âge et leur localisation, pour un accès facilité et plus moderne au soin via la télémédecine, mais paradoxalement, c’est aussi le signe d’absence d’accès à un médecin en temps réel et à une téléconsultation prise en charge par l’assurance maladie.
Les délais incompressibles de mise en œuvre des deux mesures phares annoncées par le gouvernement (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, et fin du numerus clausus des études médicales) et les conditions très restrictives d’accès au remboursement des téléconsultations vont nécessairement accélérer la détérioration des conditions générales d’accès aux soins au sein des territoires.
Les 60 000 premières téléconsultations remboursées sont certes à saluer, mais elles ne comptent que pour 0,016% du volume total de consultations annuel[1] et surtout, sont des téléconsultations réalisées principalement au profit de patients ayant un médecin traitant disponible et résidant hors désert médical. C’est une réelle avancée pour ceux-là, mais qui aggrave encore les inégalités entre assurés sociaux.
Pourtant, les annonces de la Stratégie Nationale de Santé (2017), du plan pour un égal accès aux soins dans les territoires (2017), du plan Ma Santé 2022 (2019), du pacte de refondation des urgences (2019), de la feuille de route “accélérer le virage numérique” (2019) et de la stratégie e-santé 2020 (2019) portent beaucoup d’espoirs dans le numérique pour réduire les inégalités et améliorer l’accès aux soins.
Le carnet de route de Ma Santé 2022 demande aux industriels et aux entreprises d’aider au succès de cette ambition, mais ces derniers ne le feront pas sans levée des incertitudes sur la volonté réelle des autorités. Les Entreprises de Télémédecine et tous les acteurs impliqués attendent que soit mieux reconnu leur rôle dans l’offre de soins.
Pour cela, le LET, fédération des entreprises de télémédecine, forme les propositions suivantes :
La télémédecine n’a pas besoin d’annonces ou de textes supplémentaires. Dès à présent nous pouvons avancer et il y a urgence à agir vite pour l’accès aux soins de tous !
[1]Sources: PLFSS pour 2020 (annexe 1) et OCDE (OCDE données)
[2]Téléconsultation et de téléexpertise : guide de bonnes pratiques. HAS 2019 https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-07/guide_teleconsultation_et_teleexpertise.pdf
À propos
“Notre principale motivation est de contribuer à l’essor de la télémédecine afin qu’elle devienne, en France comme dans de nombreux autres pays européens, un élément de réponse concret et efficient à un problème de démographie médicale et d’accès aux soins” (François LESCURE, Président du LET).
Les Entreprises de Télémédecine (LET) est une association régie par la loi du 1er juillet 1901.