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Vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler de l’espérance de vie : c’est une notion qui nous intéresse tous au premier chef. On l’évoque parfois sur un mode optimiste : elle serait toujours
en croissance, le nombre de centenaires ne ferait qu’augmenter... mais dans le même temps, des bruits courent, disant que cette même espérance de vie, dans un pays hautement développé comme les États-Unis, est en train de stagner voire même de commencer à baisser.
Alors qu’en est-il ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Vous vous posez, à juste titre, des questions à ce sujet ; cette notion qui nous paraissait si solidement assise sur des bases intangibles nous réserve-t-elle toujours autant de certitudes ?
Qu’est-ce exactement que l’espérance de vie ? Quels sont les moyens de l’améliorer ?
Que penser des centenaires actuels ?
Quels sont les pièges de la vie moderne ?
Que dire de notre vieillissement ?
Les réponses à toutes ces questions qui sont les vôtres vont faire l’objet de cette première partie.
Qu’est-ce que l’espérance de vie ?
Cette expression courante réunit deux termes :
- l’espérance : quelque chose de favorable que l’on souhaite, mais qui n’est pas une certitude ;
- la vie : nous parlons là de notre existence, tant sur le plan de sa durée que sur celui de sa qualité, surtout si l’on évoque l’âge extrême de la vie.
Vous verrez qu’elle correspond en fait à deux notions bien distinctes suivant que l’on en parle « à la naissance » ou bien « en bonne santé ».
Depuis quand en parle-t-on ?
Historiquement, la notion d’espérance de vie est relativement récente ; elle est parfaitement inconnue dans les temps plus anciens : au Moyen Âge ou sous Louis XIV, la mort est une fatalité ; aucun facteur autre que la « volonté divine » n’est reconnu à ces époques.
L’émergence de la notion d’espérance de vie, dans la seconde moitié du xixe siècle, donne un instrument de travail permettant d’étudier l’image d’une population à un moment donné, sous tous ses aspects : sexe, âge, localisation géographique, environnement socioprofessionnel, etc.
De plus, elle permet d’obtenir des renseignements sur son évolution propre, en fonction de tel ou tel facteur étudié à long terme.
Que signifie l’âge d’un homme ?
Cette notion de l’âge d’un homme, qui est à la base de tout, est-elle aussi univoque qu’elle semble l’être ?
Pour paraphraser un dicton populaire qui dit que « le chat a sept vies », on pourrait dire que l’homme a trois âges, ou plus exactement que son âge a trois significations.
Le premier, c’est l’âge légal, celui du calendrier qui fait que l’on souhaite son anniversaire tous les ans, que l’on a atteint l’âge de raison, que l’on est en âge de se marier, que l’on a atteint l’âge de la retraite... Bref, c’est l’âge statutaire, celui de la carte d’identité.
Le deuxième, c’est l’âge « de ses artères », ce que l’on appelle en médecine l’âge physiologique ; c’est, en somme, l’âge de l’état de santé organique, qui peut être supérieur ou inférieur au premier.
Le troisième, c’est l’âge de ses projets : on vieillit quand on a plus de projet... Pas obligatoirement celui de faire le marathon tous les jours, mais simplement d’aller visiter un musée, de faire son jardin, de se promener à vélo... Il faut toujours avoir envie de demain.
Ces différentes définitions de l’âge aboutissent au fait bien reconnu qu’il existe des jeunes-vieux et des vieux-jeunes.
Elles sont intéressantes à connaître parce qu’elles vont définir et faire comprendre les composantes de ce qu’on appelle l’espérance de vie.
Elles amènent, en effet, à se poser deux questions :
la première d’entre elles : combien de temps pouvons-nous vivre ?
la suivante : quelle sera la qualité de cette existence ?
La notion d’espérance de vie tente d’y répondre.
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Que retenir ?
> L’homme a l’âge de son calendrier. o Il a aussi l’âge de ses artères.
> Et encore plus l’âge de ses projets.
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L’âge ressenti
Aux trois définitions de l’âge précédemment décrites, on pourrait en rajouter une quatrième, plus personnelle celle-là.
En effet, tout comme en météorologie il y a le froid objectif et le froid ressenti, il y a bien un âge légal et un âge ressenti, celui que se donne l’individu ou qu’il a l’impression d’avoir, tant il est vrai que vieillir se joue avant tout dans la tête.
Au fond, tout se passe comme si vous aviez en permanence accès, dans votre tête, à la légendaire fontaine de jouvence, source mythique qui vous assurera la jeunesse qui compte le plus : celle du caractère !
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Qu’est-elle « à la naissance » ?
L’espérance de vie, sans indication d’âge, est en général ce qu’on appelle l’espérance de vie à la naissance.
Définition
Cette espérance de vie (à la naissance) est comparable à un instantané photographique.
Elle est définie comme « le nombre d’années que vivrait un nouveau-né si les caractéristiques de mortalité de sa population au moment de sa naissance demeuraient les mêmes tout au long de sa vie ».
Exprimée autrement, elle est égale à « la durée de vie moyenne d’une population donnée, qui vivrait toute son existence dans les conditions de mortalité de l’année en cours ».
L’espérance de vie est donc, en première analyse, une donnée statistique.
Elle est calculée sur la moyenne d’une population donnée.
Par exemple, en France, à l’heure actuelle, l’espérance de vie des femmes est de 85 ans, celle des hommes de 79 ans.
Toutefois, dans une population donnée, un individu peut, suivant sa génétique et ses conditions de vie propre, vivre plus ou moins longtemps que la moyenne de la population.
Elle est calculée sur les conditions d’existence à un moment donné.
Si ces conditions s’améliorent par la suite, l’individu peut vivre plus longtemps ; si elles se détériorent, la durée de vie de l’individu peut être raccourcie.
Dire par exemple que l’espérance de vie des hommes en 2000 est de 75 ans ne signifie pas que les hommes nés en 2000 vivront en moyenne 75 ans.
Ils vivront en moyenne 75 ans seulement si les conditions de mortalité qu’ils rencontreront au long de leur vie correspondent à celles de l’année 2000.
Si les progrès continuent, les hommes nés en 2000 pourront vivre en moyenne plus de 75 ans.
Inversement, il se peut que les conditions se dégradent et que la durée de la vie diminue.
Elle est calculée pour une tranche d’âge donné d’un individu donné.
En effet, notre espérance de vie varie en fonction de notre tranche d’âge, comme pour une course de sauts d’obstacle. Lorsque vous arrivez à une tranche d’âge donnée, vous avez sauté les causes de mortalité des tranches précédentes. Et ceci commence dès la naissance, car les premiers obstacles, c’est-à-dire les causes de mortalité, peuvent survenir dès les premières secondes de la vie.
Sur le plan individuel, l’espérance de vie à la naissance, plus qu’un instantané photographique, pourrait donc être comparée à un lm que l’on passerait image par image.
La bonne nouvelle, c’est que plus vous avancez en âge, plus vous avez de chances d’optimiser votre espérance de vie, voire même de la dépasser.
La France reste en 2011 la championne de l’espérance de vie à 65 ans :
> elle s’élève à 19,3 ans pour les hommes ;
> et à 23,8 ans pour les femmes.
Et cette longévité semble augmenter au l des années...
Sa lecture est différente suivant le point de vue considéré.
Il peut s’agir d’une lecture purement statistique : c’est le point de vue du démographe. L’espérance de vie est alors une image, un instrument d’exploration et de travail.
Il peut s’agir d’un point de vue financier : ce sera celui par exemple de l’assureur ou bien dans une moindre mesure de la Sécurité sociale, posant le problème de la population vieillissante.
Il peut s’agir en n d’un point de vue purement individuel : quelle durée de vie pour l’individu et quelle qualité de vie : « La vie oui... mais quelle existence ? » Avec en arrière-plan la référence mythique qu’est le « centenariat ».
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Que retenir ?
> L’espérance de vie est une notion statistique, calculée sur la moyenne d’une population donnée, à un moment donné, pour une tranche d’âge donnée.
> Sa lecture est différente suivant le point de vue considéré.
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De plus...
Un point noir : la mort subite du nourrisson
Bien que le nombre de cas ait diminué de près de 70 % durant les dix dernières années, la mort subite inexpliquée du nourrisson (MSIN) provoque encore trop de drames.
Statistiquement, elle se produit durant la première année de la vie de l’enfant, avec une fréquence maximale entre le deuxième et le quatrième mois et touche davantage les garçons que les Elles. Les grands prématurés sont également plus exposés que les enfants nés à terme.
Si une malformation congénitale ou une autre cause connue explique parfois le décès, la plupart du temps on ne peut que faire des hypothèses sur ce qui a entraîné la mort du nouveau-né. Un rhume qui obstrue les voies respiratoires (le nourrisson ne sait pas respirer par la bouche) ou un tabagisme sévère de la mère pendant la grossesse sont, par exemple, des causes supposées.
Dans la mesure du possible, les médecins essaient de comprendre pour mieux prévenir. C’est pourquoi lorsqu’un nourrisson est victime d’une MSIN, ils conseillent aux parents de faire pratiquer un examen post-mortem pour déterminer la cause du décès. Ceci permettra parfois d’améliorer les chances de survie des enfants à naître.
La forte diminution des cas enregistrés est liée à une campagne d’information qui recommande aux parents :
> de coucher l’enfant sur le dos, sur un matelas bien ferme, aux dimensions adaptées au berceau, sans oreiller ni couverture. Seul un pyjama couvrira l’enfant ;
> de veiller à ce que la température de la chambre soit légèrement inférieure à20°C;
> de cesser de fumer pendant la grossesse, puis de s’abstenir en présence du bébé.
Si, malheureusement, un cas de MSIN s’est déjà produit chez vous, vos autres enfants peuvent avoir plus de risques d’en être victime à leur tour. Lors d’une naissance ultérieure, le pédiatre préconisera peut-être pendant les premiers mois un monitoring qui donne l’alerte lorsque l’enfant cesse de respirer pendant plusieurs secondes (apnée).
Les associations existent pour informer, aider et écouter les parents confrontés à ces douloureux problèmes. Citons la fédération « Naître et Vivre » ou « L’association pour l’étude et la prévention de la mort subite du nourrisson ».
Dr Jean-Loup Dervaux
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