COMPRENDRE LE DÉVELOPPEMENT DU CANCER

Dans ce domaine, il y a ce que l’on sait et ce que l’on suppose. Pour qu’une cellule devienne cancéreuse, il faut qu’elle subisse des mutations qui lui donnent des propriétés particulières :

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Dans ce domaine, il y a ce que l’on sait et ce que l’on suppose. Pour qu’une cellule devienne cancéreuse, il faut qu’elle subisse des mutations qui lui donnent des propriétés particulières :
> Une immortalité.
> La faculté de se multiplier sans limites, créant ainsi des tumeurs qui envahissent les tissus contigus et qui créent des métastases.
> Des capacités à se cacher du système immunitaire.
> Des tendances à muter à nouveau pour mieux survivre en trompant nos moyens de défense.
> Une modification de son métabolisme énergétique et du fonctionnement mitochondrial qui font que la cellule cancéreuse se « nourrit » avant tout de la fermentation des sucres. Pour plus de détails sur cette particularité du cancer, reportez-vous p. 127, à la fin du chapitre 2 du livre présenté en bas de page, où nous expliquons ces mécanismes.

Initialement, les mutations cellulaires sont un phénomène normal qui augmente avec le vieillissement. Mais le nombre, la fréquence des mutations peuvent être bien plus importants en fonction de certains facteurs extérieurs comme des virus ou encore une imprégnation hormonale excessive et surtout des sources d’inflammation chronique comme le tabac, certaines molécules toxiques (dérivés du pétrole, produits carbonés, aliments cuits à haute température, pesticides, microparticules...) ou encore des irradiations (soleil, radioactivité, ondes électromagnétiques...).

Une fois ces cellules cancéreuses apparues, notre système immunitaire est censé être capable de les reconnaître et de les détruire. Il est d’ailleurs prouvé que nous fabriquons tous des cellules potentiellement cancéreuses régulièrement et nous les détruisons tout aussi régulièrement avant qu’elles ne se développent.

Une étude américaine a ainsi retrouvé des cellules cancéreuses dans la prostate d’un tiers des hommes âgés de moins de 80 ans et deux tiers de ceux de plus de 80 ans. Les mêmes conclusions ont été rapportées au Japon où l’on trouve souvent des cellules cancéreuses dans les analyses de la prostate alors que seuls 10 % des hommes feront au final un « vrai » cancer de la prostate symptomatique6. Ce qui prouve bien que, dans la majorité des cas, notre organisme est capable d’éliminer, voire de tolérer ces cellules anormales.

Jusqu’au jour où le système se dérègle !
Pour des raisons multiples qui impliquent l’environnement, mais aussi les facteurs émotionnels, l’organisme et en particulier le système immunitaire vont laisser ces cellules se multiplier, s’organiser pour créer une véritable tumeur.

INITIATION, PROMOTION, PROGRESSION
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le phénomène de mutation à l’origine d’un cancer peut être assez ancien.

On dit que l’INITIATION du cancer, la première étape qui va faire le lit de la maladie, peut intervenir entre cinq et vingt ans avant l’apparition de la tumeur proprement dite.

Des phénomènes inflammatoires, des produits cancérigènes vont favoriser l’apparition d’une mutation cancéreuse dans une cellule. Parfois, notre système immunitaire va empêcher cette cellule de se développer, mais ne va pas la tuer. Comme si elle était endormie, cette cellule va rester quiescente dans un de nos organes. Parfois elle finit par mourir ou être détruite, mais quelquefois, à cause d’autres facteurs et en particulier d’un gros stress ou d’une autre maladie intercurrente, elle va pouvoir se multiplier en profitant d’une baisse de la vigilance du système immunitaire.

C’est alors qu’on parle de la PROMOTION du cancer. Ce phénomène intervient en général trois à dix ans avant le diagnostic (et parfois plus encore), car il va falloir encore du temps pour que la tumeur devienne visible. Ce temps est variable et dépend encore une fois de nos capacités de défense.
Quand ces dernières sont « à plat », le cancer peut évoluer encore plus vite et passer plus rapidement au stade de « PROGRESSION » où la tumeur apparaît et va commencer à donner des symptômes, envahir l’organe malade, puis donner des métastases.

Aux stades d’initiation et de promotion, les cellules cancéreuses n’entraînent aucun symptôme, aucun signe spécifique qui permettrait d’en faire le diagnostic. À ce stade, on pense que l’organisme peut encore reprendre le dessus et détruire ou tout au moins empêcher le développement de ces cellules.

Une fois atteint le stade de progression, il n’existe pratiquement aucune chance que la maladie régresse d’elle-même ou que notre organisme puisse la supprimer seul. Il faudra obligatoirement l’aide d’un traitement approprié.

C’est pourquoi une action de prévention active doit être menée tout au long de sa vie, car c’est réellement par ces démarches qu’on peut aider le corps à lutter contre des cellules anormales tant qu’elles ne sont pas organisées en tumeur cancéreuse.

Et inversement, c’est parce que rien n’est fait pour cette prévention et parce qu’un phénomène brutal (stress, maladie...) intervient au mauvais moment qu’un cancer latent peut se mettre à « flamber ». Dans le chapitre 2, nous irons plus loin sur les mécanismes du cancer.

LE RÔLE ESSENTIEL DE LA PRÉVENTION
La prévention passe avant tout par la maîtrise de notre environnement !
À part les accidents, l’homme est confronté à trois grandes causes de décès :
> Les infections qui sont liées à un agent extérieur se développant dans un organisme fragilisé (des causes extérieures viennent profiter de nos faiblesses).
> Les maladies cardio-vasculaires qui sont essentiellement les conséquences de notre hygiène de vie (des causes extérieures viennent abîmer nos organes).
> Les cancers qui sont des maladies essentiellement « fabriquées » par notre corps lui-même en réaction à des facteurs extérieurs (tabac, pollution...) ou intérieurs (stress) et un terrain favorable.
La prévention du cancer est donc plus complexe, car elle doit lutter contre des facteurs multiples. Mais elle n’en est pas moins essentielle à mettre en place ! Et contrairement à ce qu’on lit parfois, ces facteurs sont assez bien connus et de nombreuses études permettent de donner des conseils réellement efficaces.

Nous savons qu’il existe des prédispositions génétiques aux cancers comme pour le sein ou le côlon, mais même dans ces cas-là, il est prouvé qu’une action régulière sur l’hygiène de vie peut réduire fortement le risque de cancer. C’est ce qu’on appelle l’épigénétique7. En effet, quelles que soient les prédispositions génétiques défavorables, il faut savoir qu’elles ne s’exprimeront pas automatiquement et ne le feront qu’en fonction de circonstances défavorables comme la rencontre avec certains facteurs péjoratifs de l’environnement.

C’est donc à chacun de prendre ses responsabilités et d’évaluer, avec l’aide de son médecin, ses risques personnels en fonction de sa génétique, de ses antécédents et surtout de son environnement.


COMMENT INFLUER POSITIVEMENT SUR VOTRE ENVIRONNEMENT ?
L’objectif de ce livre est avant tout l’accompagnement du patient cancéreux. Pour autant nous y avons intégré les éléments essentiels à la prévention.

Car si une personne a eu un cancer et qu’elle est en rémission complète, les notions qui suivent sont également fondamentales pour mieux permettre au patient de limiter le risque de récidive, mais aussi de deuxième cancer.

Les facteurs environnementaux qui peuvent favoriser un cancer sont très nombreux et mériteraient à eux seuls un ouvrage complet. On pourra lire à ce sujet le livre de Geneviève Barbier et Armand Farrachi, La Société cancérigène : lutte‐t‐on vraiment contre le cancer ?8.

Nous allons évoquer ici les principaux et surtout ceux que l’on peut influencer efficacement.


Dr Alain Dumas / Dr Eric Ménat

  

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