
(Nutricosmétique verte, réglementation, preuves cliniques et tendances marché)
Les compléments alimentaires dits « cosmétiques » – ou nutricosmétiques – visent l’apparence (peau, cheveux, ongles) plutôt qu’un bénéfice strictement nutritionnel. Lorsqu’ils sont certifiés biologiques, ils doivent en plus respecter le règlement (UE) 2018/848 sur l’agriculture bio : matières premières végétales issues d’exploitations certifiées, absence d’OGM, procédés doux et listes additives très restreintes. Pour certains nutriments (vitamines, minéraux, acides aminés), l’ajout est même interdit dans un produit bio depuis 2024, sauf obligation juridique spécifique, ce qui pousse les marques à recourir à des sources naturellement riches (poudre d’acérola pour la vitamine C, par exemple). RNI Consulting
En Europe, tout complément alimentaire relève de la directive 2002/46/CE. Ses promesses publicitaires sont contrôlées par le règlement (CE) 1924/2006 : seules les allégations de santé autorisées par l’EFSA peuvent figurer sur l’étiquette ou le site web. En France, la DGCCRF vérifie ces déclarations et peut sanctionner les marques en infraction. Ministère de l'Économie
Parallèlement, l’ANSES surveille les effets indésirables via la nutrivigilance ; 38 signalements liés à la plante Garcinia cambogia ont, par exemple, été enregistrés entre 2009 et mars 2024, avec des atteintes hépatiques, digestives ou cardiaques, rappelant que « naturel » ne rime pas toujours avec « inoffensif ». Anses
Pour les compléments à visée beauté, deux niveaux de labellisation se croisent :
Eurofeuille / Label AB – obligatoire dès qu’un produit revendique le terme « bio ».
Ecocert / COSMOS Organic – référentiels privés nés de la cosmétique, de plus en plus adoptés par les nutricosmétiques ; ils exigent 95 % de végétaux bio et audite aussi l’écoconception du pack. Ecocert
Cette double certification rassure un public français qui place le critère « naturel » en tête de ses motivations d’achat (53 % citent la mention bio comme élément décisif). Le Progrès
Collagène – Les dernières méta-analyses intègrent 23 essais contrôlés randomisés (1 474 participants) ; la supplémentation améliore de façon statistiquement significative l’hydratation, l’élasticité et la densité cutanée, sans effets secondaires majeurs rapportés. American Journal of Medicine
Acide hyaluronique – Un essai en double-aveugle chez 129 femmes montre une hausse de l’hydratation dès deux semaines, un teint plus lumineux après huit semaines et un épaississement épidermique à douze semaines. PMC
Antioxydants végétaux (polyphénols de thé vert, resvératrol de vigne, caroténoïdes d’algue) et micronutriments (biotine, zinc) complètent souvent la formule ; leur intérêt dépend du statut nutritionnel initial, d’où l’importance d’éviter le surdosage en parallèle d’une alimentation enrichie.
Portée par la quête de santé holistique, la catégorie « beauté in & out » affiche encore une croissance robuste en 2025, malgré la pression inflationniste. Les formats plaisirs (gummies, poudres à smoothie) se multiplient ; à Paris, le « 48 Collagen Café » propose mochis à la spiruline et lattés au collagène marin, symbole d’une consommation sensorielle assumée.
La demande de formules végétales s’accélère : le marché européen du collagène vegan progresse à un TCAC de 27,7 % et devrait dépasser 1,1 milliard USD d’ici 2030, avec des déclinaisons certifiées bio qui éliminent totalement les sources animales. Data
Traçabilité : préférer les marques divulguant l’origine géographique, le procédé d’extraction et les analyses de contaminants (métaux lourds, solvants).
Dose clinique : vérifier que la quantité d’actif correspond aux posologies étudiées (2,5–10 g/j de peptides de collagène, 100–200 mg/j d’acide hyaluronique dans les essais positifs).
Interaction médicamenteuse : demandez conseil en cas de prise simultanée d’anticoagulants, de traitements thyroïdiens ou lors de la grossesse.
Effets cumulés : l’ANSES recense jusqu’à quinze compléments consommés en parallèle chez certains utilisateurs ; vous exposer à un dépassement des limites de sécurité n’améliore pas le résultat esthétique.
Les prochaines innovations combinent prébiotiques, post-biotiques et extraits up-cyclés (pépin de raisin, marc de pomme) pour cibler l’axe intestin-peau, tout en réduisant l’empreinte carbone. Le packaging se convertit aux piluliers compostables ou aux recharges de poudre en vrac. Enfin, l’IA nutritionnelle permet déjà de proposer des dosettes sur-mesure, ajustées à l’analyse de microbiote et au phototype cutané ; un service que les laboratoires entendent rendre 100 % traçable et certifiable d’ici 2027.
À retenir : un complément alimentaire bio dédié à la beauté doit cumuler – et prouver – trois qualités : formulation evidence-based, conformité règlementaire stricte et sourcing certifié. En gardant ces repères, le consommateur peut profiter de la nutricosmétique comme d’un « soin interne » réellement cohérent avec ses valeurs écologiques et son objectif de peau saine.