Le cancer est une maladie très particulière. Même si des causes extérieures en favorisent le développement, le cancer reste une maladie que le corps va fabriquer.
Ici, les causes apparaissent multiples, complexes. Elles entraînent des mutations des cellules qui deviennent immortelles et vont se développer à l’infini. Il faut savoir que notre organisme est en mesure de lutter contre des cellules qui mutent. Notre système immunitaire sait reconnaître ces cellules anormales et les détruire. D’ailleurs, nous fabriquons tous, régulièrement, des cellules potentiellement cancéreuses que notre système immunitaire élimine au fur et à mesure.
Le cancer va se développer s’il y a un déséquilibre entre les deux phénomènes : apparition trop fréquente de mutations cancéreuses et un système immunitaire trop tolérant (c’est-à-dire qu’il ne reconnaît pas les cellules comme cancéreuses et ne les élimine pas comme il devrait) ou anergique (le système immunitaire est affaibli, incapable de lutter contre les cellules anormales).
Ce déséquilibre entre production de cellules cancéreuses et insuffisance des moyens de défense peut avoir de nombreuses causes. La génétique, des carences, des contacts avec des produits cancérigènes (appelés aussi mutagènes), des facteurs émotionnels et bien d’autres.
NOTIONS GÉNÉRALES SUR LE CANCER
UNE ÉPIDÉMIE GALOPANTE
Avant de détailler les différents cancers, évoquons son épidémiologie, c’est-à-dire sa fréquence et les facteurs qui influencent son apparition.
Sans être médecin ou scientifique, on peut observer ou lire chaque jour à quel point le nombre de cancers augmente et touche des personnes de plus en plus jeunes.
Ainsi, l’âge moyen d’apparition du cancer du sein ne cesse de baisser et il est malheureusement de plus en plus fréquent de diagnostiquer cette maladie chez des jeunes femmes de moins de 40 ans.
En France, le cancer est devenu la première cause de mortalité chez l’homme depuis 1989 avec 34 % des décès. Chez les femmes, il reste en deuxième position (après la mortalité cardio-vasculaire) avec 24 % des causes de décès, mais ce chiffre est en constante augmentation à cause du tabagisme, de l’obésité et des cancers hormonaux-dépendants très liés à l’environnement.
Le cancer représente globalement un tiers des décès en France, soit environ 150 000 morts par an.
Ces chiffres alarmants doivent nous inciter à intensifier la lutte, mais surtout la prévention contre cette maladie qui touche toutes les familles.
Vous lirez que les taux de mortalité commencent à se stabiliser en France. Ce serait encourageant si c’était lié à la baisse du nombre de cas, mais ces « bons » résultats apparents sont plus liés à un dépistage plus précoce qu’à des traitements mieux maîtrisés.
En effet, beaucoup d’efforts sont faits pour dépister le cancer et lutter contre la maladie. Mais si vous réfléchissez bien, les centaines de millions investis dans ces campagnes de dépistages ne feront jamais baisser le nombre de malades. Au contraire ! Le dépistage permet de découvrir plus de malades et entraîne même un surdiagnostic très critiqué actuellement sur le dépistage.
Seul un véritable investissement dans la prévention pourrait faire baisser l’incidence du cancer ! Mais la prévention a toujours été le parent pauvre de la santé. Prévenir des maladies, c’est aussi réduire les dépenses de santé : moins de malades, moins de médicaments, moins de consultations et donc moins de bénéfices pour tous les acteurs du système. Pourtant, notre système de sécurité sociale en aurait bien besoin !
Cette réflexion peut paraître cynique ou tout au moins perturbante, mais elle est bien réelle et doit être prise en compte pour comprendre que le principal acteur d’une démarche de prévention, c’est vous, l’usager de la santé, le malade en puissance.
AVANT TOUT COMPRENDRE LE DÉVELOPPEMENT DU CANCER
Dans ce domaine, il y a ce que l’on sait et ce que l’on suppose. Pour qu’une cellule devienne cancéreuse, il faut qu’elle subisse des mutations qui lui donnent des propriétés particulières :
` Une immortalité.
` La faculté de se multiplier sans limites, créant ainsi des tumeurs qui envahissent les tissus contigus et qui créent des métastases.
` Des capacités à se cacher du système immunitaire.
` Des tendances à muter à nouveau pour mieux survivre en
trompant nos moyens de défense.
` Une modification de son métabolisme énergétique et du fonctionnement mitochondrial qui font que la cellule cancé- reuse se « nourrit » avant tout de la fermentation des sucres. Pour plus de détails sur cette particularité du cancer.
Initialement, les mutations cellulaires sont un phénomène normal qui augmente avec le vieillissement. Mais le nombre, la fréquence des mutations peuvent être bien plus importants en fonction de certains facteurs extérieurs comme des virus ou encore une imprégnation hormonale excessive et surtout des sources d’inflammation chronique comme le tabac, certaines molécules toxiques (dérivés du pétrole, produits carbonés, aliments cuits à haute température, pesticides, microparticules...) ou encore des irradiations (soleil, radioactivité, ondes électromagnétiques...).
Une fois ces cellules cancéreuses apparues, notre système immunitaire est censé être capable de les reconnaître et de les détruire. Il est d’ailleurs prouvé que nous fabriquons tous des cellules potentiellement cancéreuses régulièrement et nous les détruisons tout aussi régulièrement avant qu’elles ne se développent.
Une étude américaine a ainsi retrouvé des cellules cancéreuses dans la prostate d’un tiers des hommes âgés de moins de 80 ans et deux tiers de ceux de plus de 80 ans. Les mêmes conclusions ont été rapportées au Japon où l’on trouve souvent des cellules cancéreuses dans les analyses de la prostate alors que seuls 10 % des hommes feront au final un « vrai » cancer de la prostate symptomatique4. Ce qui prouve bien que, dans la majorité des cas, notre organisme est capable d’éliminer, voire de tolérer ces cellules anormales. Jusqu’au jour où le système se dérègle !
Pour des raisons multiples qui impliquent l’environnement, mais aussi les facteurs émotionnels, l’organisme et en particulier le système immunitaire vont laisser ces cellules se multiplier, s’organiser pour créer une véritable tumeur.
INITIATION, PROMOTION, PROGRESSION
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le phénomène de mutation à l’origine d’un cancer peut être assez ancien.
On dit que l’INITIATION du cancer, la première étape qui va faire le lit de la maladie, peut intervenir entre cinq et vingt ans avant l’apparition de la tumeur proprement dite.
Des phénomènes inflammatoires, des produits cancérigènes vont favoriser l’apparition d’une mutation cancéreuse dans une cellule. Parfois, notre système immunitaire va empêcher cette cellule de se développer, mais ne va pas la tuer. Comme si elle était endormie, cette cellule va rester quiescente dans un de nos organes. Parfois elle finit par mourir ou être détruite, mais quelquefois, à cause d’autres facteurs et en particulier d’un gros stress ou d’une autre maladie intercurrente, elle va pouvoir se multiplier en profitant d’une baisse de la vigilance du système immunitaire.
C’est alors qu’on parle de la PROMOTION du cancer. Ce phénomène intervient en général trois à dix ans avant le diagnostic (et parfois plus encore), car il va falloir encore du temps pour que la tumeur devienne visible. Ce temps est variable et dépend encore une fois de nos capacités de défense.
Quand ces dernières sont « à plat », le cancer peut évoluer encore plus vite et passer plus rapidement au stade de « PROGRESSION » où la tumeur apparaît et va commencer à donner des symptômes, envahir l’organe malade, puis donner des métastases.
Aux stades d’initiation et de promotion, les cellules cancéreuses n’entraînent aucun symptôme, aucun signe spécifique qui permettrait d’en faire le diagnostic. À ce stade, on pense que l’organisme peut encore reprendre le dessus et détruire ou tout au moins empêcher le développement de ces cellules.
Une fois atteint le stade de progression, il n’existe pratiquement aucune chance que la maladie régresse d’elle-même ou que notre organisme puisse la supprimer seul. Il faudra obligatoirement l’aide d’un traitement approprié.
C’est pourquoi une action de prévention active doit être menée tout au long de sa vie, car c’est réellement par ces démarches qu’on peut aider le corps à lutter contre des cellules anormales tant qu’elles ne sont pas organisées en tumeur cancéreuse.
Et inversement, c’est parce que rien n’est fait pour cette prévention et parce qu’un phénomène brutal (stress, maladie...) intervient au mauvais moment qu’un cancer latent peut se mettre à « flamber ».
Dr Alain Dumas / Dr Eric Ménat
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